Franck Thilliez, L’Anneau de Moebius

Franck Thilliez, L’Anneau de Moebius : un thriller non-euclidien qui vous propulse aux portes de la folie, dans les spirales du difficilement concevable, dans les antres de la monstruosité, aux confins du supportable de la souffrance physique.

Guido_Reni_Massacre_des_Innocents_1611Stéphane Kimset a un don : des visions le hantent qui contiennent des prédictions très précises. Celles-ci concernèrent des accidents mortels, routier sur la N16 et ferroviaire (près de Rennes, en 1998). Kimset ne sut que faire pour éviter ces accidents. Ses visions concernent, aujourd’hui, deux scènes de crimes abominablement mis en scène (d’abord celui d’une call-girl de luxe férue de difformités, Annabelle Leroy, puis celui d’une photographe spécialisée dans les clichés de maladies rares, Cassandra Liberman). Le tueur s’acharne sur ses victimes en s’inspirant de peintures célèbres de « Gueules cassées » de 1914-18, de tableaux de Frida  Kahlo (1907-1953), ou de Guido Reni (« Le Massacre des innocents », 1611, voir ci-contre).  Sur ce, la brigade de Victor Marchal enquête. D’autres visions assaillent Kimset : la mort d’une enfant dans une carrière abandonnée à Méry-sur-Oise, et, enfin, une fausse-couche des suites d’une amniocentèse pour dépister une éventuelle trisomie.

Kimset, qui fabrique par ailleurs des masques de monstres en latex pour le cinéma,  saura-t-il déjouer le destin cette fois-ci ? La mécanique des événements – le destin – est-elle implacable, inébranlable ? Peut-on influer sur des événements passés – et dans quelle mesure le présent puis le futur s’en trouvent impactés ? Les prémonitions cauchemardesques ne sont-elles que des malédictions si elles ne permettent pas d’infléchir le cours des choses ? Y aurait-il une infinité de mondes possibles ?

Stéphane s’approcha de Vic et le regarda dans les yeux.

- Il est temps que je vous explique tout ce que je sais sur cette affaire. Et si vous me mettez en prison, alors tant mieux.C’est préférable à ce qui risque de se produire. Je ne veux pas avoir d’autres morts sur la conscience. Parce que je n’arrive plus à sortir leurs cris ni leurs visages de mon crâne, vous comprenez?

Vic piocha une cigarette, voulut l’allumer mais ne trouva pas de feu. Il la jeta au sol, de rage.

- Je n’y comprends rien mais je vous écoute.

- Depuis jeudi soir, reprit Stéphane, je me rappelle de ces rêves qui me hantent probablement depuis mon enfance. Je me vois évoluer dans un futur décalé de six jours et vingt heures. J’ai tout noté dans ce carnet. Lisez-le. Il manque quelques pages, mais l’essentiel y est. Le gnon sur mon œil gauche que vous m’avez donné. L’écran de mon portable brisé. Un coup de fil, que vous allez me passer dans exactement quatre jours, où vous me parlerez de votre femme, d’une histoire de quarante-six et de quarante-sept, le nombre de chromosome d’un enfant trisomique. Tout, absolument tout, se réalise. Et je ne peux rien y changer.

Vic s’empara du calepin.

- Qu’est-ce qui m’assure que tu n’as pas tout noté a posteriori?

- Lisez… Lis ce carnet et tu comprendras… Tu remarqueras que là aussi, on s’y tutoie. Encore une pièce du puzzle qui se met en place. (page 407)

Le jeune flic de la police criminelle Victor Marchal va mener une enquête effrénée pour traquer ce tueur démoniaque et innocenter ce visionnaire, Stéphane Kimset, que ses connaissances louches désignent comme un suspect idéal. Pour ce faire, Victor devra s’initier à l’existence des mondes parallèles.

Franck Thilliez a un don en tout cas : réussir à faire peur tout en maintenant en haleine son lecteur.

Franck Thilliez, L’Anneau de Moebius, Le Passage Paris – New York Éditions, 2008, 608 pages.

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