La Revue de Seize #14

11h59, 23h59 ou 19h07. Les rappeurs commencent à cumuler les heures pour mieux tourner les pages. Pas l’temps pour les regrets dirait l’un. Les temps changent dirait l’autre. Mais le temps qui passe est omniprésent dans le rap francophone et c’est à 13 000 km de ces pays que se dressent ses mots. Déformation de l’espace-tempo ? Beat = Emcee 2 ? Élémentaire mon cher Einstein ! Bienvenue dans le 14e épisode de la Revue de 16 !

C’est ainsi que La Smala et Vin’s s’offrent une belle course contre la montre sans le vouloir. Que Sopico s’apprête à lancer le top départ alors que Lonepsi tient le chronomètre, le temps d’un instant. Pendant que Grems court après le temps perdu, Sofiane s’affranchit de la ligne d’arrivée. « Quelle chance d’habiter en France non ? » Uch uch ! Profitez bien de cette belle grève de Saint-Valentin pour louper salement notre rubrique « Cri d’Amour » habituel, faute de rappeur s’appelant Valentin (tais-toi Vald) ! Et n’oubliez pas de surveillez les agendas de sorties ! Enjoy !


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« J’vais creuser mon trou

C’est pour ça que mon crew t’fait l’effet d’un coup de pelle »

[Kremlin] Vin’s


Ça vient de sortir ///


  • Grems – Sans Titre 7

Grems-Sans-Titre-7« Les mecs sont carrés, je suis ovale. » Perché. Au-dessus. Loufoque. Ouf. Ailleurs. Shlag. Qualifier le style musical de Grems est hard. Créateur de chansons rendant hommage à Bruce Willis (mon réveil matin), de projets avec des titres en langue étrangère, de feats avec plein de guys où il lui arrive de ne pas venir sur les tournages. On vous présente Grems ! Aujourd’hui, il a pondu Sans Titre 7. Une poule aux œufs d’or ? C’est en tout cas en tant que Papa peu rassuré que Sans Titre 7 a commencé à voir le jour. Pour commencer, le divin chauve nous accueille à base de « boom boom boom tchak » en guise d’intro. Avec des petits pas de « Kuduru » et le masque de « Fantomas », on sent que le rappeur fan de house nous plonge sans tuba dans ses nouveaux délires. Avec une « drôle d’élocution », le designer-graffeur semble poursuivre le même chemin entrepris depuis ses premiers bails. À la manière d’un Miro, il dépeint ses rimes avec la naïveté d’un enfant. Quand ce n’est pas les enfants, on dérive sur les chats avec « Chichago ». Une énième référence de plus là où tout a commencé pour la deephouse ? Quand ce n’est pas les chats, il rappe sur des chattes avec « L’origine », une fresque… originale. Oreilles averties ! Pour elles, c’est parfois difficile de capter le Grems (maigre à l’envers). Sur 19 titres, il y a long à dire. Retenons le « Balaras les flows », la plus écoutée de l’album sur Spoti et le scabreux « Mandala » pour ne citer qu’eux même si ressortir un morceau plus qu’un autre est  un exercice complexe. Avec Sans Titre 7, les fans retrouveront un Grems fidèle à lui-même dans le rôle d’un « Papa torturé » parfaitement illustré sur « Apple Pomme ». Avec en conclusion le dérangeant « Hollywood », on peut comprendre que l’artiste ne souhaite pas que ses enfants écoutent ce qu’il fait. Sans commentaire !

  • Vin’s – 23h59 (EP)

Vin's 23h59« Des rimes recherchées comme le cerveau de Morano. » Connu pour son tranchant et pimenté « METOO » qui a fait très largement le tour de la toile, Vin’s sort une seconde ogive sous la forme d’un EP. Que vaut ce bon vieux Vin’s ? Déjà, il faut savoir que la trap fait son petit bonheur. Pleine basse, c’est avec « Bête Noire » qu’il ouvre le bal sur un morceau sombre, dévoilant une once de la puissance vocale de Vin’s (pas Da Cuero). « Le temps c’est de l’argent mais au jugement on sera tous à l’heure. » Le Montpelliérain donne de la voix et n’hésite pas à ouvrir sa gueule sur tout plein d’affaires sensibles. On le constate rapidement sur « La Haine » ou encore sur le très bon « Marianne » et sa démocratie en carton-pâte. Partageant ses états d’âme mais toujours en lien avec l’actualité ou son environnement, la parole de Vin’s n’est jamais à double tranchant. Elle coupe nette. Une seule prise suffit. On confirme par là que « #METOO » n’était pas qu’un simple buzz. C’est tout de même un sacré bon rappeur le gars. Il suffit de se concentrer sur sa technicité et ses nombreux petits points sur « Disquette » ou « Adrénaline ». En clair, il y a toujours des rimes à retenir dans chacun de ses titres. Avec El’Ka, ils visent l’excellence sur « Kremlin »où son flow dynamite les gravas. Faisons un léger petit retour sur « #METOO », qui n’est pas seulement un morceau remettant à sa place certains mauvais esprits mais un exercice technique de haute lutte. « N’oublions pas qu’on est ce peuple qu’on a mis de côté ». Inspiré, c’est même avec « Peur » qu’on conclut avec un registre surprenant et totalement différent, chanté, doux, léger. Vin’s arrive. Et ne voit pas que des vaches dans la té-ci. Check la ref’ avant que minuit tourne !

