Lulu femme nue, ou comment, quand on est une mère de famille harassée, retrouver le goût de l’improvisation. Un film de Solveig Anspach d’après une bande-dessinée très réussie d’Étienne Davodeau.
Lucie rate son train et se retrouve seule à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, où elle passait un entretien d’embauche, lamentablement raté, pour devenir secrétaire. Car Lulu, mère de trois enfants et épouse translucide d’un garagiste bas du front, souhaiterait retravailler. Cet échec et cette solitude imposée par le sort, loin d’être une énième calamité s’abattant sur cette pauvre femme, vont être l’occasion d’un nouveau départ dans la vie. Nouveau départ incarné par Charles, qui sort de prison. Charles, porté par un Bouli Lanners toujours et de plus en plus convaincant, hante la station balnéaire déserte en cette morte saison, accompagné par Richard et Jean-Marie, ses deux frères qui le suivent comme son ombre (Pascal Demolon et Philippe Rebbot) et qui bossent au camping municipal comme hommes à tout faire (et surtout rien).
Dans ce décor de quart-monde, néanmoins iodé et vaguement balnéaire, où, l’été passé, la misère sociale aurait toutes les raisons de prendre le dessus, surgissent pourtant la grâce et la chance, via des rencontres qui vont ramener Lulu sur les voies de l’émancipation et qui sait ? du bonheur. Il y a de la tristesse dans ce film, mais il y a aussi de la poésie, un peu de hargne, une volonté de justice sociale et beaucoup d’émotion. Les âmes effilochées qui le traversent en trimballant les drames petits et gros de leur existence apportent ce supplément de densité.