Premier roman de la rennaise Cécile Cayrel, La couleur de l’air a changé raconte une rupture ; puis un road-movie incertain, quasi initiatique. De l’Ille-et-Vilaine au Sud de la France.
Camille a 30 ans et se sépare de David (parce qu’un soir elle l’a trompé, et ça ne passe pas). Rupture violente, où elle se fait presque étrangler. Camille s’embarque avec Jen et Michel à bord d’un camion aménagé. Après une cuite à Saint-Malo, direction le Cantal chez « Mamie ». Promenades, potager, et temps suspendus où s’émaillent les souvenirs d’une relation auparavant rassurante, et d’un travail quitté précipitamment.
« Camille est paumée, mais loin de chez elle. Elle regarde ses problèmes par le trou de la serrure. Elle a appelé son travail, dès le lundi. Elle est tombée sur le répondeur. Depuis, son portable est éteint, alors elle ne sait pas par qui et combien de fois elle a été appelée. » (p. 87)
Camille s’interroge, sa situation rennaise revenant en filigrane tout comme les mentions de la ZAD pour les deux personnes qui l’accompagnent. Les phrases sont courtes, parfois presque lapidaires ; un ton qui n’empêche pas de vouloir suivre cette errance temporaire, sorte de remise en question et de réflexions qui ne sont pas entièrement dévoilées. Le récit se concentre sur les actes, les rencontres, les gestes simples. Une alternance de dialogues brefs et de descriptions des situations, qui au fil du texte, tracent un chemin, un peu sur le côté de ce qui, officiellement, devrait être la réussite d’une trentenaire. L’occasion d’observer dans ce 1er roman, comment, la couleur de l’air change. À chacun·e d’y choisir ses teintes.
La couleur de l’air a changé – Cécile Cayrel – Éditions Stock – 4 mars 2020 – 200 pages – 18 €.