Si l’on vous dit Chapelier fou, vous pensez forcément au personnage inventé par Lewis Caroll au XIXème siècle. Le XXIème a trouvé le sien en la personne de Louis Warynski ; multi-instrumentiste, bidouilleur génial, fort de deux albums et plusieurs EP, il sort cette année Invisible, neuf titres inclassables et fort agréables à écouter.
Dans son chapeau magique, le jeune compositeur nous a préparé des titres au patchwork d’influences variées, qui vont de la musique classique et ses échelons harmoniques au hip-hop et ses gros beats qui claquent. Malgré les premières apparences d’une musique synthétique à souhait puisqu’il bricole au milieu de ses machines, il y a tout de même une belle part faite à l’acoustique : d’un côté avec le violon, de l’autre avec les voix des invités (Gérald Kurdian de This is hello monsters pour « Vessel arches » et Matt Elliott pour « Moth flames »). Et à part ça ? Ben ça sautille un peu partout, ça ajoute des grappes féériques dans des recoins quand on ne s’y attend pas, ça crée des ambiances de film mais sans les images (à vous de faire le travail), ça flirte avec des fugues à l’orgue sur « Le tricot », ça se la joue un peu Tiersen sur « Cyclope et Othello ». Mais surtout ça joue du rythme et des basses sans jamais devenir trop lourd, et en restant inventif. Chapeau bas est le moins qu’on puisse dire. Au pire l’oreille sera un peu blessée de retrouver une boucle quasi similaire d’arpèges, au mieux elle sera flattée d’autant de créativité.
Chapelier Fou nous trimballe dans des univers oniriques et imaginatifs, et se place comme certains dans le rayon des artistes électro que l’on ne peut étiqueter ; Ezekiel à l’époque où il avait sorti Barb4ry avait fait pareil. Souhaitons-lui le même succès.
à Rennes Court Circuit #3 les 4, 5 et 6 juin 2013
Invisible – Neuf titres sortis le 26 mars 2012 chez Icid’ailleurs
