Piège de Freestyle c’est un concept créé fin 2011 qui réunit à chaque vidéo plusieurs rappeurs, sur des thématiques d’actualité. Avec un succès grandissant sur la toile, l’émission achève l’année 2013 avec un 31e épisode.
Piège de Freestyle est une idée signée Antoine Smith & Grégory Gitsels; d’abord émission de télévision, elle annonce un arrêt en juin 2013 et continue finalement sur sa chaîne Youtube. Un virage qui avait inspiré une vidéo sur l’absence du rap à la télévision, et comme à leur habitude avec pas mal d’humour; ce à quoi les Inrocks avaient répondu par un édito qui peut faire couler de l’encre pendant longtemps. Entre ceux qui nient la position de poil à gratter du rap et ses propos, ceux qui croient que le rap est ce qui passe sur Mcm, et ceux qui sont prêts à vendre leur mère pour une punchline, on est dans de beaux draps. Force est de constater que certains ont oublié que malgré la litanie du « boycott » dans les textes, il y a aussi tous ceux qui parlent de sous-culture et que l’Hexagone a (complètement ?) raté le train du hip-hop. Mais là n’est pas le sujet, chez l’Imprimerie on a des oreilles et on aime bien écouter des samples et des textes, et surtout on a bien aimé ce Piège de Freestyle #31.
D’abord parce qu’on y croise des mcs qui ont eu des projets cette année : Liqid contre le reste du monde sorti au début du mois, Hippocampe fou qui a fait son Aquatrip, Starlion et son Sacre du chat, Lomepal et sa foutue perle. Ravis de croiser Cyanure d’Atk, Tony de Puzzle, L’Indis, et puis de découvrir des noms comme Josman vainqueur du dernier End of the Weak, ou encore Andy Kayes qui sort un projet prochainement. N’ayant pas la possibilité d’aller tourner une vidéo au pied de mon immeuble, je remercie Youtube de me laisser créer une playlist de ce dont vous entendrez encore sûrement parler en 2014.
On peut répondre beaucoup de choses à tout ça. D’un côté, Némir qui dit en interview : « La nouvelle génération de rappeurs, c’est aussi une nouvelle génération de public. Mais c’est aussi une nouvelle génération de chroniqueurs radio, et même une nouvelle génération d’instituteurs ou de politiques ! Peut-être qu’un jour, comme aux États-Unis, le président aura un album de rap près de lui, comme Jay-Z avec Obama. C’est évident même. Quand le rap est arrivé, c’est clair qu’il a fait peur. Mais aujourd’hui, ça transgresse moins, et même si des rappeurs continuent à transgresser, c’est devenu inclus dans le conscient. C’est imprimé dans la société. Les clichés d’il y a quinze ans, les « wesh wesh ghetto », ça existe encore dans le rap, mais l’inconscient public ne résume plus le rap à ça. C’est de la musique. On s’en fout d’où elle vient, la seule question c’est est-ce qu’elle est bien faite ou pas. » De l’autre Cesko (Kyma) qui dit : » Le rap, c’est la musique que j’aime le plus avec le reggae. Et je suis obligé de reconnaître que ce sont probablement les deux mouvements musicaux les plus sectaires. Il y a des gardiens du temple dans le rap. » Et au milieu, un Sept qui dit simplement que « Moi je ne crache pas sur la merde, elle fait même parfois du bien. Ce qui m’ennuie par contre, c’est que la merde prenne toute la place et empêche le reste d’émerger » en précisant ensuite qu’il est emmerdé de voir toujours la même image des jeunes de cité projetées dans les médias, alors que même en cité, on trouve même des véliplanchistes (noble sport en passant).
Thomas Blondeau n’a pas tout à fait tort sur certaines choses, mais est effectivement un peu à côté de la plaque sur le point d’appui censé servir son propos. Piège de Freestyle n’est sûrement pas le meilleur point de départ pour parler de ce sujet. Alors finalement, la meilleure réponse reste celle d’Antoine Smith (équipe Piège de Freestyle) publiée en commentaires sur les Inrocks : « C’est justement en réaction au Rap que vous citez que Piége de Freestyle existe, et nous déplorons que le notre ne soit pas mieux représenté dans les Médias. Vous faites, me semble-t-il, et une fois de plus, un amalgame, doublé d’une vision sélective. «
Que l’Imprimerie continue à assurer avec ses oreilles, à défaut de vidéos au pied des immeubles (mais ça viendra on espère !) !