Homologie des formes, de l’éclair au sommet à la Galerie du 48

init expoHomologie des formes, une exposition du Collectif Init, réunit les travaux de Gabrielle Decazes, Michaël Harpin et Lohengrin Papadato dans une proposition poétique qui unit imagerie scientifique et création plastique.

Les travaux du Collectif Init confondent microcosme et macrocosme, science et mangas dans une démarche post-moderne. Ici la montagne se rapproche des spores qui elles-mêmes jouxtent une explosion volcanique. On y découvre des dessins sur calque de Gabrielle Decazes, glissés entre deux feuilles de plexiglas tels une préparation microscopique. Ces dessins sont réalisés à partir d’agrandissements photographiques de flocons de neige. Les dégradés subtils à la mine de plomb évoquent des structures géométriques ou encore des formations telluriques aux dimensions indéfinies, immenses ou minuscules selon le point de vue adopté.

Au sol des sculptures en carton-pâte ressemblent à des organismes indéfinis, à la forme évoquant pêle-mêle des mécanismes, des invertébrés ou encore des détails d’architecture. Il s’agit de fragments de Pokémons entremêlés dans un savant cut-up plastique suggérant une expérimentation génétique anarchique. La texture rugueuse du carton transforme la perception des contours des célèbres monstres de poche et s’éloigne du manga pour en faire des objets beaucoup plus troublants.

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Aux murs des dessins très précis d’éruptions volcaniques soulignent le propos de l’exposition sur l’analogie des formes, tant les colonnes de fumée émergeant des cratères semblent organiques, croissant dans un mouvement lent comme le développement de spores ou de moisissures. Ces dessins sur petit format font écho à la fresque sur la vitre de la galerie représentant une montagne, ce qui perturbe encore notre perception des échelles et de la cartographie.

Une colonne à l’entrée de l’exposition présente deux molaires fossiles d’un ancêtre d’éléphant. Ces molaires sont disposées sur une colonne de charbon, comme pour nous signifier une parenté intrinsèque entre ces deux matériaux (énergie ‘fossile’ et dents pétrifiées par le temps) bien que leur utilité soit très différente, le charbon étant une des sources d’énergie industrielle alors que les fossiles seront plutôt considérés comme des objets de vitrine ou de décoration.

expo homologie des formes

La gravure du biologiste allemand Ernst Haeckel qui orne l’affiche de l’exposition nous donne une clé de lecture, on peut y voir une volonté de se rapprocher d’une démarche ancienne qui a inspiré les artistes de l’Art Nouveau, donnant lieu à de nombreuses réalisations au niveau de l’architecture et des arts décoratifs au début du siècle dernier, telle la porte monumentale de l’exposition universelle de Paris réalisée par René Binet en 1900. En effet, Ernst Haeckel avait une vision métaphysique de la nature, fusionnant science et art dans une philosophie moniste, postulant une unité entre Dieu et le monde. Ces gravures illustrent ses théories sur la symétrie à l’œuvre dans l’évolution des organismes, cherchant à percer les structures du vivant. Elles nous troublent et nous inspirent encore aujourd’hui par leur esthétique singulière et foisonnante sous couvert d’objectivité scientifique.

 

Homologie des formes, de l’éclair au sommet, Galerie du 48, 48 boulevard Villebois-Mareuil 35000 Rennes.

Exposition sur rendez-vous la semaine et entrée libre de 14h à 18h les 26 & 27 mars

 

 

 

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