The voices : un film sur les chats chafouins et la sauvagerie des hommes.

Un film avec un chien, Bosco, et un chat, Monsieur Moustache, qui parlent et discutent avec leur maître, Jerry (Ryan Reynolds), voilà qui ressemblerait à un mauvais film sorti à la va-vite des usines Walt Disney. Mais l’Iranienne Marjane Satrapi a le bon goût de nous éviter pareille resucée. The voices est un film sur l’Amérique malade, sur la schizophrénie, sur la quête de l’âme sœur, sur la solitude et les faiblesses, voire les faillites, de nous autres, pauvres humains.

Dans une sorte de ville idéale des fifties, Jerry est manutentionnaire. Vaguement niais. Vaguement malmené par la vie. Et en même temps plein de bonne volonté malgré des traumatismes anciens qui font de lui un être différent. Il va devenir meurtrier en série, un peu par accident, un peu à cause des traitements médicamenteux qu’il ingurgite, un peu sur les indications de son chat – éminence grise éminemment maléfique.

C’est évidemment peu crédible – autant que si le Président des States s’engageait dans une guerre intercontinentale sur les conseils de son plombier – mais pourtant ça fonctionne… Jerry s’éprend de la belle et très arrogante Fiona (Gemma Aterton qu’on avait notamment vue en 2010 dans l’excellentissime La disparition d’Alice Creed de J. Blakeson). Les choses dérapent. Le drame s’accélère. Sa psy, le Dr Warren (Jacki Weaver), Bosco et Monsieur Moustache rivalisent de bons tuyaux, mais rien n’y fait, Jerry semble bel et bien mal embarqué. Les voix le troublent. Sa réalité d’employé modèle, qui cherche à rentrer dans le moule tout en bossant dans une fabrique de baignoires dans une bourgade tranquille, s’écaille. La noirceur et la nuit s’installent. L’imagination de Jerry lui joue des tours. À moins que ce ne soit sa réalité qui ait du mal à se combiner avec celle de ses concitoyens… En tout cas, si ça tourne au vinaigre pour Jerry et ses animaux de compagnie, les épices avec lesquelles Marjane Satrapi assaisonne son œuvre relève le tout et on ressort repu de cette tranche de vie illuminée.

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