Nouvel opus aussi sombre que scintillant : We Dust de la formation Trunks parait ce mois-ci. Un régal rock à savourer dans un écran de guitares et de souffles.
20 ans d’activité pour la formation rennaise Trunks, montée à l’occasion des cinq ans du Jardin moderne en 2003 ; c’est donc sans surprise qu’ils y feront la release party de leur 3ᵉ album le 18 novembre. Un troisième opus intitulé sobrement We Dust produit, mixé et masterisé par Thomas Poli qui ne manque pas d’être captivant. De bout en bout. D’abord parce qu’on y retrouve la voix de Laëtita Sheriff (quand ce n’est pas celle de Florient Marzano), un souffle qui répète et martèle parfois comme sur « Edgeways » ou « What is fantasy », portant une poésie à laquelle répondent les grappes de notes du saxophone de Daniel Paboeuf sur le sublime « Blood on Poppies* ». Ensuite parce que l’harmonie, encore et toujours, des guitares qui semblent s’associer dans des accords lancinants, quasi hypnotiques, avec une batterie intelligible portant les montées en puissance, et une cadence, vivace, vivante. Une place qui est faite autant à l’instrumental qu’au vocal, avec des brisures, des fêlures, des ruptures comme sur « Norbor », où les motifs mélodiques se succèdent, s’alternent, dans une progression à la puissance implacable. Avec We Dust, Trunks signe après dix ans d’absence studio un retour à l’esthétique rugueuse sans arracher, mélancolique sans pour autant sombrer dans l’obscurité. Trunks, ou comment faire scintiller la poussière dans une lumière improbable.
* « Du sang sur les coquelicots ».