Du 20 au 29 mars, le festival Dooinit pointe le bout de sa sono. De ce fait, La Revue de 16 consacre ce papier numérique numéro 27 aux artistes présent·es lors de l’évènement ! Ami·es rennais·es et des alentours, il est temps de préparer ses grandes ou petites oreilles pour applaudir Apollo Brown, Marco Polo, Pumpkin, Lynx Irl, Jewel Usain, Triptik et cie ! Enjoy it !

« Booty shake en body, nouvelle clique, talon

Je motive au dick pic et vas-y dis « camion »

J’aime une éthique canon

Pas un truc dans mon drink

Pourquoi faut-il qu’on explique un nom ? »

Pumpkin – Charabia

LA REVUE 2 SONS (ce que vous allez vivre au Dooinit Festival)

Pumpkin

Non, l’orange n’est pas utile que les soirs d’Halloween ou qu’en politique. En tant que « Queen Size », Pumpkin montre même le chemin sinueux où le moindre combat se transforme en un nouvel EP nommé…Victoire ! Un 4 titres qu’elle vient mettre en scène après avoir été accompagnée au violoncelle par François Poutou (avec un nom pareil, on a envie de l’aimer) pour diffuser des Arômes Complexes. Pumpkin, rappeuse nantaise avec déjà 7 albums à son actif (ou plutôt « sacré passif »), ne mâche pas ses mots pour mettre en miette les discours mascu (et ça fait du bien). Aussi à l’aise dans la langue de Molière que celle de Shakespeare, Pumpkin lance des chants de victoire « melting-hip-pop » dans un autre « Charabia » (et quelle beauté ce son). Un beau pied de nez à la découpe budgétaire liée à la culture ? So Make Boombap Great Again !

« Y a beaucoup d’docteurs mais beaucoup n’ont ap tout c’que l’on prescrit
On lance des pogos de style punk
Ils le font pour l’biff, nous pour qu’ça découpe
J’écoute des artistes sous-cotés, le reste me dégoûte »

Jewel Usain – Je reste là

Jewel Usain

Il aurait sorti le meilleur disque de l’année 2023 selon RadioFrance. « Qui ça, qui ça ? » C’est Jewel Usain ! C’est pas « Compliqué », le rappeur né à Argenteuil en est à 14 années de bons et loyaux services dans la culture rap avec plusieurs disques et EP. Jewel Usain est largement sorti vainqueur (dédicace à Pumpkin) avec Où les garçons grandissent. Pour preuve, le morceau « Turquoise » par Saintdoss. L’histoire ne dira pas s’il s’est inspiré de Dominique A. concernant ce titre… ou presque. Accueilli dès l’ouverture par des touches de piano, plus nerveux en compagnie de Prince Waly sur « Eleanor », punk sur « Nouvel Export » : Jewel n’a pas un morceau pareil ! Une plume à part avec une histoire à la clef en résumé. Mais il suffit pas de résumé, il faut écouter en entier !

Shibuuya !

Ils aiment le jazz, les animés et font leurs illustrations eux-mêmes. Voici comment se présente tout simplement Shibuuya ! L’impératif est de mise, et on comprend pourquoi tant on se sent obligé de groover et de danser en écoutant les sons ! Pros des lives sessions, les Lyonnais briseront vite la glace rennaise avec leur basse, batterie et synthé. Référence certainement à l’un des 23 arrondissements spéciaux formant Tokyo, Shibuuya ! explore le break-beat sous toutes ses formes, tout droit inspiré du Japon et de son univers futuriste et cyberpunk. Une étiquette ne sera pas suffisante pour qualifier le trio ! Mais ça envoie patate !