  • Sopico –

Sopico-YE« Mon téléphone m’éclaire à la place de la Lune. » Armé d’une guitare et d’une « Bonne étoile » Sopico partage les mesures de ses ambitions avec . Après Mojo et Ëpisode 1, l’autre Sofiane (décidément) s’est surtout armé de patience pour prendre le temps de pointer le bout de son nëz. Membre du 75ème, certaines mauvaises langues diront qu’il est le sosie niveau flow de Nepal. Peu importe, Sopico est le genre de rappeur à tout faire : les instrus et les textes de la virgule au tréma près. Originaire de la Kabylie, a un double-sens : yemma veut dire « mère » (faisant référence au projet « mère » ou Jenovah pour les fans de FF7). Sopico aurait également la fâcheuse tendance à dire tout le temps « yeah ». Rap Génius a parlé. Amen ! C’est d’ailleurs des très agréables surprises que propose . Avec des clips mystérieux comme le très beau « Arbre de vie », il se permet aussi de casser le rythme de ces chansons, parfois tournées au ralenti et semblant très posey. Il n’y a qu’à écouter « Nevermind », référence à l’album mythique de Nirvana ayant influencé sa vision perso’ de la musique. Prods très intimistes, quasi minimalistes, le rappeur du XVIIIe semble murmurer plus qu’il ne rappe. Hallucinations auditives ? Des confidences mystiques qu’ils livrent en forme de 16, il faudra plusieurs lectures pour capter l’essence de son écriture. Tous des enfants de Grems ? Noooooooon ! Ou presque. Passant du coq à l’âne d’une rime à l’autre, Sopico s’offre des libertés qu’on a pas toujours le time de capter. Cela peut-être troublant ou intriguant pour ceux et celles qui aiment la recherche. Il reste néanmoins touchant dans l’interlude, offrant aussi l’occaz’ à Sheldon et Nepal de participer aux débats sur deux titres. Au final ? Un album étrange aux spirales positives. Domo ! YEAH !

  • La Smala – 11h59

La Smala 11h59« Le temps s’écoule, y’a aucun moyen qu’on l’rattrape. » Eux aussi ont choisi de se lever de bonne heure comme Vin’s. Sauf qu’elle sonne plus proche de l’apéro que du Nouvel an. Composé d’un 6 majeur, Seyté, Senamo, F.L.O, Rizla, Shawn-h et Dj X-Men s’emploient à faire dérailler la machine pour s’offrir de meilleurs horizons. C’est d’ailleurs par l’entraînant titre éponyme que débute le 3e album du collectif bruxellois. La Smala, dit « famille nombreuse », nous régale avec des titres enjoués et diversifiés niveau prods. Et « même si le monde va mal », les mecs se sont tous retrouvés au Maroc pour réaliser cet album. Niveau contenu ? Ce n’est pas de la punchline qui casse tout le monde et qui détruit le game à coup de patate de forains, mais des récits de vie que chacun des membres ressuscite. Avec une plurielle de prods signant les excellents « Toujours » au tempo lent mais puissant où les flows épousent bien la forme en passant par les guitares/kicks de « Maintenant ou Jamais », il n’y a pas de quoi s’ennuyer.  N’oublions pas les petites « bell » sur « 10 ans » où le crew se posent la question de « faire de la musique sans que l’intégrité fléchisse ». Sage réflexion. Comme Lomepal, ils partent du principe que l’humain est mauvais par nature. Ils le disent plusieurs fois, sisi !! Presque « crowners » sur « On Avance Seul » et ses petits airs jazzy, donnant le gimmick sur « Dans Ses Bras », La Smala donne du grain à moudre à ses auditeurs. Clinquant, percutant comme sur « Courant d’Air », avec un beat de fou sur « Milli », La Smala a son mot à dire dans le milieu. En bref, il y a plein de choses à retenir de 11h59. Finalement, nous sommes plus proches de la nuit noire que de la binouze selon le dernier titre de l’album. Marre de spoiler, j’laisse le suspense s’installer. Beau joueur, j’vais quand même faire un recap. La Smala ? Les copains d’abord, l’avenir ensuite. Ding, dong.

