Le Bleu est une couleur chaude de Julie Maroh, une bande dessinée parue en 2010. Qu’il convient de relire après le succès d’un film au succès impressionant.
Cet ouvrage ne vous dit rien ? Pourtant primé dans de nombreux festivals, et non des moindres : Bruxelles, Roubaix, Blois, Angoulême ou encore Alger, le livre n’a pas fini de faire parler de lui. Victime de sa gloire ou non, Le Bleu est une couleur chaude est l’œuvre dont s’est inspiré Abdellatif Kechiche pour son fameux film La vie d’Adèle. Cependant, et ce pour les sceptiques et autres rechigneurs des vagues médiatiques effrénées allant jusqu’à nous dégoûter d’un produit sans l’avoir dégusté, il est bien spécifié que La vie d’Adèle est une adaptation libre de cette bande dessinée. On n’y trouve donc pas un simple copier-coller du film (ce qui ne recèlerait que très peu d’intérêt pour un grand nombre) mais une histoire d’amour à la plume délicate et à l’illustration voluptueuse. Ne sont repris dans le film que la trame initiale (et encore) et certains traits des personnages (mais vraiment certains).
« L’amour n’est peut-être pas éternel mais nous, il nous rend éternels ».
Non, ce livre est une œuvre à part entière, une très belle œuvre à la plume poétique et aux personnages émouvants, un hymne émouvant à l’amour, comme le dit Emma, amante et compagne passionnée de Clémentine, quand cette dernière lui demande si elle n’a pas honte d’être homosexuelle « il n’y a que l’amour pour sauver le monde. Pourquoi j’aurais honte d’aimer ? » Cette histoire parvient avec justesse à ne pas tomber dans les stéréotypes très actuels concernant l’homosexualité et pourtant se rattache parfaitement à son époque, mais avec une atemporalité notable quant aux questions que soulèvent ces deux êtres amoureux : l’amour peut-il être éternel ? Quelles sont ses limites ? « je t’aime passionnément… et je t’aime paisiblement… peut-être est-ce cela l’amour éternel, ce mélange de paix et de feu. » Non, nous ne sommes pas non plus retombés dans un film de Jacques Demy, cette histoire émouvrait plus d’une porte de prison et son support, la bande dessinée, est subtilement utilisée, avec finesse et délicatesse, ainsi qu’un soupçon de sensualité, de quoi habiller comme il se doit ces deux êtres passionnés et éperdument amoureu(ses)x.
Le Bleu est une couleur chaude – Une bande dessinée de Julie Maroh parue chez Glénat en mars 2010 – 156 pages – Prix du jeune auteur au Salon de la BD et Arts graphiques de Roubaix en 2010 – Prix Citoyen au Festival de Blois 2010 – Prix du Public au Festival d’Angoulême en 2011 – Prix du meilleur album au festival de la BD d’Alger en 2011