Pétrole de Christelle Kerdavid aux Ateliers du Vent : un nez rouge et du mercurochrome sur les rotules pour convoquer les mondes de l’enfance et les gadins de l’existence.

Pétrole – Clown jeté sur la voie publique, projet de longue haleine mené par Christelle Kerdavid (comédienne et co-fondatrice de la compagnie Ostinato), a déjà bravé l’état d’urgence pour tenter l’aventure du festival international de théâtre de rue et des arts de la rue d’Aurillac cet été. Puis après 2 brèves résidences de quelques jours aux Ateliers du Vent, qui accueillent troupes et artistes le temps de roder spectacles et performances en coulisses ou devant le public, le clown Pétrole se dévoile ce jeudi 1er décembre devant un parterre de spectateurs bientôt conquis.

Pétrole est un drôle de clown, en santiags, manteau de fourrure, genoux écorchés et slip blanc. Seul sur scène, avec un ficus rachitique pour confident, Pétrole n’a pas l’air complètement dans son assiette. Sa situation serait même pour le moins inconfortable. Un peu à la rue, un peu à côté de ses pompes, un peu mal à l’aise avec son corps (ses longues guiboles, ses grands pieds pointus et ses mains fines ont semble-t-il une vie autonome que Pétrole s’efforce tant bien que mal de juguler), un peu intimidé par le public, un peu effrayé par les bruits et les rumeurs du monde qui l’entoure, Pétrole est un clown borderline touchant, émouvant même, triste, en colère, joueur. Mais attachant.

Loin des tartes à la crème et des fleurs en plastique qui arrosent les premiers rangs du public, Pétrole est un clown subtil qui nous parle avec poésie de la détresse du monde, de la folie des petites gens, de la solitude des parias, de la fragilité des êtres. Un aperçu de la condition humaine, dans une ancienne usine de moutarde réhabilitée en manufacture des rêves.

Le site de la compagnie Ostinato

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