Jukebox #14 : la sélection estivale

Été pluvieux été heureux ! Et c’est une pluie musicale que nous proposons dans ce Jukebox #14, où se mêlent musique traditionnelle, contemplative ou amour des mots. Bonnes découvertes !

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Tempo tempo ! – Fixi & Nicolas Giraud


 

Avril 2020 : le batteur nigérian Tony Allen décède. Quel meilleur hommage, un an plus tard, que de reprendre son message, Tempo Tempo ! pour un disque qui fait la part belle au(x) rythme(s) ? Les musiciens (et amis du musicien) Fixi (compositeur et accordéoniste) et Nicolas Giraud se lancent dans cette aventure pour 12 titres, comprenant de nombreuses collaborations (Maïa Barouh, Djeudjoah, la chanteuse yoruba Ayo Nefretiti, Fataï Rolling Dollar, mais aussi Tunji Allen, le petit-fils de Tony). Une célébration comme les deux artistes l’appellent, et qui réussit à enivrer presque comme un concert d’afrobeat. Et qui donne envie de dire que « La vie est belle ».

12 titres – 25 juin 2021 – La Familia


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Ô lake – Gerry


 

En sous-titre de l’album : music inspired from the motion picture. Gerry de Gus Van Sant, road-movie sorti en 2002 en l’occurrence. Ce qui ne constitue pas une surprise pour la musique cinématographique et contemplative du Rennais Sylvain Texier qui est derrière Ô Lake. Faisant suite à une proposition du festival Travelling, le musicien revisite donc à sa manière la toile musicale des images, jouant sur le temps, la lenteur, et des ambiances mélancoliques. Un voyage de 11 titres à déguster pour se perdre, comme dans le superbe titre final « Lost ».

11 titres – 4 juin 2021 – Patchrock


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Aèdes – Camin Sobiran


L’album Camin Sobiran du duo Aèdes (Lutxi Achiary et Thomas Baudoin) peut être à juste titre et sans en rougir être classé au rayon musiques traditionnelles ; celles qui racontent ici des histoires du répertoire gascon ayant survécu en tradition orale. Les histoires d’un territoire dont la langue reste un fil rouge (et nul besoin de la parler pour en ressentir les racines). Des chansons sobrement accompagnées au tambourin à cordes dont on ressent le corps à la première écoute, bien loin d’un pseudo folklore désuet. Celui-ci est habité, vibrant, et suit donc le « chemin souverain » ; un chemin intimiste que parcourt le duo Aèdes à l’unisson ou en polyphonie, sublimant les aigus d’un « Aqueras Montanhas » rendu fascinant avant de clôturer la route a capella avec « Vrè diu de mas amors ».

8 titres – 21 mai 2021 – Pagans

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ARM – Temps réel


 

Après son dixième album Codé en 2019, ARM revenait en juin avec 6 titres ; comme pour parler de l’époque en Temps réel, ici sur des productions de Sçlé. Celui qui a « juste le monde à refaire » et invite à changer de cap (« Code source ») garde une écriture trempée au(x) monde(s) urbain(s) mais tournée vers les étoiles ; ARM poursuit donc son exploration verbale singulière, sorte de mélange entre réalité et rêve comme dans l’univers du mangaka Satoshi Kon qui apparaît en référence. Loin « du bruit des hommes », ARM continue de rapper dans les vapeurs nocturnes, comme une poésie nébuleuse sous un « Ciel rouge ».

6 titres – 11 juin 2021 – Yotanka

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Yom – Celebration


 

Là où le clarinettiste à l’univers klezmer Yom fonçait dans le rythme dix ans plus tôt avec With love, c’est ici la lenteur qui est mise à l’honneur pour ce nouvel opus, Celebration, en duo avec le pianiste Léo Jassef. Un disque sobre, laissant la clarinette déployer son teint feutré et onirique, qui voudrait presque redonner à l’adjectif « beau » un sentiment de fascination. Même si l’artiste impulse des titres plus dynamiques comme “Longing For The Beat” ou “Ancestors Dance”, la majorité de l’album s’avère contemplative ; introspective tout en regardant le monde les yeux grands ouverts. Un disque précieux comme il en existe peu.

11 titres – 28 mai 2021 – Komos records

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Ultra Light Blazer – Patience


 

C’est un quintette qui n’a pas le rap dans sa poche. Ou le jazz. Les deux courants musicaux (bien plus poreux qu’on ne le pense souvent) se mêlent avec brio dans le premier album du groupe Ultra Light Blazer intitulé Patience. Scratches discrets sur « Brass Knucklez », successions d’un jazz fiévreux au clavier (« Radar part 2″), jeux rebondissants du saxophone, le groupe ose les virages rythmiques et stylistiques, pour un ensemble assez jubilatoire qui ne donne qu’une envie : découvrir le projet sur scène.

