Sur le coin de la scène, Shiva trône sur un autel de pétales de roses. De l’encens envahit l’air du théâtre du Vieux Saint Étienne. Les musiciens s’installent. Le raga commence. Bienvenue dans le Mohini Attam de la Compagnie Prana.
Le Mohiniattam est une danse sacrée du sud de l’Inde exclusivement féminine. Autant vous dire qu’il vaut mieux être un peu curieux. Car cette danse évoque la mythologie hindouiste, en mettant en scène le dieu Vishnou. La compagnie Prana, qui travaille sur les danses indiennes, a ainsi fait se succéder plusieurs pièces solistes, chorégraphiées au 12ème siècle pour certaines, et terminées en duo. Spectacle interprété par deux danseuses, dont l’une des maîtres du genre, Kalamandalam Kshemavathy, celles-ci sont habillées en kavasu (robe blanche et dorée) et richement parées de bijoux dorés; le travail des mains et des yeux est précis, presque du théâtre. Les clochettes qui entourent les chevilles rythment les pas, et accompagnent ainsi la musique.
La musique est appelée carnatique, basée sur le râga, le cadre mélodique traditionnel en Inde, qui exprime un sentiment. Un luth (tanpura) commence (il était ici enregistré), le chanteur s’y associe, rejoint ensuite par un violoniste, puis enfin par le tambour (mridangam) pour dialoguer. Montées et descentes sur les gammes, nombreux changements de rythmes, les oreilles occidentales s’habituent doucement, et il faudrait être spécialiste pour savoir si le râga interprété était strict. Mais qu’importe, ce qui est intéressant c’est l’aspect fascinant qui s’installe au fur et à mesure. Car tout ici est nouveau pour un œil non connaisseur, de la symbolique des gestes aux mouvements du corps, de ces regards qui racontent une histoire tout comme les mains qui se tendent. Quelque chose dépasse la frontière esthétique que nous pourrions avoir, trouvant la danse un peu statique ou répétitive comme cette musique lancinante. Deux options : tenter désespérément d’y comprendre quelque chose, ou se laisser porter. Et sans y prendre garde, les émotions de ce tableau s’en dégagent naturellement, un sentiment enchanteur arrive à s’extirper des expressions du visage et des mouvements.
Au delà de la beauté invoquée par cette danse, la compagnie Prana permet surtout au public de découvrir l’une des huit danses classiques de l’Inde, et l’une des moins connues, le bharata natyam étant devenu plus populaire grâce à Ragunath Manet. Enfin la compagnie Prana va au fond des choses en proposant des conférences, des concerts découvertes aux Champs libres et des ateliers d’initiation.
Mohini Attam – Un spectacle donné le 29 septembre 2012 au Théâtre du Vieux Saint Étienne de Rennes.
Chorégraphié par Brigitte Chataignier. Interprété par Kalamandalam Kshemavathy et Brigitte Chataignier. Chant : Arun Gopinath / Violon : Viju s. Anand / Tambour : Vypeen Sathish
Le site officiel de la Cie Prana
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