Après Rouge Pute, Perrine Le Querrec poursuit son écriture porte-voix des épouses, mères, compagnes fauchées par les violences conjugales. À la faveur de courts poèmes en prose, la poétesse rend la parole aux victimes du crime patriarcal derrière les murs des foyers. Les Alouettes, un livre témoignage tragique et salvateur pour libérer les femmes aux ailes mutilées et au bec cloué.
Restitution. Six femmes. Six rescapées. Six survivantes. Six alouettes. Perrine Le Querrec a écouté pendant plusieurs semaines six victimes des violences conjugales. La poétesse a écouté leurs récits de cassure. De rupture. Les mots des mortes de peau. Elle restitue la terreur de leur mémoire. Elle restitue la destruction les humiliations les insultes. Elle restitue les tortures sexuelles physiques psychologiques. Elle restitue pour dénouer les sanglots. Des jours qui ne comptent pas. Des jours inacceptables. Des jours d’oiseaux naufragées.
Combien ?
La force des mots qui sont les miens, traduits sous une forme qui les rendent universels. C’est moi oui. Mais il n’est plus question de moi. Il est question, de moi, de toi, d’elle, de chacune qui a pu vivre des choses inacceptables.
Reconstruction. Écrire pour dynamiter le cadenas du silence. Écrire pour briser la douleur muette. Les femmes parlent. Perrine Le Querrec écrit. Leurs confidences. Leurs expressions. Leur vocabulaire. L’écriture pour conjurer le renoncement. L’écriture croit. L’écriture entend. L’écriture délivre. L’écriture porte-voix des traumatismes. Perrine Le Querrec porte la voix des femmes fauchées à bout de mots. La voix des femmes à bout. Celles qui. Viol. Coups. Massacre. Dans leur chair. Prennent cher. Celles qui. Peurs humiliations violence. Les mots qui disent. Poème années blanches. Prose armes blanches. Poème prose larmes blanches. Touchées. Pas coulées.
Parce que l’écriture plus puissante que les poings des bourreaux.
Perrine Le Querrec écrit pour elles
elle écrit pour que la musique revienne
que les Alouettes retrouvent des plumes, des ailes et un bec
Et la VIE. Et la VIE. Et la VIE.
Comment craindre ? un danger dissimulé sous tant de bonnes manières
Comment supporter ? une vie cadenassée par tant de surveillance
Comment devenir ? ensevelie sous tant d’humiliations
Comment survivre ?
Échapper
Au prix de quelle déflagration
de quelle déchéance
De quelles insultes
Au prix de ma vie