Sable blanc et Chants fragiles : poésie chez l’Œuf

Sable blanc de Adley est une nouveauté BD du printemps 2017 des éditions L’Œuf qui partage avec l’album paru en 2016 Chants Fragiles de Baudoin et Montanaro une tonalité poétique et contemplative.

 


Sable blanc


 

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Rêverie méditative sur la mer. Une jeune femme s’installe à Wissant, petite ville en bord de mer sur la côte d’Opale. Le paysage singulier l’attire, et elle décide d’habiter un des blockhaus en train de s’effondrer dans la mer, d’en faire un temple, un sanctuaire. La ville de Wissant existe réellement, mais ici c’est d’une ville fantasmée qu’il s’agit, une promenade chamanique ambitionnant de réinventer une mythologie contemporaine. Petit à petit, la narratrice va à la rencontre les habitants du lieu, Nan, José, Mathieu… tous avec leur histoire viendront enrichir son expérience de ce lieu si puissant. Leurs solitudes se conjuguent et ils communient dans la création d’un rituel animiste.

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Les textes poétiques et introspectifs accompagnent des dessins figuratifs à l’encre rouge dont la sensibilité charnelle contraste avec des illustrations aux traits noirs et plus austères, révélant les différentes textures marines. C’est comme si deux mondes se côtoyaient, l’homme et ses émotions face à l’océan, l’infini et l’incompréhensible.

« Aucun homme ne peut comprendre comment tu penses. C’est un langage qui est étranger à tout ce que je connais »

Poème sur le grand tout, la mer, à la fois généreuse et tragique qui donne et prend, fait vivre et mourir. Adley insiste sur le fait qu’elle est au-delà de l’humain, c’est une force qui va dans une touchante indifférente à notre égard.

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On pense au film Stalker de Tarkovsky pour les paysages aquatiques nimbés de recherche mystique, mais aussi à la chanson « Sea Song » de Robert Wyatt qui exalte la même danse amoureuse autour de la mer, ce rapport à la fois mélancolique et dérangeant, abritant en lui une certaine violence.

La rencontre avec l’immensité est le moment propice à tous les changements…

Le blog d’Adley // « Sea Song » de Robert Wyatt

 


Chants Fragiles


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« dans la conscience partagée

d’un sexe unique où se baigner

l’immensité d’un champ de blé

une aube rouge sur les épis

d’où nous étions mon bel amour »

On savait le dessinateur Baudoin prolifique et talentueux en bd, peinture et danse contemporaine. C’est ici à une nouvelle expérimentation qu’il se livre avec des poèmes écrits et illustrés par ses soins, mis en musique par le poète et musicien provençal Miqueù Montanaro. En écoutant le cd qui accompagne l’album on découvre la voix chaude de Baudoin qui nous entraîne dans des histoires intimes, parfois ironiques et souvent sexy.

Chants fragiles comme l’amour, le cul, le travail, la vie… Il y a une forme de mélancolie face à la fugacité de l’instant qui se dégage des textes et des dessins, du trait à l’encre noir de Baudoin, vif, libre et charbonneux.

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Ce livre est aussi une ode à l’amitié, celle qui l’unit depuis de longues années à Miqueù Montanaro. avec lequel il partage ses expériences personnelles, discutant sans fin de leurs aventures amoureuses… on savoure leur dialogue, la réunion de leurs univers et c’est très plaisant, comme un intermède lyrique pour écouter le monde autrement.

Extrait voix et musique :

<https://soundcloud.com/ours-music/les-arbres>

 

Sable blanc de Adley, éditions L’Œuf, paru le 28 avril 2017, 15 euros.

Chants fragiles, textes et dessins de Baudoin, Musique de Montanaro, éditions L’Œuf, coproduction Ours Music, paru le 9 juin 2016, 16 euros.

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