Arm : un retour en mode Codé

9 titres à déchiffrer. Le nouvel album d’Arm intitulé Codé sort ce mois-ci. De quoi nourrir l’hiver, balayer les feuilles mortes, et tenter de comprendre un parcours fait de mots, de basses et de rêves. Le crépuscule est l’un des mots qui va le mieux avec l’écriture d’Arm. Et ce nouveau disque semble avoir été écrit à la tombée de la nuit.

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Après avoir arrêté l’aventure de Pyskick Lyrikah, collaboré avec TEPR pour Psaumes, voilà Arm à tous les étages de la confection : écriture, interprétation, production, beats. Commençons par le titre de l’album. « Codé ». Comme s’il s’agissait de livrer un message indéchiffrable, et ce serait cohérent pour quelqu’un qui écrit sur « des personnages flous à la trame illisible ». Arm a su, tout au long de sa carrière, conserver une écriture aussi imagée que floue, difficile à interpréter à chaque écoute, comme une poésie à décrypter. L’album s’ouvre sur le magistral « Collatéral ».

« Ira-t-on brûler l’horizon ? »

Déjà les questions fusent dans la pénombre d’un son aussi lourd que symphonique. Comme une ouverture de rideau faite en grande pompe, à grands renforts de sons électroniques, de claps et d’une voix doublée ; à nouveau les mêmes thèmes : l’écriture, la ville, la nuit, le vent. « Je suis de la race de ceux qui s’éteignent ». Arm ferait-il désormais dans la collapsologie ? Pas sûr. Pas avec le titre qui suit, « Deux », véritable déclaration d’amour, brûlante et bienveillante, un amour qui prend « le bleu au pied du jour ». Deux, chiffre pair comme fonctionne la composition musicale avec son texte. Un titre vibrant, qui pose « deux grands yeux noirs » sur le monde. Et le monde est complexe. « J’ai perdu ma route » écrit-il au début de « Persona » ; comme un écho au titre « Perdu » qui arrive un peu plus tard, mais beaucoup plus vindicatif, tout du moins dans le son. Parle-t-il des générations perdues dans le flou et évoquées dans « On a » ? Un titre dédié à ceux qui sont autant anonymes qu’un « point parmi la foule », ceux qui marchent seuls avec « le regard froid sur le perron ». Arm chante les étoiles face à une époque et une jeunesse désenchantées (mais elle n’a pas forcément dit son dernier mot).

Le Rennais Olivier Mellano s’est caché dans le clip « On a » tourné à domicile. Saurez-vous le retrouver ?

Le seul featuring de l’album est avec le rappeur Vîrus, invité sur « Cap gris ». Un croisement de mic peut-être dû au fait d’être dans la marge du rap français à beaucoup de niveaux. Ceux des mecs désabusés, ceux qui privilégient la poésie avant toute chose, puisque « l’étendard divise d’emblée ». Peut-être le même amour de la rime, quoi qu’elle ait à dire. Alors Arm tente, toujours au stylo, de franchir le cap de l’indicible. Celui qui existe depuis ses débuts. Une manière d’écrire unique, qui part à « L’assaut ». Le son est froid, urbain, rythmique. « Sors les armes ». « Soleil noir ». Beaucoup de titres sont encore des déclarations à l’écriture nocturne, aux rêves qui n’arrivent pas à mourir, et la basse ultra moderne appuie le propos. De l’oxymore, de la métaphore, et des voix d’outre-tombe qui martèlent les textes. Tous les titres durent en moyenne trois minutes. Sauf le dernier qui en fait presque le double. Et beaucoup plus frontal tant dans la musique que dans le texte. « L’apparition des masques » qui clôture le disque répète « Y’a pas d’jeu on l’fait pour de vrai ». « Va falloir décider d’c'qu’on a pas choisi ». « La vérité vous n’en entendrez pas parler », mais vous pouvez toujours tenter de déchiffrer (et écouter) Codé.

En savoir plus

Codé – Yotanka – 9 titres – Sortie le 11 octobre 2019

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