La fille au bracelet, de Stéphane Demoustier

La fille au bracelet : un drame de Stéphane Demoustier sur l’innocence (qui se perd), la culpabilité (qui se prouve) et la liberté (qui se défend).

 

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Lise Bataille (Melissa Guers) et son avocate (Annie Mercier) vont devoir jouer serré pour déjouer les attaques de l’avocate générale (Anaïs Demoustier) qui semble avoir pris en grippe la personnalité et les mœurs de l’accusée.

Dans une grande et belle maison moderne aux volumes lumineux (signée de l’architecte nantais Yann Péron) vit, cloîtrée, dans l’attente de son procès, Lise Bataille (Melissa Guers). Elle est accusée d’avoir tué sa meilleure amie à coup de couteau – ce qui n’est pas une mince affaire. Elle porte donc un bracelet électronique à la cheville et n’a pas le droit de « dézoner ». Son père Bruno (Roschdy Zem) la coache pour qu’elle puisse faire valoir son innocence ; il a même arrêter de travailler. Sa mère Céline (Chiara Mastroianni) a du mal à encaisser la lourdeur du procès et des procédures – elle sait néanmoins se montrer digne et très éloquente aux moments opportuns. Son petit frère Jules quant à lui se demande s’il pourra récupérer la chambre de sa grande sœur si celle-ci va en prison. Face aux Bataille, une déléguée du procureur général de la République (Anaïs Demoustier) s’acharne sans vergogne sur l’accusée.

Le procès se tient dans ce bel et vaste bâtiment, signé Jean Nouvel, qu’est le palais de justice de Nantes. Lise est défendue par une avocate efficace à la voix rocailleuse et aux arguments en granit (Annie Mercier, qui nous avait déjà séduit dans Qu’un sang impur… d’Abdel Raouf Dafri, où elle campait la mère ultra-autoritaire d’un officier de l’armée française disparu dans les Aurès).

Tout l’enjeu de ce film est de connaître l’issue du procès. Lise sera-t-elle acquittée ? Sa chambre reviendra-t-elle ou non à Nathan ? On pense naturellement à La petite femelle de Philippe Jaenada qui retrace le procès de Pauline Dubuisson accusée d’avoir froidement éliminé son amant, Félix Bailly, ou à La serpe, du même Jaenada, qui revient sur l’affaire Henri Girard (alias Georges Arnaud, l’écrivain à qui on doit Le Salaire de la peur) qui fut défendu âprement par l’avocat Maurice Garçon et qui était accusé d’avoir massacré sa famille, à la serpe, dans le château familial – ce qui n’était pas non plus une mince charge. Avec ces deux ouvrages, historiques et documentés avec une minutie de fourmi, on disposait in fine des verdicts bien sûr, mais aussi d’une idée assez précise concernant le déroulement des faits. A contrario, La fille au bracelet de Stéphane Demoustier prend le parti de ne nous livrer que les audiences et le verdict qui s’ensuit. On reste donc sur sa faim, avec cette lancinante question : qui a donc tué, non pas Laura Palmer, mais Flora, la meilleure amie de Lise ? Et accessoirement ces questions restent elles aussi en suspens : comment la police fait-elle pour aussi mal ficeler ses enquêtes ? Et quel aurait été le design architectural du commissariat de police si Demoustier avait opté pour montrer celui-ci à l’écran ?

La fille au bracelet – Drame de Stéphane Demoustier – Avec Roschdy Zem, Chiara Mastroianni, Anaïs Demoustier, Melissa Guers, Annie Mercier… – Musique de Carla Pallone – D’après l’œuvre Acusada des Argentins Gonzalo Tobal et Ulises Porra (sorti le 10 juillet 2019) – Durée : 1h36 – Sortie le 12 février 2020.

3 comments

  1. André /

    Nathan n’est pas le petit frère, Nathan est le jeune homme témoin à qui « on a administré une fellation »

    • Cyrille Cléran /

      Merci mon cher André d’avoir relevé ces imprécisions – que notre service AMELO (Après-mise-en-ligne-optimisée) que la Terre entière nous envie s’est empressé de rectifier.

  2. André /

    Et c’est Demoustier et non Dumoustier.

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