[Portrait] Brice Benedetti, l’art de la feuille

Relieur, imprimeur végétal, photographe, Brice Benedetti est un artiste rennais qui aime la nature et s’en inspire. Membre de l’atelier Bonjoure, rencontre avec un créateur aux branches multiples.

 

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■ Est-ce que tu peux nous résumer ton parcours d’artiste plasticien ?

Il commence aux Beaux-arts, un parcours classique. Ensuite parcours classique d’après les beaux-arts : on fait quoi ?! Pendant un an tu galères, tu cherches. J’avais fait un sujet de diplôme sur présence/absence, puis sur la trace. Et après, j’ai travaillé sur le vide ; vu qu’après les beaux-arts tu te retrouves dans le vide je me suis dit « mais quelle beau sujet ! » J’ai travaillé sur le vide pendant 3-4 ans avec du dessin, de la découpe, le livre. Puis après une expérience personnelle j’ai changé de sujet. Je me suis demandé ce qui me plaisait, la réponse ça a été les plantes.

■ Est-ce qu’il y a une raison particulière à ce sujet d’inspiration principal ?

Ben ça me détend ! (sourires) Non mais c’est vrai ! Il paraît que les plantes détendent les gens, il y a eu des études là-dessus. J’ai toujours été dedans petit, puis après quand tu te penches un peu plus dessus, sur l’environnement, comment les plantes dialoguent entre elles, ça devient encore plus intéressant que « j’ai planté mon fraisier ! »

■ Tu utilises directement des plantes dans tes œuvres ; comment ça se déroule cette préparation ?

Je me balade, des fois ça tombe devant moi le long de mes trajets, je me dis ça c’est intéressant, je sais pas ce que je vais en faire mais je le mets de côté ! Des fois des personnes me ramènent des choses car ils savent que je travaille dessus. J’expérimente, des fois ça marche, des fois pas…

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■ En ce moment tu présentes l’exposition Ramifications infinies, peux-tu nous en dire un peu plus ?

À l’Attrape-rêve, il n’y a pas de photo, il n’y a que des réalisations à base de collages et d’impressions. Les impressions ce sont des empreintes de plantes, ça rejoint un peu le thème de la trace. J’ai été stupéfait avec cette technique de la passer sous la presse d’avoir l’empreinte quasi photographique de la feuille, alors qu’ensuite elle n’existera plus. Ça colle bien avec ce que j’essaie de travailler. Les autres œuvres sont plus orientées sur le cerveau, comment le représenter, de faire le lien avec une sorte de zone positive dans le brouhaha d’ondes négatives ; je me suis renseigné c’est plus facile de garder le négatif que le positif ! Comment on mettrait en images tout ça ? J’ai essayé de symboliser par le dessin les choses négatives, et les récoltes fournies par la nature d’y associer les choses positives.

■ Est-ce que le land art tu le pratiques ?

Plutôt quand je fais des ateliers, mais pas dans ma technique propre. Je travaille beaucoup à l’intérieur. C’est assez aléatoire à l’extérieur, j’ai un énorme respect pour ceux qui font ça, mais j’essaie de faire des choses minutieuses, qui prennent du temps, dehors c’est pas possible pour moi.

■ Tu parlais de minutie, les œuvres qui sont sous cloche te prennent combien de temps ?

Ça dépend. L’espèce d’arbres fait en queue de tomates cerises, la composition s’est faite rapidement. La première par contre avec le cerveau en découpe laser avec les fleurs qui en sortent ça a été plus long ; j’avais l’idée, mais comment la réaliser…

 

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■ Comment tu perçois la nature en ville où l’espace urbain grignote tout ?

Dernièrement j’ai pas pu résister sur les réseaux sociaux, les gens postaient des choses sur la nouvelle place Saint-Germain « oh elle est magnifique cette place » ! Je réagis rarement mais là ça me démangeait… cet endroit c’est un amas de béton, minéral, c’est froid, y a une dizaine d’arbres, quelques-uns qui sont déjà morts. J’ai donc dit que je pensais qu’il devait y avoir plus de végétaux, ça a tout de suite lancé un grand débat, « mais y a le métro en-dessous, comment tu veux faire » ; y a pas forcément besoin de creuser un trou pour végétaliser ! Je trouve qu’on a pas encore vraiment conscience de ce qu’il y a besoin pour la nature en ville, cette place va être un four alors que les canicules arriveront de plus en plus… Les arbres en pot j’en ai marre, c’est la spécialité des métropoles.

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« Intervenir, mais de façon délicate »

 

■ Justement nous sommes dans le jardin de l’atelier Bonjoure, il n’y a pas d’arbre en pot, tu nous parles un peu de ce jardin ?

Ce jardin il était un peu à l’abandon quand on est arrivés. Il a fallu que je mette mon grain de sel dedans. On a souvent tendance a essayer de quadriller la nature pour qu’il n’y ait rien qui déborde, c’est pas du tout mon esprit ! Justement que ça ressemble à quelque chose de naturel ; j’ai essayé d’apporter des petites touches mais laisser la nature faire toute seule. Intervenir mais de façon délicate, et laisser faire le reste.

■ C’est quoi la suite de l’aventure ?

Lors des dernières portes ouvertes, un professeur d’arts plastiques à Broons m’a indiqué qu’ils avaient une galerie pédagogique dans leur collège ; donc normalement je devrais y faire une exposition et des ateliers dans les classes autour de la nature.

■ Avant de terminer, quel serait ton espace naturel favori ?

C’est compliqué comme question ça ! Quiberon, à la pointe. Là il y a deux kilomètres de long d’espace protégé où rien n’est modifié. Et au bout y a la mer. Et là c’est magnifique. Tout au bout là où il n’y a rien, à part la nature.

■ On en revient au vide…

Oui, mais rien c’est du plein en fait. En terme de nature c’est ça, parce que tu n’as que ça.

Et ton dernier coup de cœur artistique ?

Anne Bernachin.

 

 Le site de Brice Benedetti


L’info en +

Ateliers enfants le mercredi 27 octobre prochain de 15 à 17 h // adultes le samedi 30 octobre de 10 à 12 h.
► Inscriptions : atelierbonjoure@gmail.com  25 € par personne

 

 

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