Belgica, de Felix Van Groeningen : un film belge qui a la frite !
Belgica, c’est l’histoire d’un troquet éponyme, à Gand, qui ne dépareillerait pas dans un prochain volume de Rade-Trip consacré, non plus aux bistrots bretons, mais aux bars européens. Alors que le Belgica vivotait, entre problèmes de plomberie et clientèle de vieux potes assoupis, il va devenir, sous l’impulsion de Frank (Tom Vermeir), le grand frère fêtard de Jo (Stef Aerta), un lieu éminemment branchouille. Agrandi, couru car ultra festif et joyeux, à l’initiative de concerts mémorables et incubateur de nuits interminables, le Belgica connaît le succès. Frank y a investi tout son capital, son temps et ses trop-pleins d’énergie, au grand dam de sa compagne et de son fils qui se sentent un peu abandonnés.
L’ambiance noctambule est réjouissante et décadente à souhait. Ivresse, drogues, gros sons, ferveur, équipe complice, les ingrédients pour des soirées folles sont réunis. C’est émoustillant. C’est grisant.
Belgica dépeint avec réalisme et sans fard la magie des nuits dionysiaques, sans omettre les descentes (que ce soit celles des flics ou celles dues aux absorption de produits), ni les gueules de bois carabinées liées aux abus d’after.
Fonder une famille (car tel est le projet humble qui semble habiter Jo) ou maintenir à flots la sienne (c’est à cette difficulté que Frank se confronte) dans les conditions décrites est un sacré défi, une aventure lors de laquelle réaliser le sans-faute parfait est injouable. Ne rêvons pas : il est malaisé de ne pas perdre de plumes, lorsqu’on projette de s’envoler vers les cimes de la fête à tout rompre. Faisons confiance à Felix Van Groeningen, à qui l’on doit notamment le grandiose La merditude des choses (2009), pour savoir de quoi il parle.