  • Sofiane – Affranchis

Fianso_AffranchisS’il n’est pas le parrain, Sofiane s’empare du game pour prôner les siens comme Affranchis. Au revoir Tony Montana, bonjour Ray Liotta. La définition du mot « affranchi » ? Libéré de l’esclavage ou des préjugés. C’est surtout le nom de son premier groupe quand il s’est lancé dans le rap vers l’âge de 12 ans. C’est fort de son succès avec « Rentre dans le cercle » où il invite tous ses potos (et parfois n’importe qui – coucou sky) que Sofiane démontre de nouveau l’étendue de son talent à la fois d’improvisateur et d’animateur. On va être clair, il est doué et serait certainement le « super bon pote » qui te dépanne quand t’as besoin, prêt à tout pour les siens. Sauf qu’à force d’être copain avec tout le monde, le souffle d’intégrité en prend un petit coup dans le dos. Car le Sofiane rappeur n’a pas grand-chose à voir avec le Sofiane animateur. Gentil comme un agneau sur les plateaux, Sofiane se transforme quand il rappe. Une posture ? Ce n’est pas Maître Gims et Kaaris qui me contrediront. Mais chacun ses raisons (et ses personnages). Toujours aussi drôle sur certaines punchlines (Jean-Pierre Foucault quoi !), Sofiane confirme son premier album. Sans surprise, les prods restent dans les clous de son premier jet. Ok, j’suis mauvaise langue. Il y a bien le funky mais peu convaincant « Sa mère » ou le très bon « Lundi » qui offre des bulles d’oxygène quand ce n’est pas quelques bulles de bière selon les lyrics. Côté featuring ? Du monde ! À noter que Kaaris fait du Kaaris et que Maître Grims fait du… Maître Grims. Ce qui impose quelques lourdeurs (kikou le sexisme du Dozo). Forcément ça plombe l’ambiance alors que le bello laissait aisément sa place à une Chilla dans la ronde. Hormis ça, So’ s’empare des bonnes formules pour appliquer les bonnes recettes. C’est ce qui nous fait hocher la tête sur « Sous Contrôle » ou sur « Longue Vie » avec Ninho et Hornet La Frappe. La force du nombre, le rappeur l’a. Soutenu comme jamais, Fianso n’a plus besoin de s’faire pousser des ailes comme Pégase pour s’envoler. Une preuve ? « Coluche » ! Un titre reflétant bien la popularité du bonhomme, mi-clown mi-militant. Spectaculaire et explosif à la fois. Parce que je suis sévère avec ceux qui ont une cote de fou mais au fond longue vie et nikoumouk !

  • Lonepsi – Sans dire adieu (LP)

Lonepsi Sans Dire Adieu« Le chien et le flacon est un poème de Baudelaire. » Lonepsi commence bien l’année. Déjà parce que Baudelaire est un de mes chouchous (t’enflamme pas non plus). Secondement, parce que Lonepsi a le don de magnifier les mots. Attention, quand je dis « magnifier », je ne dis pas qu’il les rend beaux, oh la la non ! Ils les rends « importants » (vous voyez mes guillemets ?). Ils touchent, ils nous noient dans quelque chose de « plus profond que le fond » comme dirait Mano Solo. Ensuite parce que son introduction est atypique. Atypique parce que ce fan de Miyazaki affiche ses intentions, celles de toucher le public, de lui demander de faire des efforts (intellectuels). Parce que son grain de voix sur « Rivières et Océans » est dingue tout comme cette prod lancinante. « Faites qu’ils pleuvent, que la pluie efface nos erreurs. » Sans chercher midi ou quatorze heures, l’étudiant en psycho utilise des mots simples. Et il n’y a rien de plus dur que de simplifier des pensées à travers les mots. Des mots choisis et pourtant lourdement pesés, du titre jusqu’à l’ultime couplet. Avec lui, soudainement tout paraît si léger. Que ce soit sur « Des collisions sur nos peaux » à l’alchimie parfaite ou sur l’immensément intense « Le Temps d’un instant » où chaque note a quelque chose à dire. Rappelant légèrement James Blake dans l’utilisation des instrus jusqu’aux variations de rythmes (toutes proportions gardées), les productions propulsent réellement le Parisien dans une autre galaxie.  Même jusqu’à certaines explosions d’étoiles qui font frissonner nos oreilles internes. Tout est bien ficelé. It’s beautiful. C’est beau, et tellement mortel. « Comme Ahkénaton, j’écume les classiques ». Il y a pourtant un côté street et brut de décoffrage dans son approche aux textes et au flow. Car techniquement, ça envoie aussi ! Comme quoi, être proche de Sopico (déééécidéééément) et de Georgio rapporte gros. En bref, l’originaire d’Argentine montre la voie d’une nouvelle ère où le piano résiste. Pourvu qu’on ne te dise pas adieu, mais un classieux « ciao l’artiste ! » Et surtout, à biental !

