Il y a des premiers disques qui savent directement toucher quelque chose de profond. L’album Mountain Dreamer signé du musicien Clément Lemennicer fait partie de ceux-là. Et vous auriez tort de passer à côté.
C’est un disque fait de silences et d’harmonies. De guitares qui flottent comme les nuages par-dessus la vallée et de voix parfois tout aussi aériennes. Le guitariste (trompettiste aussi) et compositeur Clément Lemennicier, que certain·es auront entendu au sein de Bumpkin Island, ou encore comme invité sur les albums, entre autres, de Laetitia Sheriff ou Totorro, sort en cette fin 2024 un premier album. Mountain dreamer débute avec « The Line » et des arpèges que n’auraient pas renié des Jeff Buckley ou autre Elliot Smith. Puis la voix vient s’y déposer, y résonner, et les notes continuent, s’étoffent, s’amplifient, avec leurs variations, et un léger frottement tonal au démarrage qui insuffle une légère instabilité : comment se tenir au sommet de la montagne ? Alors Clément Lemennicier observe, il marche à travers « every silence ». On pourrait parler de folk, on pourrait parler de rock, on pourrait mentionner le jazz, mais on n’y arrive pas. La beauté ne mérite pas d’étiquette, comme la ballade « Yellow on the sea » qui inspire et expire le mot « love » avec une puissante montée vocale, à plusieurs voix. Tout le disque se joue sur des points d’équilibre, une sensation de vide comme d’entièreté, entre la légèreté et la profondeur, avec des harmonies qui se jouent de la dissonance. Des boucles sonores qui se répètent, puis d’un coup prennent un autre chemin, dessinant des paysages, des pensées fugaces. Des sensations de contemplation, ces moments où il se passe tout et où du même coup il ne se passe rien. Jusqu’au final « The Host », point culminant de cette montagne où il fait bon rêver. Il faut continuer de rêver.