Jukebox #13 : la sélection fleurie

Le printemps est bel et bien là ; parmi les fleurs de saison, quoi de mieux qu’un peu de musique ? Chanson, folk, ou explorations sauvages : voilà le jukebox d’avril-mai, qui tourne principalement autour des mots ! Bonnes écoutes !

 

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Mina Sang – Dans la nuit


 

On avait déjà bien repéré Mina Sang l’an dernier avec sa reprise du texte de Bertold Brecht « À ceux qui viendront après nous » ; un amour pour d’autres textes qu’elle signe en présentant aussi la mise en musique d’« Annabel Lee », dernier poème d’Edgar Allan Poe, ou de « La jeune fille » de Baudelaire. Des titres rassemblés avec d’autres pour un premier album complet intitulé Dans la nuit. Un album qui pioche autant dans la poésie nostalgique que dans les rythmes synth-pop-wave. Qu’il s’agisse d’une ode au « Sabotage » ou de sautiller « Dans les bras du monde », la voix légère de Mina Sang (parfois presque enfantine) se faufile dans des atmosphères teintées de fête et de désespoir. Comme des sursauts de vie dans un monde qui « se rétrécit ». Avec un coup de cœur pour le titre « Devant le grand miroir glacé » qui file quelques frissons sonores.

11 titres – 28 mai 2021


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MØSI – Noble dans la défaite


 

L’album des Bretons MØSI est un cri ; celui de ceux qui ont peur « que l’histoire se répète » et qui le hurlent sur le son saturé du titre introductif « Sol ». Se définissant comme « Post/Alternatif/Truc sans complaisance », le duo enchaîne les textes aussi joyeux que ce contexte : « Sous la pluie, les Deux-Sèvres ». Picotements de cordes électriques, glissement de basse, ambiances aussi post-rock que teintées de metal, la voix écorchée vient se poser sur des nappes sonores, aux riffs parfois lancinants, comme sur « Le temps où les arbres étaient vivants », dont voilà le clip ci-dessous (et dont les Rennais reconnaitront le décor).

7 titres – 7 mai 2021 – Terre ferme / Vlad Productions


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Delgres – 4:00 AM


 

La planète brûle et le trio Delgres en met le feu au réveil qui sonne un peu tôt : à 4:00 AM pour être exacts. Enregistré quasiment en live, il y a une sorte d’urgence dans le storytelling de Pascal Danae. Dans la musique qui semble s’étendre des Antilles à la Nouvelle-Orléans, qui appuie son blues par les guitares et sa fanfare de brass-band au soubassophone ; du lumineux « Assez assez » à la ballade « Ke Aw » jusqu’à la danse de « Lese mwen ale », difficile de ne pas de laisser embra(s)ser. Trois ans après Mo Jodi qui nous avait conquis sur scène, Delgres persiste et signe à enflammer ses compositions de cuivres noircis au charbon de la vie.

9 avril 2021 – Pias


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Katel – Mutants merveilles


 

C’est un disque de chansons, parfumées aussi bien au groove qu’à la pop, un quatrième album voyageur dans ses ambiances et ses thématiques ; Katel y aborde la violence sur les corps qui manifestent avec « Sauf qu’on l’arrête », titre qui ouvre le bal sur des rythmes trip-hop. Reprenant le « Attends ou va-t’en » de France Gall, décorant son « Rosechou » d’ambiance sixties, colorant « Je t’aime déjà » des multiples teintes de l’amour et de sons empruntés au maloya, Katel va au gré de ses humeurs dans les contrastes, et plonge donc dans d’autres atmosphères sur la seconde partie du disque. Une variété exigeante pour des mutations qui savent émerveiller l’oreille et mêler l’intime au politique.

11 titres – 30 avril 2021


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Mansfield Tya – Monument ordinaire


 

Nous n’avions pas eu le temps de nous pencher sur le dernier album du duo Mansfield Tya paru début février. C’est chose faite, et leur Monument ordinaire brille de noirceur, cinq ans après Corpo inferno. Julia Lanoë (aka Rebeka Warrior au sein de Kompromat et Sexy Sushi) et Carla Pallone reviennent ici avec leur univers dark, plongeant dans une wave-synth-chanson française où l’hypnose rythmique est bien souvent reine, comme sur « Ni morte ni connue » ; on retrouvera l’esthétique des voix dépouillées et des notes de violons dans « Le parfum des vautours ». Invitant Fanxoa des Bérurier Noir ou Odezenne sur deux titres, le duo Mansfield Tya n’a pas fini d’explorer les univers sonores, en bordure d’un Styx aux ambiances de dancefloor.

12 titres – 7 février 2021


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It It Anita – Sauvé


 

Le confinement vous a gonflé ? Vous ne trouvez pas de place à votre terrasse favorite ? Réjouissez-vous avec le rock fiévreux des Belges d’It It Anita et leur dernier album Sauvé : une échappée toute en tensions et en ruptures qui annonce la couleur de manière frontale avec les deux premiers titres, « Ghost » et le rageur « Sermonizer ». Avant de dérouler toute leur puissance avec « See trough » qui sait distendre rythme et volume dans une ambiance aussi oppressante que fascinante. Effectuant plusieurs virages surprenants où les dissonances se marient à des élans féroces jusqu’au final 53, le quatuor liégeois signe ici un grand album dont on aurait tort de se priver.

