Mythos 2016 : On a dit on fait un spectacle !

On a dit on fait un spectacle ! – Rêverie musicale et poétique » : La set-list de ce tour de chant pas comme les autres est articulée autour de ce mot-prétexte : le rêve, dream, dreamer… Rêver à l’Air(e), Libre !

Et si on rêve, alors pas besoin d’être dans un moule. Donc, ici, on commence par la fin, et on termine par le début. Mais quand même, on aura une vraie fin à la fin, parce que c’est agréable les vraies fins.

En décor, une balancelle, une biche empaillée, des portants avec des robes, une boule à facettes.

Donc, ça commence. Nicolas fait son entrée depuis la salle, sur la pointe des pieds – chaussé de talons aiguilles rouges qui rappellent les ambiances subtiles et viscérales d’Almodóvar. Quelques mouvements et déjà on veut dévorer la suite. La suite, ce seront ses talons dorés dignes d’une Marylin d’1m92, toujours élégant·e dans son gigantisme. Que ce soit en demi-tutu de tulle blanc, ou en souliers vernis et cheveux gominés, le jeune Lou Higelin bisexué imprègnera toute cette rêverie de sa présence et sa voix magnétiques.

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Un appel téléphonique : Vincent Delerm sur un répondeur, n’ose pas venir. Il est poli. Sur les messages suivants, il n’osera pas refuser, finira par avouer qu’il ne veut pas être associé à « ça ». Aura-t-il eu tort ou raison ?

Pendant ce temps, le spectacle a bel et bien commencé, et les chaussures sont à la fête : Moon Boots à moumoute et extravagances à strass, il y en aura pour tous les goûts.

Mythos2016_On_a_dit_Geraldine_Nicolas_photo_ProdMadameLuneIl y a donc Nicolas, et il y a les autres, apportant chacun de l’épaisseur à ce tableau pointilliste, menés par Géraldine, jouissive Miss Lady Loyal Gaga – la candeur et le parler cru, l’émotion toute neuve, comme une enfant en bottillons à paillettes qui jouerait à la « commandouse », au puppet master de tout ce joli monde d’artistes magnifiques et uniques.

Il y a aussi Rosemary, revenant au festival de la parole, Rosemary et sa voix extra-terrestre, diamant parfait et doux plaid de velours, qui emplit la salle jusqu’au creux de ses strapontins et de nos oreilles attentives et charmées. En invités de cette mouture spéciale Mythos, iI y a aussi Kyrie, Boney Tiler-Castafiore à la voix soprane rock tout droit sortie des légendes arthuriennes, et JP, qui passe en vieux copain, tenue de ski endossée et prêt à se balader sur les pistes de toute sorte.

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Et puis il y a les musiciens : Olivier Mellano compose, aime les projets collaboratifs, et sait aussi chanter, il serait dommage de l’oublier. Dans ses riffs et ses nappes, pénétrants et exponentiels, il est accompagné par un sobre Nicolas Repac au cajón et guitare, et par les lumineuses Maeva et Anne aux cordes et un peu à la berceuse vocale aussi, sourires contagieux, jusqu’au bout, jusqu’à la piste de danse. Et il y a Simon, pianiste à nœud pap’ et tongs Birkenstock à paillettes bleues, compositeur sympathiquement doté lui aussi d’un joli brin de voix et humblement frangin de Madame Lune (on y reviendra) et d’une troublante chanteuse parfois sur « Le Fil ».

Tous s’amusent, dansent, sourient, pleurent, doutent, sont là, font vivre quelque chose de mille fois vu : un spectacle ; et pour autant, unique : un spectacle. Une émotion, une fragilité, un investissement de tout le corps-la voix-les tripes, et le plaisir de remodeler des airs qu’on reconnaît aux premières notes ou aux premières paroles.

Les morceaux du Top 50 familiers à nos oreilles se succèdent, l’un léger, l’autre faisant mine de commencer, quelques notes de piano égrenées en clin d’œil à un tube, pour partir sur un autre, l’autre encore nous plongeant instantanément dans un recueillement respectueux de ces monuments du disco, de la variété, de la pop et même plus : sur « Life on Mars », je sens un fourmillement humide au coin de ma paupière, les graves du timbre de Nicolas m’emportent loin de l’artifice du spectacle : on y est, au creux de ce jeu, ce n’est plus le jeu. C’est là, la réalité.

« Quand on rêve tout seul, ce n’est qu’un rêve. Quand on rêve à plusieurs c’est déjà une réalité » (John Lennon… enfin, si ce n’est Helmer Camara ou même Hundertwasser !)

Mythos2016_On_a_dit_choeurs_photo_ProdMadameLune_live-520x338Tous ces poly-artistes sont venus nous donner à vivre un spectacle, puisque « on » l’a dit. « On », à l’écriture et à la mise en scène, ce sont Sonia (alias Madame Lune) et Isabelle. « On » y saupoudrera donc de la danse, de l’instrument, du jeu d’acteur, du chant… et de l’autodérision, beaucoup. De l’amusement, énormément. On joue avec l’égo de l’artiste, avec les codes et les genres, avec le processus de fabrication de quelque chose de magique, avec les procédures de sécurité, et avec beaucoup de classe. Enfin, on nous propose de revivre nos émotions musicales, même celles qu’on n’assume plus vraiment… Les meneurs de ce jeu « grandeur de scène » se rendent profondément attachants et peut-être, en exposant devant nous leurs douces folies, leurs exigences amusantes, leurs fragilités décalées, leurs petites angoisses et leur talent évident, nous offrent-ils l’audace de savourer notre plaisir, nos contradictions, nos petites et grandes imprécisions.

À la fin d’un spectacle, on dit merci quand on a aimé. Le public de Mythos a beaucoup dit merci, debout, debout et un sourire aux lèvres qui ne s’est pas éteint, même en partance pour un dernier verre ou pour le bus n° 57…

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