Pays imaginaire à l’Antipode avec Dream Koala et Bachar Mar-Khalifé

Il y a des concerts qui marquent. Des concerts qui font date. Samedi 30 janvier à l’Antipode de Rennes, les prestations du franco-brésilien Dream Koala et du franco-libanais Bachar Mar-Khalifé auront marqué les esprits et le corps.


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En première partie, c’est Dream Koala qui embarque l’Antipode dans son univers. Seul en scène avec sa guitare, son contrôleur et son ordinateur, bienvenue dans son « Cosmic landscape », qui plane quelque part à 10 000 kilomètres dans l’univers. Une musique entre chill électronique et pop aérienne, dont le dernier EP Exodus est à l’image d’une musique onirique. Des relents de trip-hop, ou des impressions de Radiohead période Kid A comme sur « Synthetic evolution ». Avec un énorme travail sonore et une voix enivrante, le musicien seul en scène fait décoller les compositions, des basses en guise de roc et des envolées en guise d’étoiles.

 

Après ses remerciements, Dream Koala cède la place au trio de Bachar Mar-Khalifé, acclamé dès son entrée sur scène. Jouant auparavant en solo, c’est avec basse et batterie que le pianiste se produit pour défendre son dernier album, Ya Balad. Et là. Et donc là, ce fut le départ d’une heure trente de bonheur musical et de vibrations en tous genres. Du genre qui font tressaillir les pieds ou qui font décoller l’esprit.

« À mon pays lointain, mon pays imaginaire »

Ya Balad est un voyage, une prière pour que la religion nous laisse tranquille et que les murs tombent. Ya Balad est un exil qui se raconte en musique, et Bachar Mar-Khalifé (qui a horreur des étiquettes), libanais d’origine, n’oublie pas sa petite histoire et celle avec un grand H qui se joue actuellement. Alors, sûrement, son pays, c’est la musique. Celle qui peut tracer des ponts entre les hommes qui oublient souvent de les construire.

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Dogan-PoyrazCe sont des titres souvent contemplatifs, notamment au niveau de la voix et des passages qui tendent vers le piano classique, mais des titres surtout empreints de rythme, que le public connaisseur ne manquera pas de fredonner comme sur « Balcoon », et certains de tenter des déhanchés orientaux  sur « Laya Yanaya ». Ce sont des cris enthousiastes qui accueillent le percussif « Ya Nas » issu de son précédent album Who’s gonna get the ball from behind the wall of the garden today ?

Véritables montées en puissance comme « Wolf pack », la place musicale n’est pas uniquement attribuée au piano et au clavier entre lesquels Bachar Mar-Khalifé partage ses mains, mais bien au trio tout entier; deux passages du batteur Dogan Poyraz feront tout simplement passer la barre du côté du jazz. Sans compter sur le jeu d’Antoine Reininger à la basse. Brillant. Le trio joue par moments d’un seul corps pour balancer une (belle) claque au public.

La transe et la fin du concert se fera sur « Lemon », et ses allures disco-dabkeh* qui semble pouvoir se relancer indéfiniment. Un titre festif pour ramener un lien entre la musique et le corps, entre la réflexion et l’émotion, et ce sont des visages souriants qui repartent de la salle.

Le mot final adressé par Bachar : Assalamu alaykoum (ou As-salâm ‘aleïkoum ou Salam alikoum), précisant que cela veut simplement dire « Que la paix soit sur vous ». Histoire de remettre les mots à leur place ? Ce qui est certain c’est qu’un concert de Bachar Mar-Khalifé en trio et sa musique laisse quelques marques. Musicales.


Le site de Dream Koala

Le site de Bachar Mar-Khalifé


 

 

Dabkeh : La dabkeh (en arabe دبکة, « coup de pied ») est un type de danse folklorique connu au Levant, dansée notamment en frappant le sol avec les pieds.

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