 


« Comment veux-tu être diplomate ?

Les mecs deviennent haineux comme Soral

Putain, la putain de vos races, ma vulgarité, c’est de l’audace,

Je sors des grottes de Lascaux, man »

[Fantomas] Grems


Les Autres Albums [en un clip] ///


Brasco - Sco Punisher / Elinass – Sabah / Dehmo – Poetic Bendo / Nelick – Kiwibunnytape / Swing – Marabout  / Vald – XEU / Melan – Abandon sauvage / DJ Weedim – Boulangerie française Vol. 2 / Volts Face – Saïtama / Utopie - Check-Out / JorrdeeA Selection / Le 77Bawlers / Chaman – Feuille morte


 


« Cherche définition du mot halluciner
Vie à deux, j’quitte pas la maison
T’aimes pas quand j’pars le soir, t’as raison
On n’efface pas les souvenirs à l’éponge »

[Press Play] Sopico


Ça va sortir bientôt ///


  • 18.02 : LaCraps - BoomBap 2.0
  • 25.02 : Scylla – Album Fantôme
  • 23.02 : Big Budha Cheez – Épicerie coréenne
  • 26.02 : Brav – Nous Sommes (EP)
  • 23.02 : Big Budha Cheez – Épicerie Coréenne
  • 23.02 : Lartiste – Grandestino
  • 23.02 : Lorenzo – Rien à branler
  • 23.02 : Slimka – No Bad Vol. 2
  • 23.02 : YL – Confidences
  • 02.03 : Assy – Kinto
  • 02.03 : Swift Guad – Vice Vol. 3
  • 02.03 : Swift Guad – Vertu Vol. 3
  • 09.03 : Marwa Loud – Loud
  • 09.03 : Naps – À l’instinct
  • 09.03 : Zippo – Zippo Contre les robots
  • 16.03 : 4Keus – La Vie continue
  • 16.03 : OBOY – Southside
  • 23.03 : LaCraps – BoomBap 2.0
  • 23.03 : Rémy – Premier album
  • 24.03 : A Point Z – XXIème siècle
  • 30.03 : Paco – Amuse-Gueule
  • 27.04 : Alkpote – Inferno
  • 27.04 : Doc Gynéco – 1000%
  • xx.04 : Lucio Bukowski & Mani Deiz – Chansons
  • xx.04 : Myth Syzer – Bisous
  • xx.xx : C.Sen – Vertiges
  • xx.xx : JP Manova -NC
  • xx.xx : AL – Punchlife
  • xx.xx : Nasme – NC
  • xx.xx : Fayçal – NC

« Triste comme une famille nombreuse qu’on expulse
Que tout le monde regarde en train d’se noyer
Et ton cœur le crie, mais toi t’entends pas

[Lundi] Sofiane


Ça groove sur Rennes [et ses alentours]


  • Roméo Elvis + Jeanjass & Caballero et Fatoosan / 16 mars / Antipode MJC [COMPLET]
  • L’Or Du Commun, Isha, le 77, Blu Samu et Fatoosan / 17 mars / Antipode MJC

urbaines-rennes-2018

 

  • URBAINES 2018 / Sopico, Take a Mic, Haristone, et Sawyer & Jeune Joueur / 30 mars / Antipode MJC
    • Initiation au beatbox avec Furax / 20 mars
    • Master Class Loopstation avec Saro / 21 Mars
    • The Pharcyde feat Fatlip, SlimKide, K-Natural, DJ Manwell (Bizarre Ride II), Balusk / 22 mars
    • WorldWide Cup 2018 – Human Beatbox / 23 mars
    • Soirée de Clôture / Juju & Jodash, Batu B2B Simo Cell, Umfang / 24 mars

« T’es-tu déjà d’mandé quelle était la couleur de la colère ?
Quand elle parcourt l’au-delà
Ils me disent tous : « T’es l’élu de l’art
Du coup tes capacités t’as plus qu’à les dealer »

[Rivière & Océan] Lonepsi


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