Free-party, teuf, rave, teknival, les appellations sont nombreuses. Réprimées sévèrement ces derniers temps par confiscations de matériel, les organisateurs de ces évènements avaient prévu sur le même week-end des TransMusicales de Rennes les 7 et 8 décembre une manifestation qui a fait du bruit. À peu près autant qu’un caisson de basse.
Samedi 7 décembre en après-midi, la rocade est bloquée. Environ 500 véhicules manifestent en réaction à la répression au gaz lacrymogène d’une soirée organisée par Enket2tek courant novembre. Une vague de sanctions grandissante cette année que les associations sanitaires présentes sur ces évènements condamnent.
Alors voilà, un aussi grand rassemblement, d’une part militant, d’autre part festif pour la free organisée le soir même sur le site de Pont-Réan qui a réuni près de 15 000 teufeurs, ça fait du bruit. À Rennes, que ce soit plaine de Baud, désormais rasée, pour les 15 ans de l’Élaboratoire où plus d’un millier de personnes ont pataugé dans la boue en 2012 ou lors des soirées organisées au 48, on connaît les teufs, on connaît même les groupes qui y passent et qui sont parfois programmés dans certains bars. Car le mouvement des free-parties n’a pas dégonflé depuis la première organisée en France en 1993 ; un phénomène grandissant que les pouvoirs publics rejettent en bloc. Ou comment se voiler la face. Les réactions bien souvent sont les mêmes ; drogues, nuisances sonores, personnes marginales. C’est vrai que la drogue dans une techno parade ou dans un évènement massif à Ibiza, c’est pas pareil ; les gens ne mettent pas de bottes, et c’est vachement plus classe. Les mêmes discours qui aiment à mettre les gens dans des boîtes, à généraliser, à rejeter toujours le problème sur les autres au lieu de regarder la poutre qu’il a dans l’œil. Rappelons tout de même que de nombreuses manifestations sont illégales suite au refus d’autorisation pour des évènements légaux ; certains arrivent tout de même à avoir lieu comme la Sweat Lodge de février 2013.
La photo qui a pu intriguer certains du matériel de sonorisation en train de brûler est une action du soundsystem T.lsco.P qui s’explique via ce communiqué.
« Plutôt tout cramer que se faire saisir ! Pour clarifier les choses :
- Si l’on a décidé de brûler ces caissons, ce n’est pas du fait d’une menace de saisie imminente, mais bien pour faire passer un message. La saisie est sans doute le seul véritable moyen de pression que les forces de l’ordre ont sur nous. Brûler nous-mêmes nos caissons leur montre que l’on est prêts à tout pour organiser nos soirées, et que l’on recommencera, encore et encore.
- Ce système était rincé, les HP étaient grillés pour certains, le son était dégueulasse, le bois moisi, mangé de champignons… bref, absolument irrécupérable. Pas une grande perte en somme, et ne vous inquiétez pas il nous reste largement de quoi faire ! La valeur d’usage de ce matériel était bien en-deçà de la valeur symbolique de cette image ! (…)
- Les experts juridiques auto-proclamés, les donneurs de leçons pas foutus de se bouger le cul pour organiser des soirées, ni de donner plus de 50 cts à la donation, et qui se précipitent bouffer à Mc Do en retour de teuf, ne nous en voulez pas si l’on ignore les conneries que vous débitez tout au long de cette discussion. Le débat d’accord, mais les « fils-à-papa » et autres débilités de ce genre, franchement gardez-les, ça vous évitera de dire des imbécilités.
- Dans la vie, il faut parfois avoir le courage de mettre en adéquation le discours et les actes. Brûler du matériel pour défendre un droit, qu’y a-t-il de déplacé là-dedans ?
- Et de s’entendre dire qu’on pourrit le mouvement free, alors qu’on fait tout notre possible pour mettre sur pied des soirées (légales comme illégales) et qu’on a fait cette action pour faire passer un message que l’on pense pouvoir profiter à tous… sincèrement, on n’a qu’une seule chose à vous dire : « Allez vous faire foutre ». » T.lsco.P
Il y a des questions, sur cette manie de rejeter les évènements auto-gérés, et ce quelles que soient leurs caractéristiques. Des questions sur le son, sur la liberté des uns (qui soi-disant commence là où s’arrête celle des autres). Il y a des questions, et il y a des photographes aussi qui ramènent des images. Et qui sont bien plus enthousiasmantes que la une des tabloïds habituels.