Le printemps est là, accompagnons-le en musique : promenades en chansons, accordéon survitaminé, rock abrasif, tous les goûts sont dans la nature des disques en fleurs. Bonnes écoutes dans ce Jukebox n° 12 !

Dubamix – Communardes communards

Il était improbable que Dubamix, spécialisé dans le dub et sampling militant, ne sorte rien pour les 150 ans de la Commune. Un an après Camarades, voilà donc Communardes communards qui invite sur 4 titres différents artistes (L1consolable, Fred Alpi, Marina P pour ne citer qu’eux). Un projet autoproduit et dans la logique, disponible gratuitement pour tout·e·s. À écouter haut et fort, et au-delà du 28 mai. Nous reviendrons sous peu dans nos pages pour une sélection thématique.

4 titres – 18 mars 2021

Mat El Saïd – Zieda

Des violons orientaux, un clavier hypnotique, un refrain vocal qui passe furtivement ; c’est en l’occurrence la voix de Warda (chanteuse algérienne) et son titre « Khalik hena » sur le 1ᵉʳ titre logiquement intitulé « El Warda ». Le tout accompagné d’un gros travail d’électro. Mat El Saïd (qui officie du côté de Tours) sortait au début du mois un premier EP de 5 titres qui nous téléporte sur « Radio Nasser » : une bande son faite d’un savant mélange entre samples de musiques du Maghreb, touches dub et rythmes de transe. C’est intelligent, bien produit, et ça fait du bien à l’esprit et aux guibolles. Que demander de plus ?

1ᵉʳ mars 2021 – 5 titres

Syrano – Du goudron et des plumes

Le chanteur/slameur/rappeur Syrano qui a démarré sa carrière avec les mots depuis son 1ᵉʳ album solo Musiques de chambre (2006) revenait ce mois-ci avec Du goudron et des plumes. Et si dans le passé il s’agissait d’une méthode de torture, elle ne sera pas ici auditive ; l’artiste entoure ses textes de compositions parfois légères comme « L’Écorce des cerisiers », de notes d’accordéons en compagnie de La Rue Kétanou pour chanter la colère. Il s’entoure donc aussi d’autres artistes comme Florent Vintrigner, ou Loïc Lantoine (« Mortel ennui »), ou fait un clin d’œil à Serge Reggiani en écrivant son propre texte « Les loups sont entrés dans Paris ». Un album qui incite à « sortir du rang » comme il le slame avec des enfants sur « La Transhumance », et une réussite aussi bien textuelle que musicale ; pour retrouver une part d’enfance, et de sa rébellion spontanée.

19 février 2021 – 16 titres – Les doigts dans l’zen

De la crau – Temperi

C’est un album au moins aussi riche que le parcours du musicien Sam Karpienia (Dupain, Forabandit) ici accompagné par Manu Reymond (contrebasse) et Thomas Lippens (percussions). De la crau, c’est pour le nom de la plaine rocailleuse provençale presque triangulaire à l’est d’Arles ; et c’est là que le trio prend ses racines et son mistral musical. Un post-rock-folk souvent fiévreux, à la contrebasse qui vibre et aux éclats sonores qui ne laissent pas indemnes. Un titre coup de cœur ? « A l’esper ». Et le superbe clip de « Chaman » sur les photographies de Franck Pourcel.

19 février 2021 – 6 titres

Mustang – Memento mori

Le groupe Mustang crée une sorte rock grinçant, semi rock brillant semi dépressif, un savant mélange de guitares et de textes en français. Memento mori, « Souviens toi que tu vas mourir » donc, vaste programme. Ceux qui font rimer « Pole emploi » avec « Gueule de bois » saisissent en quelques titres une époque peut-être aussi bouillonnante que désabusée. Avec un phrasé et un timbre qui peut parfois rappeler Dominique A comme sur l’introduction de « Perdu mon temps », elle penche plus souvent du côté d’Elvis Presley. Mutations étranges pour un disque qui traverse la nuit (qui ne vaut donc pas bien cher) ; et contrairement à l’ode intitulé « Le vin », ce disque est à consommer sans modération.

