Ça y est, comme chaque année depuis 6 ans le festival Hip-Hop Dooinit prend ses marques à Rennes. Une semaine active introduite ce mardi 31 mars à l’Institut franco-américain par la projection d’un film, d’un débat, d’une prestation de danse et d’un vernissage, rien que ça !

Placée sous le thème de « vieillir et perdurer dans le rap », la soirée commence par la projection du film Big Words de Neil Drumming. La trame met en scène trois anciens amis, la veille de l’élection d’Obama en 2008, qui ont fait partie d’un groupe de rap 15 ans auparavant mais sans jamais percer. Depuis chacun a fait son chemin. John alias Big Words est devenu un informaticien qui vit alimenté par la rancœur d’une vie ratée, James vit avec son conjoint d’un travail qui lui apporte stabilité mais aussi routine morose et lassante, et Terry reste bloqué 15 ans en arrière, toujours motivé par sa musique mais ceci lui laisse un goût amer dans la bouche. Chacun d’eux portent les stigmates des regrets, du temps qui passe et qui file entre les doigts sans avoir pu saisir pleinement leur chance. Mais c’est avant tout une réflexion sur ce qu’il se passe une fois qu’il faut s’insérer durablement dans une vie quotidienne fade après avoir tenté de vivre de sa passion, en l’occurrence le rap. À travers ce thème central, les difficultés d’insertions dans la société pour les Afro-américains sont développées sous différents angles. Le film laisse la part belle aux dialogues et laisse la musique de côté, se concentrant sur les tracas quotidiens des anciens amis.

S’en suit un débat animé par Sear, initiateur du fanzine Get Busy (aujourd’hui site web) orienté vers la culture hip-hop, qui permettait de faire le parallèle entre les cultures hip-hop US et française. Débarqué en France au début des années 80, le hip-hop est une jeune culture qui ne cesse de prendre de nouvelles formes. Par sa musicalité, sa place dans notre environnement quotidien et de ce fait l’image et le message qu’elle véhicule. Pourtant, déjà, les différentes facettes développées par son évolution constante en font une culture difficile à présenter sous une forme claire et bien définie. Des acteurs des premiers instants tiennent encore la scène à l’image d’Akhenaton, Rockin’Squat, Kool Shen… Mais il leur a fallu s’adapter à ce qui se fait aujourd’hui, pour le meilleur et pour le pire. Un débat difficile à structurer tant le rap en France peut véhiculer tout et son contraire mais qui reste encore et toujours orienté vers le « c’était mieux avant »… La culture hip-hop et le rap évoluent, il faudrait voir les choses sous un autre angle. On trouvera toujours du bon et du moins bon à toutes les époques et il en sera de même pour l’avenir mais pour ceux qui pensent qu’effectivement c‘était mieux avant, alors c’est qu’ils ne sont pas au fait de ce qui se passe à notre époque, parce que le rap n’a peut-être jamais été aussi vivant qu’aujourd’hui. Il est donc difficile de se rendre compte pour le moment de l’empreinte réelle que laisseront les acteurs de ce mouvement dans l’avenir mais une chose est sûre, en ce qui concerne la culture hip-hop en elle-même, sa place est belle et bien acquise dans la société, et pour longtemps.

La soirée se termine sur une prestation de danse de la compagnie Paradox qui jouera sur l’ombre et la lumière, suivie d’une invitation à déguster quelques toasts en contemplant un vernissage de Pascal Sacleux mettant à l’honneur en photographie les acteurs qui ont joué un rôle majeur dans le développement du hip-hop aux USA. La suite du festival se fera en musique tout au long de la semaine, entre rap beatmaking et djing dans les différentes salles de concert rennaises.