Festival Oodaaq 2015 : rencontre avec l’œil artistique

L’événement consacré « aux images nomades et poétiques » tiendra sa 5e édition à Rennes du 20 au 24 mai. Le festival, qui s’étend désormais de Nantes à Saint-Malo propose projections, performances et expositions. L’occasion d’aller à la rencontre de l’association, et notamment de ses programmateurs.


festival-oodaaq-2015Voilà 5 ans que l’association l’Œil d’Oodaaq investit la ville, en plein air, dans les bars ou dans des espaces dédiés, pour un temps fort autour de l’image; une image contemporaine, inventive, en mouvement ou non, performée, qu’une partie de l’équipe se charge d’organiser. Rencontre avec 3 des programmateurs, Estelle Chaigne, Simon Guiochet et Isabelle Henrion.


Bonjour. Est-ce que vous pouvez nous présenter l’association de l’Œil d’Oodaaq ?

Simon : l’association c’est avant tout les gens qui la composent. Il y a donc Isabelle qui s’occupe des expositions et de l’écriture des textes, Estelle qui est à la communication et organise également des ateliers à l’année, Solenne, la quatrième personne. Il y a ensuite la structure associative, et depuis octobre notre première salariée, Blandine qui s’occupe de l’administration. Chacun est sur des pôles précis, et je coordonne l’ensemble de l’association créée en 2008. Elle s’est fondée à la sortie de l’école des Beaux-Arts, avec la volonté de former un collectif pour monter des projets; on a organisé pas mal de soirées chez les gens, pour échanger des connaissances, puis des projections dans les écoles d’art, des expositions, des événements. En 2001, j’ai été salarié en contrat aidé dans l’asso, avec la volonté de créer le festival.

« un territoire entre un lieu réel et imaginaire »

Le nom Oodaaq, quel est son lien entre l’image, et l’île d’Oodaaq découverte en 1978 ?

Simon : c’est un heureux hasard. Depuis, on a fait plein de liens alors qu’il n’y en avait pas forcément au départ ! Le fait de se donner un nom définit beaucoup les choses, on a pris beaucoup de temps à choisir, mais ce qui nous rapprochait au départ c’était l’idée d’explorateur, d’île, qui au début nous plaisait bien. Et puis au final c’est en se baladant sur Google earth qu’on a trouvé Oodaaq. Depuis on trouve que ça a tout son sens, ce territoire entre un lieu réel et imaginaire. On a beaucoup conceptualisé le terme sur les images contemporaines, c’est au fur et à mesure qu’il a pris du sens.

Isabelle : l’île d’Oodaaq est dite la « terre émergée la plus au nord du monde »; elle a été découverte après une expédition scientifique, et par la suite sa morphologie et son emplacement ne sont pas restés figés, il s’agit plutôt d’un banc de sable et de graviers. Cette île a une existence concrète et scientifiquement prouvée, et aujourd’hui elle est complètement imaginaire et utopique C’est le propre des images où il y a une captation de quelque chose de réel, et une partie d’imaginaire de l’artiste et du spectateur projeté dedans.

Estelle : cette île, elle invite a être découverte, trouvée. Elle émerge comme un territoire de création par nos événements, comme une métaphore pour l’existence de notre festival et de nos recherches.

« 400 candidatures pour 700 œuvres »

Du coup les choix se définissent plutôt selon les lieux, ou il y a un thème défini à l’avance, avec des appels à candidature ? Comment s’organise la programmation du festival ?

Isabelle : la programmation est basée sur un appel à projet qu’on diffuse internationalement, par le réseau des écoles d’arts, par le réseau de la FRAP et celui de nos partenaires qui sont d’autres festivals d’art vidéo à travers le monde. Il n’y a pas de thématique pour chaque festival, mais il y a cette idée du nomadisme, la volonté d’interroger les images, à la fois dans leur contenu mais aussi dans leur support. On essaie de créer des thématiques à partir de ce qu’on reçoit.

