Écrire en deuxième division, de Jeff Sourdin

Écrire en deuxième division, du Fougerais Jeff Sourdin : un roman très ironique sur le succès et ses illusions qui conduisent à éviter les pole positions.

 

Sourdin-couvOn ne parle pas souvent de première ou de deuxième division dans les colonnes de L’Imprimerie Nocturne, où le sport n’a pas trouvé place en tant que tel – même si, bien sûr, vous vous en doutez bien, animer un webzine et publier une revue, c’est du sport de catégorie olympique, à minima pentathlonique. Ici cependant, il ne s’agit pas de foot ou de rugby. Mais de littérature.

Rubempré est un écrivain célèbre. Dans son canton. Sur le territoire de sa commune, Vessies-en-Lanterne. Il est même ami avec le maire. Il a décroché le prix Renardeau, remis par une société de chasseurs à la salle des fêtes de Gland-ès-Châtaigne. C’est dire si Rubempré est une plume.

« Il faut avertir tout de suite les jeunes premiers qui souhaitent embrasser la carrière sous ce motif : ça couche peu en littérature. » (page 106)

Brossant un souriant panorama du petit monde des écrivains de seconde zone qu’épaulent des petits éditeurs à tendance sacerdotale, Jeff Sourdin redistribue les rôles, rendant à chacun sa place, glorifiant les petits rôles sans pour autant envier les grands. « Nous faisons le nombre en effet, complétons les équipes, assurons les rotations dans les librairies, occupons les emplacements inaccessibles, étoffons les effectifs dans les salons, dopons les rentrées littéraires, calons les armoires normandes, accrochons les dernières places des meilleures ventes ou les premières de pires ventes, c’est selon. En un mot, nous faisons tourner la machine. » (page 121)

Produisant un bel hommage aux obscurs scribes destinés à l’insuccès, Écrire en deuxième division (après Le Clan des poissards paru également à La Part Commune, en 2012) s’avère rafraîchissant et salutaire. Surtout en cette période où le bling-bling, les podiums et les soi-disant fortunes-éclairs sont valorisés, sur-cotés, au risque de dédaigner tout le reste (le sourire de la voisine, les aboiements du chien, la promenade dans les bois, le cubitainer de sancerre) qui constitue pourtant si souvent l’essentiel absolument majoritaire du réel que tout un chacun expérimentera.

NB : Jeff Sourdin sera présent au salon du Livre de Caractère de Quintin (22) qui se déroulera les 17 et 18 mars et au salon Rue des livres à Rennes les 24 et 25 mars.

Écrire en deuxième division, de Jeff Sourdin – Éditions La Part Commune – Rennes, 2017 – 160 pages – 15 €.

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