Une bande dessinée se met À la recherche de Gil Scott-Heron. Signée par Sébastien Piquet et Thomas Mauceri et parue chez Les Arènes, plus de 228 pages à savourer en musique, celle du légendaire Gil Scott-Heron.

« Pendant des années, j’ai redouté le coup de téléphone d’un inconnu sorti de nulle part m’annonçant que Gil Scott-Heron était mort. Ce coup de fil, je l’ai reçu vendredi dernier. Le numéro de Gil s’est affiché sur mon téléphone. Mais ça n’était pas Gil qui appelait. »

Gil Scott-Heron avec un ghettoblaster sur l’épaule dans le film Black Wax (Robert Mugge, 1983). Clin d’œil au sous-titre et au surnom « Le Parrain du rap » qui lui fut donné, mais qu’il n’aimait guère, analysant l’évolution du hip-hop avec sévérité.

Deux ans après l’ouvrage A new black poet, livre hommage paru en 2020 chez Evidence Editions, c’est cette année un roman graphique qui met l’artiste Gil Scott-Heron (1949-2011) à l’honneur. Mais ce dernier, paru chez Les Arènes, est loin d’être une biographie illustrée chronologique (et nous avons envie de dire tant mieux, car parfois le résultat tombe à côté de la platine). L’histoire derrière la construction du livre relève presque du scénario improbable, ajoutant une sorte d’aura à cette aventure relatée par Thomas Mauceri. L’auteur cherche depuis plusieurs années à rencontrer le musicien, pour un projet de film en lien avec la société rennaise Vivement lundi !. Découvrant la musique du « new black poet » lors de ses études de cinéma aux États-Unis, Thomas Mauceri enchaîne les tentatives infructueuses. C’est en partie cette aventure-là qui occupe le cœur du livre, mettant la société américaine des années 2000 en toile de fond.

La rencontre a failli avoir lieu, le 27 mai 2011. Le jour de la mort de Gil Scott-Heron dans un hôpital new-yorkais. Et c’est par là que démarre le récit, bousculant d’emblée l’approche chronologique. Vont alors s’entremêler deux vies, usant de flash-back, de pages liées à un titre de Gil, éclairant les questions sociétales et notamment la lutte pour la cause noire américaine que l’artiste a porté haut à travers sa musique et ses textes. Nous marchons alors dans cette recherche, laissant une part de mystère sans jamais véritablement approcher l’artiste, revisitant sa discographie, le tout porté par le dessin de Sébastien Piquet. En résulte une BD documentaire, entre fascination du « mythe » et autobiographie de l’auteur du livre, oscillant entre passé et monde contemporain. Une réussite sur plus de 200 pages, qui mêle musique, politique et poésie. L’occasion de (ré)réécouter « Me and the devil », extrait de son tout dernier album I’m new here paru un an avant son décès.