» Je veux pas faire ce qui l’a déjà été, mais incarner la variété
Divertir quand c’est pas l’été, diversifier sans m’arrêter
Pop et puis be-bop, électro, punk et puis rock
Bossa nova et merengue, casatchok et puis reggae
Et du rap mais pas d’illettré, chaque track est un p’tit bébé
Dans le casque mets-moi 10 db, pour moi ça c’est la vie rêvée «

Black Boul’ (Triptik) – Pas de doute

Triptik

Comme à l’ancienne ! Formé en 1994, un groupe de rap parisien sortait ses premiers morceaux dans l’âge d’or et presque d’argent du rap. Dabaaz, Black Boul’ (Greg Frite) et Drixxxé sortaient « Bouge tes cheveux », « Panam » sur l’album Microphonorama. Après un échec suite à la sortie de TR-303, le crew se sépare en 2004 avant de se reformer en 2012 pour sortir un EP nommé Depuis avec Dj Pone derrière les platines. Après des orientations solo, on les retrouve de nouveau depuis 2024 avec une compilation sortie pour l’occaz’. Une histoire de haut et de bas dont ne se cache pas le groupe quand ils avouent en chanson qu’ils « n’étaient pas les plus grands bosseurs » un peu comme Gringe ou Joey Starr. Une chose est sure, Triptik va remettre le couvert et faire réagir la scène comme on aime !

Apollo Brown & Marco Polo

Est-il encore nécessaire de les présenter ? Évidemment oui pour les néophytes ou pour pousser l’expertise. Je connais très peu de rappeurs, pros ou amateurs n’ayant jamais rappé sur un beat de ces MC et maîtres du boom bap. À ma gauche, nous avons Apollo Brown, digne héritier de la scène hip-hop de Detroit avec une trentaine d’albums réalisés en collab’ ou en solo (oui, une trentaine) ! De l’autre, Marco Polo et ses classiques, notamment reliés majoritairement à Masta Ace, un autre rappeur de renom. Apollo Brown a sorti récemment This, Is Not That en mettant en évidence des liasses d’argent sur la pochette de l’album. Une sorte de Not Like Us à la sauce boom bap quand Marco Polo sortait Richmon Hill en 2024 avec Masta Ace. En bref, deux monuments de l’histoire du hip-hop. Et dire que l’un deux pensait arrêter le hip-hop à cause de l’industrie musicale. « Quelle chance, quelle chance d’habiter la France ! Heureusement que le Doiinit face preuve de compétences ! » Allez, c’était gratuit !

« J’essaye de rester positif c’est dur
Mais y a pas de fumée sans fun
Ils voient le futur dans les films, j’ai vu
l’avenir dans un Fouquet’s en feu
Je me demande encore pourquoi
Jouer les crevards si on meurt tous à la fin
Ils se demandent encore pourquoi
Les arabes n’sont pas comme dans Aladin »

Lynx IRL – ZBL

LYNX IRL

« Je compte pas attendre trois cents berges » ! Si vous n’avez aucune musique en tête, celle-ci va vous retourner le cerveau en mode « repeat ». Rappé sur de l’électro effréné, ou des sons plus « chill », ça le fait carrément avec LYNX IRL ! Qualifié de rap électro, la rappeuse nordiste navigue, mélange, dilue en n’hésitant pas à faire rire, en parlant plante sur « Crocus » ou faire réagir en dénonçant le racisme en une ou deux phrases. C’est neuf, c’est frais, il y a quelque chose de spontané dans le son et les propos qui ravira les hippopeurs ! C’est donc ça, la fraîcheur de nord ? Non, certainement la brise qui annonce l’arrivée imminente d’une « Humaine » en devenir qui griffe encore un peu vos canap’. Donc n’hésitez pas à suivre les premiers pas du Lynx dans la vraie vie et sur l’espace scénique ! « Comme à la maison ! »

Et n’hésitez pas à retrouver aussi Illnoledge, Ebony Winter, Moses Yoofee, Smif-N-Wessun, Kiefer Trio, Quinette, HomeBoy Sandman, DJ Stresh, Dj Jim, Ben Junior et compagnie durant le festival Dooinit ! Et oui, il y en a du beau monde : https://dooinit-festival.com/dooinit-festival-2025

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