Simon : souvent c’est un aller-retour avec le lieu. En plus de l’appel à projet, il y a aussi une importante part pour les cartes blanches.

Estelle : cette année, on a reçu 400 candidatures pour 700 œuvres. On a passé 6 mois à défricher tout ça à 5 personnes, et après chaque personne responsable des expositions ou projections affine à la programmation.

■ Comment amène-t-on un public, malgré le prix libre des événements, un large public à la vidéo expérimentale ? Est-ce qu’il n’y a pas des freins ou des réactions particulières ?

Simon : les projections dans l’espace public.. je me souviens une fois au Vieux Saint-Étienne où il y avait 5 ou 6 personnes arrachées devant la programmation, et moi je trouve ça super intéressant. On a plus envie de communiquer, et sur la vidéo c’est peut-être plus facile qu’avec de la sculpture, face à des réactions hostiles envers l’art contemporain; aujourd’hui avec internet, il y a beaucoup de formes vidéo qui sont hors catégories, et les gens peuvent y être habitués même si ça n’est pas appelé art contemporain.

julieCHAFFORT-hybride

Estelle : avoir du public en se mettant dans des espaces ouverts, les gens restent ou partent; on donne la possibilité de, sans s’imposer. Pour les expositions c’est différent, il faut faire la démarche d’entrer dans le lieu et là c’est pas la même chose, en pensant l’accueil et l’accompagnement pour ne pas laisser les gens seuls face aux œuvres.

Simon : dans une salle de cinéma fermée, il y a moins de curieux par hasard. La vidéo c’est aussi la possibilité d’être transversal; on collabore par exemple avec Le Triangle à qui on propose des vidéos de gens qui font des performances au niveau du corps, mesurer des espaces avec son corps. Les cloisons sont assez fines entre la danse, l’art plastique, la vidéo expérimentale; ça nous permet d’avoir une ligne artistique dans plein d’endroits différents.

Sur cette nouvelle édition, est-ce qu’il y a des coups de cœur que vous avez particulièrement envie de défendre ?

Simon :  le fait que ça dure moins longtemps qu’avant, on peut dire les 4 soirs pour cette année !

Estelle : le premier soir c’est l’inauguration, il faut donc évidemment venir ! Il y a d’abord le vernissage d’une exposition, Dichotomies, qui regroupe 7 artistes au Vivarium, suivi d’une soirée sous le titre de Piratages au Jardin Moderne avec un programme de 10 vidéos d’artistes, et deux performances, dont une avec des platines de vinyle ou des ventilateurs qui viennent animer des éléments devant la projection, avec une bande sonore.

JAGUT-OLIVIER-hawai_polis_static

Simon : pour Piratages, il s’agit de manipulation des images. Il y a déconstruction du genre; par exemple il y en a qui reprennent le genre du western, mais complètement trafiqué, et qui le rend presque abstrait. Mon coup de cœur serait peut-être le samedi avec deux vernissages et deux programmations, dont Langages imbriqués au musée des Beaux-Arts, avec plein de langues sans sous-titrages, pour être dans la poésie sonore et visuelle, avec des plans qui se succèdent et qui amènent à la rêverie.

Isabelle : le samedi il y aura le vernissage de Socle pour goutte d’eau à la Minuscule galerie, et celui d’Écrans au Praticable rue des Portes mordelaises; cette exposition est autour des différents supports de l’image, où les artistes s’amusent de passer d’un support à un autre. Le vernissage sera suivi d’une projection, toujours rue des Portes mordelaises avec la carte blanche à l’association nantaise MIRE, Le cinéma et son double.


Projections, débats, expositions, retrouvez tous les événements en détail sur le site de l’Œil d’Oodaaq.

Toutes les informations sur Oodaaq 2015

Du 20 au 24 mai à Rennes

Du 29 au 31 mai à Nantes

Du 4 au 7 juin à Saint-Malo

Envie de réagir ?

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>