12 titres -  18 juin 2021 – Collectif Veston Léger

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Squid – Bright green field


 

En manque de rock ? La bonne surprise de saison vient d’Outre-Manche, de Brighton plus précisément, avec le premier album du groupe Squid. Bright green field est un album épatant, où la voix du chanteur-batteur Ollie Judge (qui passe de la déclamation au hurlement sans sourciller) s’avère aussi fascinante que le jeu des guitares et synthétiseur qui forment une toile post-punk, post-rock, mâtinée parfois de free-jazz ou de krautrock. Oscillations mélodiques qui frôlent parfois l’angoisse, nervosité qui file à toute allure (« Pamphlets »), ou envolées qui arrivent à point nommé comme sur « The Cleaner », Squid décoiffe avec plaisir et envoie valser les poussières du rock qui flottent encore. Un régal.

11 titres – 7 mai 2021 – Warp Records

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Cie La Mouche – De misère et d’amour


Quatre ans après l’incursion du rappeur Vîrus dans Les soliloques du pauvre, la poésie de Jehan Rictus continue d’intéresser et d’être mise en musique ; ici par le compositeur Brice Terrié qui invite claviers, sons électroniques, et deux voix de la compagnie de théâtre La Mouche pour faire revivre les mots des « Lépreux des démocraties ».  Ces « empereurs du pavé » à qui Rictus donna un siècle plus tôt la parole pour jeter la misère à la face des opulents. Ambiances appuyées sur des sons hip-hop et trap, parfois suffisamment légère pour laisser la place aux mots âpres et doux de la « Jasante de la vieille », De misère et d’amour vaut le détour, par monts et caniveaux.

8 titres – 2 juin 2021

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Les Agamemnonz – Amateurs


 

Et si la surf music venait de l’Antiquité ? Car les quatre jeunes Rouennais ont l’habitude de jouer en toge et leur nom, Les Agamemnonz, renvoie à l’un des plus puissants princes grecs. Même si leur nouvel et troisième opus s’intitule Amateurs, ils sont loin d’en être et s’offrent après une « Ouverture à l’américaine » douze titres qui font vibrer haut les guitares vintage. Aux airs (faussement) cool de cette musique des plages se mêlent des allures de western, et offrent ainsi un album palpitant où apparaissent autant la figure d’Homère que celle de Sergio Leone et The Ventures. Bingo.

12 titres – 11 juin 2021 – Hi-Tide Recordings

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She Wolf – Parasite


 

Elles sont trois, et elles explorent le thème du Parasite avec leur nouvel album : le groupe She Wolf et son rock-grunge se font à la fois l’organisme d’accueil et le parasite invasif. À grands coups d’adrénaline et d’un rock stoner, le trio vient gueuler sa rage de devoir des comptes à ce système (« Be happy be productive »), soulignant leur fibre féministe avec « Catherine » ou « Pause féminine » (seul titre en français de l’album »). Squattant la télé dans le clip « Monster », She Wolf exprime sa colère et sa violence pour résister à celle du monde. 9 titres à écouter en fracassant ce qui vous agace profondément.

9 titres – 11 juin 2021 – Tadam records

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Sam Verlen – Fleuve


 

C’est à une promenade onirique que nous convie le musicien Sam Verlen, qui délaisse ici le chant, le temps de cinq titres instrumentaux. Comme une invitation à méditer, tout du moins à s’immerger dans les éléments naturels. Comme la « Pluie » et ses touches d’influences orientales, la « Neige » et son ambiance aussi cotonneuse que lumineuse, et se faire ruisseau pour aller jusqu’à la « mer » ; le piano en guise de gouttes, des nappes sonores et quelques cordes pour illustrer un « lac », l’eau est ici partout, calme et lisse. Une flânerie et une respiration bienvenue en ces temps qui tournent souvent à l’orage.

5 titres – 25 juin 2021


Clips de saison


 

Et pour clôturer cette sélection, voilà le nouveau projet rennais Marché Noir où les rappeurs Casta et Saf se retrouvent sur le titre « Mannschaft » (qui signifie » équipe » en allemand) : « une ville lumière c’est une ville qui crame », ainsi que le dernier single de Chasseur, « La saison des pluies » ; une errance jusqu’à la mer en compagnie d’un bouquet de roses (et son porteur).

 

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