Un recueil de textes qui fait la part belle à la poésie autant qu’au réel, l’écriture pour le traverser, dessiner une sorte de contour aux luttes sociales. On est les gens, un livre de Sophie G. Lucas paru chez La Contre Allée.
« Je me révolte, tu te révoltes, elle se révolte, il se révolte, nous nous révoltons. Conjuguées à toutes les personnes, à tous les temps, les révoltes d’hier et d’aujourd’hui résonnent entre elles. Se dessinent ainsi des portraits de gens ordinaires pas si ordinaires. » Extrait présent en 4ᵉ de couverture
Poétesse française née en 1968 (le hasard fait-il des choses ?) mais aussi AESH (accompagnante d’élèves en situation de handicap), Sophie G. Lucas a l’écriture forte. Sans détour, elle plaque la poésie à travers son regard documentaire. L’occasion pour l’éditeur La Contre Allée de republier Assommons les poètes, autre texte de l’autrice, mais aussi son premier roman, Mississippi. 2023 serait donc l’année Sophie G. Lucas, tout du moins celle de ses écrits. Mais revenons à ces fameux gens.
« Les mots tombés fracas j’attends. Je ne sais pas quoi mais j’attends ». Extrait de « Tournesol », page 134
Il y a ceux qui achètent des tickets perdants page 24, ceux qui se noient en mer page 47, mais aussi pages 48 et 49, ou encore page 53, ceux qui font 80 km par jour pour aller travailler comme Armand page 63, il y a aussi ces artistes Blaise Cendrars, Patti Smith, Dominique A, Emily Dickinson, pour ne citer qu’elleux qui émaillent les pages et les références de l’autrice, qui retranscrit en première partie un plan séquence de « La reprise du travail aux usines Wonder » (1968), reprise du travail qui dit aussi consomme et ferme ta gueule dans la bouche de Fabrice, artisan page 65, parce que Sophie G. Lucas trace un fil entre les gens d’hier et ceux d’aujourd’hui, elle parle même sûrement d’elle dans « Angle mort » autour de la page 100 en interpellant les écrivains « donnez-nous de la beauté ou des cartouches pour nous révolter », alors voilà dans ce livre il y a des gens qui dansent, qui meurent, qui souffrent, qui soufflent, et le recueil finit par donner ce sensible portrait collectif, percutant et tout plein de morceaux de mots des gens qui eux aussi parlent à travers les lignes de Sophie G. Lucas. Point.