La vie est belle : un film de F. Capra dont le titre est, à lui seul, tout un programme (qui tient ses promesses : du rire et des larmes).
En cette période de fêtes de Noël, donc, comment passer à côté de cette séance unique de La vie est belle (1946) de Frank Capra (programmée le 16 décembre, au Gaumont, esplanade du Général de Gaulle) ? Impossible en effet, vous en conviendrez.
Dans la lignée de Lawrence d’Arabie (1962) de David Lean, de Voyage au bout de l’enfer (1978) de Michael Cimino, de Shining (1980) de Stanley Kubrick, des Dents de la Mer (1975) de Steven Spielberg, de Taxi Driver (1976) de Martin Scorsese (pareillement présentés par l’érudit Philippe Rouyer dans le cycle Il était une fois…), La vie est belle (It’s a Wonderful Life) de Capra est bien entendu un chef-d’œuvre. Un immense classique du cinéma américain en noir et blanc. Une plongée, réellement fantastique, dans la middle class de la périphérie new-yorkaise de l’Entre-deux-guerres, au moment de la Grande Dépression – l’un des films préférés de Jean-Paul II, nous apprendra le journaliste Philippe Rouyer. Un film sur l’utilité des bonnes actions. Un film sur les anges-gardiens, sur la volonté d’en finir avec la vie et sur les aides qui nous tombent littéralement du ciel – au moment juste. Dit ainsi, ça peut faire vieux-jeu. Mais ce film sur la bonté et la méchanceté des hommes est délicieusement vieux-jeu. Avec toute l’élégance, la sobriété, les effets spéciaux aussi magiques que surannés, les jeux d’acteurs, l’excellence des plans, les bons sentiments, les bons mots, la vraie fausse neige (le film a été tourné en été, dans le cagnard ; la neige a été importée par camions entiers pour recouvrir Bedford Falls, la ville de 16 km² créée de toute pièce pour les besoins du film), les situations cocasses (quand George – James Stewart – marche sur la ceinture de la robe de chambre de Mary – Donna Reed) et la pudeur qui vont avec. Un film sur le rêve américain et ses failles (partir à l’aventure – ou rester bloqué à quai. Faire fortune – ou faillite. Fonder un foyer heureux et chrétien – ou vivre seul et aigri. Être propriétaire – ou locataire nécessiteux sous la férule d’avides et richissimes exploiteurs de la détresse humaine tels que M. Potter (Lionel Barrymore)). Nous n’en dirons pas plus. Passez simplement de belles fêtes et faites comme George, restez vivants. Voire, si le cœur vous en dit, bons vivants… avec ou sans neige. Avec ou sans l’aide d’anges-gardiens.