Une fois n’est pas coutume, l’Imprimerie est partie à Nantes pour assister à l’un des concerts du festival Hip Opsession qui se tient jusqu’au 9 octobre. Dimanche 3 sur la scène du Ferrailleur, ce sont Drache, Vîrus et Rocé qui y étaient annoncés. Report subjectif en images.
Après une introduction de Drache (venu du Mans), c’est au tour de Vîrus d’occuper la scène avec DJ Blaiz’. Fort d’une actualité ultra fraîche avec des titres qui datent d’il y a dix ans, le emcee qui n’hésite pas à se jeter d’un pont au milieu d’une chanson arrive en mentionnant bien le choix dans la date : « C’est dimanche, il pleut, tu t’es fait tej’ par ta fe-meu ». Il ne pleuvait pas sur Nantes ce soir-là* mais Vîrus est pas là pour le point météo (moral au beau fixe, légère brise dans le « Cafarnaüm »); plutôt venu ambiancer la salle avec les titres de son hit-paradis tous aussi joyeux les uns que les autres.
« Tu nais et pis taffes ; tu meurs, épitaphe
Ne restent que quelques mégots et des pistaches
Restées fermées pour l’occasion
De toute façon, ce n’est qu’un héritage de location
Tu peux être à fond dans ta passion, mourir restera ta vocation » Des fins
Alternant les titres de ses différents EPs, de « Champion’s league » à « Période d’essai » en passant par « Marquis de Florimont » ou « Zavatta rigole plus », il laisse ici de côté ses derniers projets plus « littéraires », Les Soliloques du Pauvre et Schtilibem41 pour nous la faire à l’ancienne façon « Ouah l’bâtard** ». On aurait bien aimé déguster des nouveautés, mais à part un p’tit bout de « Avec des (si) » (sans Deadi) le public aura dû (avec plaisir) se contenter d’écouter les titres qu’il a déjà cramé maintes fois dans ses enceintes.
Pour ceux qui ont un peu du mal à rentrer dans « Le vif du budget » ou qui ne trouvent rien pour accrocher « leurs troubles manteaux » (« Navarre (Self Madman) »), pas de panique : « Avec ou sans toi la nuit se lèv’ra » nous rappelle « La nuit se lève », titre qui était sorti sur l’album d’Al Tarba en 2017. Une fois délivré ses « Nouvelles du fond », je me suis dit que c’était un peu court, mais quand on n’aime on compte pas.
C’est ensuite au tour de Rocé de monter sur scène, avec le titre « Jingle Bells », issu de son dernier projet Poings serrés (et annonçant un album à venir).
« En apnée, monte à la surface pour décrire
Tellement rien à dire, là-haut toujours le même délire
On a rien raté mais le pire, comment te le décrire
Que les MCs appellent punchline ce que j’appelle écrire » En apnée
Rare emcee à rapper comme un adulte, toujours « assis sur la lune », la plume de Rocé décrit nos « habitus » : « T’as pas encore conscience que le langage est ton passeport // Plus tard, faudra qu’tu parles bien ou bien que tu parles fort ». Rocé, lui, parle haut et clair, quelque part entre « L’être humain et le réverbère », avec comme une envie de « Changer le monde » à travers les yeux des damnés de la terre.
« Pourquoi j’avance tout droit, ignorant les « on dit » ?
Parce que quand les gens parlent, les gens parlent et parlent trop » Les gens parlent
Rocé enchaîne les titres, « Sourcils tellement fronçés que tu peux skater sur mon arcade », le flow ne vacille pas malgré le « Besoin d’oxygène ». Les titres avancent, comme écrits « Pour l’horizon » parce que « si peu comprennent’. On a espéré un feat avec Vîrus qui n’est pas venu. J’ai encore trouvé ça trop court, et comme c’était la première fois que je voyais Rocé, j’étais un peu émue, j’ai un peu foiré mes photos. Mais c’est pas grave, j’suis restée assise sur la lune (à faire du skate sur des sourcils froncés).
*N’en déplaise à Barbara
**Placé là juste pour faire un clin d’œil à un pote qui pouvait pas venir