2 avril 2021 – 10 titres – Vicious circle


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Frànçois & the Atlas Mountains – Banane bleue


 

Voyage aussi pop qu’onirique, le 7ᵉ opus de Frànçois & the Atlas Mountains curieusement intitulé Banane bleue sautille de nuages en amours déchues, de promenades urbaines en douce nostalgie comme sur « Par le passé » ; ici les souvenirs sont teintés d’un peu de sucre-glace, la mémoire réchauffe plus souvent qu’elle ne pique. Musique délicate, parfois semblant s’échapper d’un poste-radio comme les voix de « Holly Golightly », les ambiances souvent dansantes ne marchent pas pour autant sur la voix de Frànçois qui alterne aussi bien l’anglais que le français. Une Banane bleue qui se déguste comme un baiser en cerf-volant.

10 titres – 26 février 2021 – Domino recording


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Sourdure - De Mòrt Viva


 

Certains auront découvert Sourdure pour la bande originale du (très chouette) film Debout sur la montagne, d’autres lors d’une virée en Auvergne : qu’importe, Ernest Bergez poursuit son laboratoire folk-occitano-expérimental, ici accompagné d’autres musiciens peu communs : au cornet à bouquin, à la cabrette, à la vielle à roue. Un pied donc dans les traditions du Massif central, l’autre dans le bidouillage électronique subtil : Sourdure serait à ne surtout pas ranger dans une case, et laisser la transe faire son œuvre dans cet album construit comme un tarot inventé. Une musique aussi hybride qu’aux racines monolithiques ; contemporaine et parsemée de légendes oubliées. Brillant comme un carnaval de montagne.

10 titres – 2 avril 2021  – Les Disques du Festival Permanent / Pagans / Murailles Music


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Vince Lahay – Spring is on the ride


 

Le deuxième album de Vince Lahay est une promenade à la lisière des saisons, où les cordes de la guitare se font autant bruissement d’insectes que tapis de feuilles mortes : le printemps arrive et la fragilité de ce qui éclot tremble doucement. Des montées en puissance comme sur « Go find someone else » à des aspects presque symphoniques, la musique de Vince Lahay part d’une folk simple qui s’habille au fur et à mesure, de voix chorales et d’appuis rythmiques comme les touches de violon sur « Sober night ». Délicatesse des voix et des cordes, touches poétiques et envols oniriques, cet opus est un chemin à découvrir en planant avec les oiseaux, et dans des parfums boisés.

20 avril 2021 – 11 titres


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Bertrand Betsch – Demande à la poussière + Orange bleue amère


 

Avec seize albums au compteur, on n’arrête pas le poète Bertrand Betsch dans sa mélancolie. Demande à la poussière et Orange bleue amère forment un diptyque qui n’échappe pas à la règle, avec des fêlures qui laissent passer la lumière, de ces ambiances nostalgiques qu’elles feraient pleurer les cailloux, parce que « Vivre c’est commencer de mourir » chante-t-il sur le superbe titre qui démarre Orange bleue amère. Huit titre pour chaque opus, des chansons qui ont « de la neige au fond des yeux », un ton aussi désabusé que la boite à rythmes rebondit sur le clavier de « La chanson des pourquoi ». À écouter pour un printemps en clair-obscur.

19 & 26 mars 2021 – Microcultures


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Colin Chloé - Où l’eau te mène


 

« Je m’aménage un lieu // Avec ce paysage » : le Brestois d’adoption Colin Chloé dessine le sien avec son troisième album Où l’eau te mène, dont ce petit morceau textuel est l’adaptation d’un texte de Guillevic. Attaché à la Bretagne pour laquelle il évoque Ouessant et malgré son goût pour les « Racines », il s’agit de s’intéresser au mouvement, même s’il doit s’agir de celui du granit ; de chercher là où le rock s’infiltre sans s’attacher à ses étiquettes ; de marquer les traces de son passage, de sa recherche, refusant de s’enfermer dans des espaces trop petits. Ici les racines palpitent autant que les guitares ; et l’eau suit son cours pour transporter les mots.  

10 titres – 26 mars 2021 – Hasta Luego / Believe

 


Le clip : Ulysse Mars


Pour clôturer ce Jukebox, une dernière chanson avec le clip du Rennais Ulysse Mars : « Un jour (je vais monter là-haut) ».

 

2 comments

  1. Fanzy /

    Bonjour à tous!

    Je tenais à vous féliciter pour votre site qui est extra, j’ai fait la découverte d’artistes que j’aime beaucoup grâce à vous et je vous en remercie! Dommage que je ne sois pas à Rennes pour profiter de votre planning concert.

    Je vous souhaite une bonne continuation et de belles rencontres musicales et artistiques.

    Bel été!

    Bien à vous,

    Fanzy (dép. 83)

    • Bonjour Fanzy ! Merci pour ce retour enthousiaste (qui fait du bien en ces temps culturels bien étranges) et nous sommes vraiment ravi·e·s d’être lu dans le 83, et de faire découvrir des artistes ! Bonne continuation et belle semaine !

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