En 2019, l’autrice, compositrice, interprète Mathilde Forget sort son premier roman À la demande d’un tiers (éditions Grasset). Un opus étincelant au ton décalé. Sur fond de maladie mentale, de disparitions d’êtres chers et de souvenirs d’enfance doux-amers. Dans une famille qui sait tout mais ne dit rien.
Après l’internement de sa sœur en hôpital psychiatrique, la narratrice part à la recherche de renseignements médicaux sur sa mère qui a sauté de la plus haute tour du château. Une narratrice qui prend soin de ses peurs, notamment de son attraction-répulsion pour les requins. Avec des pensées autrement. Des abeilles qui s’appellent Murielle. Un coussin rayé rose qui s’appelle Alfred. Un père qu’elle appelle Victor parce que « Papa et maman sont un stratagème pour exclure les enfants des conversations ». Une meilleure amie fille unique qui s’appelle Joséphine, à qui elle apprend le partage. Une amoureuse perdue qu’elle nomme « la fille avec qui je veux vieillir ». Et Suzanne, une sœur de trois ans son aînée, qui représente le meilleur choix à faire, qui représente tout.
Dans les couloirs, il y a ceux qui parlent tout seuls, ceux qui ne parlent pas et ceux qui parlent tout seuls sans que cela se voient car ils ne sont pas seuls. J’apprécie leur compagnie. Avec eux, j’ai toujours l’impression d’avoir de la conversation. Impression que je connais peu. Avoir un avis à donner, une chose à dire, me demande un temps si long qu’il fait de moi une personne peu bavarde.
La folie n’est pas donnée à tout le monde. Pourtant j’avais essayé de toutes mes forces. C’était après avoir passé plusieurs heures à répéter, Bambi est un connard, Bambi est un connard, Bambi est un connard… effondrée sur le carrelage trop propre de ma cuisine.