Court Métrange : retour sur le festival et films primés

Le festival international du film insolite et fantastique Court Métrange a fait salle comble ce week-end au TNB. Les territoires oniriques ont été mis à l’honneur avec une sélection poétique, horrifique et dérangeante : le cinéma de genre comme on l’aime.

court-metrange retourUne véritable avalanche de films entraînant le spectateur dans leur sillage décalé et poétique s’est abattue dans le quartier Saint-Hélier. Une place importante était faite dans la sélection du festival au cinéma d’animation dessiné ou en stop-motion, représenté par des courts-métrages visuellement originaux et troublants. Certains inspirés par une horreur gothique à la Edgard Allan Poe (The mill at Calder’s end de Kevin Mc Turk, Sale gueule de Alain Fournier) mettent en scène des protagonistes aux prises avec d’antiques malédictions. D’autres sont plus dérangeants dans leur récit d’un amour sadique et grotesque (The Waldgeist &Me de Joe Bichard) ou encore tournés vers le merveilleux et les déités élémentaires (Tsunami de William Fullagar).

Certains films présentés alternaient tragi-comique et parodie, tel Dead Hearts de Stephen.W.Martin, récit d’un amour zombie mâtiné de Kung-Fu, ou encore In Passing d’Alan Miller, chorégraphie drôlatique d’un homme et une femme suicidaires pendant leur (longue) chute d’un building. On peut citer également Moonkup, les noces d’Emophile de Pierre Mazingarbe où des vampires ayant réduit les humains en esclavage font un usage intéressant des menstruations, et Invaders de Jason Kupfer qui nous expose les déboires de deux apprentis cambrioleurs gaffeurs dans un enthousiasme gore bien senti. Subotika de Peter Vokart est une carte postale filmée nous invitant à passer des vacances inoubliables sur une île industrielle et surréaliste évoquant une utopie communiste rétrofuturiste.

D’autres courts-métrages jouaient sur des émotions plus malsaines et dérangeantes, tels Box Room de Michel Lathrop où les fantasmes incestueux d’un adolescent s’incarnent en protubérances vaginales et autres monstruosités cronenbergiennes. Teenland de Marie Grahto (31’15 – 2014) met en scène des ados emprisonnées car leurs pouvoirs sont un danger pour la société, utilisant leur sexualité comme force subversive libératrice. On peut également citer The Herd de Melanie Light, pamphlet antispéciste sans concession imaginant des femmes utilisées comme vaches laitières, ce qui nous place face à la question de la souffrance animale avec violence. La Momie de Lewis Eizikman filmé dans un très beau noir et blanc nous raconte comment une momie est exploitée par son souteneur…

Remise des prix Court Métrange

Remise des prix Court Métrange – © A. Mottier

Les prix :

Grand prix : The Karman Line de Oscar Sharp (24′ – 2014 – UK). Une mère de famille se met à léviter de plus en plus haut jusqu’à se perdre dans l’espace… Une métaphore poignante sur la maladie et le deuil.

Melies d’Argent : Teeth de Daniel Gray et Tom Brown (06′ – 2014 – Hongrie et USA). L’histoire d’un homme obsédé par ses dents. À déconseiller aux phobiques du dentiste.

Prix France 2 : The Karman Line de Oscar Sharp (24′-2014-UK)

Format court : Corpus de Marc Héricher (03’30 – 2015 – France). Une machine célibataire complexe anime des organes humains et engendre un acte de création. Très beau film d’animation dans une ambiance de Cabinet de curiosités.

Prix du public : L’ours noir de Méryl Fortunat-Rossi et Xavier Seron (16’00-2015-Belgique) Des campeurs en forêt attaqués par un gigantesque et vindicatif ours en peluche… Drolatique.

Bendito Machine 5 de Jossie Malis (11’45 – 2014 – France). Un visiteur extra-terrestre découvre une nouvelle planète qui se révèle plus dangereuse que prévu… Film d’animation en silhouettes noires.

Beauty de Rino Stefano (10′ – 2014 – Italie). Des tableaux classiques et pompiers animés par un jeu subtil et troublant qui met en scène les âges de la vie, naissance, sexualité et mort. Sublime et fascinant.

Father And son de Julien Deca (39′ – 2015 – France/USA). Un exorciste inquiétant et son fils blasé ou comment deux démons règlent leur œdipe. Du jeu expressif de l’acteur principal émane le charme à la fois maléfique et pathétique d’une créature ayant trop vécu.

Symphony N°42 de Réka Busci (09’30 – 2014 – France). De courtes séquences animées reliés par des liens symboliques exposent avec ironie des situations surréalistes évoquant les rapports de l’homme avec son environnement.

Prix beaumarchais : Dernière porte au Sud de Sacha Feiner (14’20 – 2015 – Belgique). Le point de vue d’un enfant siamois à deux têtes enfermé par sa mère depuis sa naissance dans le manoir familial. Soudain une sortie semble possible.

Prix des lycéens : The Gold Watch de Joachim Nakagawa Straning (06’56 – 2014 – Suède)

Prix des collégiens : The Karman line de Oscar Sharp (24′ – 2014 – UK)

Mention spéciale du Jury : Entangled de Tony Eliot (15’34 – 2014 – Canada) Un physicien est devenu fou suite à une expérience ayant mal tourné. Une exploration des possibilités de la physique quantique et de l’ubiquité.

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Remise des prix au cocktail Court Metrange – © A. Mottier

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