10 titres – 19 mars 2021

Gabriel Saglio – Lua

Après 7 albums en compagnie des vieilles pies, Gabriel Saglio revient avec un album voyageur au titre en portugais, Lua (« la lune »). Une chanson métissée qui va du Cap-Vert à la Guinée-Bissau ; c’est donc bien souvent la danse qui mène le pas, comme avec les titres « Demain » ou « Boreal » où les claviers 70′s côtoient les boites à rythmes pour un titre instrumental aux belles variations. Gabriel Saglio sait aussi s’arrêter, pour respirer en « Intelligence », s’interroger sur « Ma terre » ou rester attentif à la mélancolie sur « Triste brève ». Parmi ses invités, Cyril Atef, Sekouba Bambino, ou encore l’Angolais Bonga, pour le titre qui donne son nom à l’album : Lua, qui brille fort.

5 mars 2021 – 10 titres – LVP

Turfu – Astrale Nouba

Bienvenue dans le Turfu et leur nouvel album Astrale Nouba ; ça démarre fort avec une session au « Poney club » où l’accordéon qui s’acoquine avec une rythmique pourrait bien finir en techno party. Ça guinche ensuite façon musique caribéenne avec « Fazer amor », ça se transforme en transe hypnotique sur « Try to tell me » (où les voix finissent elles-mêmes robotisées). Le duo Turfu (en réalité les musiciens Matthieu Souchet Raphaël Decoster cachés dans de drôles de costumes) serait-il une entité cosmique dont la mission serait de propager la fête ? C’est fort possible. Et même si les musiciens clôturent avec humour « Ça m’fait rien ton truc », leur musique, elle, rappelle que c’est une drogue à accoutumance dont la montée est puissante. L’apparition de lamas n’est par contre pas une hallucination.

19 mars 2021 – 8 titres

Ar Vro Bagan – War hent Youenn Gwernig

Beaucoup connaissent Jack Kerouac, moins nombreux sont ceux qui connaissent Youenn Gwernig, Breton émigré aux États-Unis en 1957 et qui fait la rencontre de l’écrivain. Rentré en France en 1969, il se consacre alors aux luttes sociales par le chant et l’écriture. C’est cette histoire que raconte War hent Youenn Gwernig (« Sur la route de Youenn Gwernig »), une pièce écrite par Goulc’han Kervella et portée par la compagnie Ar Vro Bagan. Un spectacle musical donc, où l’on retrouve entres autres les musiciens Tangi Le Gall-Carré et Erwan Moa, et dont est aujourd’hui issu ce disque. À écouter en attendant de pouvoir voir ce spectacle hommage sur scène…

5 mars 2021 – 12 titres – Paker prod

Lyor – Lettre au néant

Malgré l’intitulé de son EP, Lyor s’adresse en réalité aux vivants (comme le souligne cet entretien chez IHH magazine). En temps normal, nous chroniquons le rap dans une sélection qui lui est dédiée. Une fois n’est pas coutume… Lyor touche en plein dans l’hubris (« orgueil ») de ses contemporains, et constate avec amertume le marécage dans lequel nous pataugeons. Artiste au croisement du rap et du slam, Lyor signe un premier projet abouti qui donne surtout envie d’en écouter plus pour se nourrir sainement les oreilles.

26 mars 2021 – 5 titres

Seppuku

Cet excellent EP de rock shoegaze vient de Marseille (garanti sans accent sur la langue anglaise). Cinq titres (même chiffre pour les membres du groupe) pour planer, décoller « Far from them » sur un rock enivrant. Des aspects suaves, des teintes pop-mais-pas-trop, quelques touches discrètes de sonorités asiatiques planquées dans « The office » Seppuku (qui signifie la même chose que hara-kiri, à ne pas réaliser chez vous) délivre un premier projet alléchant que les amateurs ne manqueront pas de suivre.

31 mars 2021 – 5 titres – Simoiré disques