La chanteuse Raphaële Lannadère aime les mots, les arbres, la nostalgie, et c’est dans ce mois de janvier marqué par la neige* qu’elle sortait son quatrième album intitulé Paysages.
Elle, ou plutôt L, demande qu’on l’abandonne à la mélancolie sur le titre « Aux souvenirs ». On l’imagine aisément, la tête appuyée contre la vitre d’un train, à regarder ces fameux paysages défiler pour en garder une vision aussi rapide que floue, parfois nette et précise comme un arrêt sur image. Il s’agit d’explorer la nature, comme une « Forêt » de sortilèges, pour mieux s’explorer soi-même. Cela pourrait être le chemin poétique de ce nouvel opus. Un parcours oscillant comme les cordes des violoncelles de Guillaume Latil et Julien Lefêvre. Une route fragile, comme la voix sensible et particulière de Raphaële Lannadère, qui se fraye un chemin à l’aveugle : « J’vois rien » amorce-t-elle sur le premier titre de l’album. Fermer les yeux pour réinventer une saison qu’on a pas vu passer car le temps file, « la vie efface les gardénias, les Apollons, les amoureux » (« Leonora »).
« Tout paysage est coloré, habité par des paysages anciens – ceux de la mémoire, ceux d’avant, d’ailleurs. (…) En cela, il y a dans le paysage, une dimension résolument politique, qui nous engage. Qui m’engage, dans ce nouvel album, à être au monde. » Extrait de la note d’intention
Si la voix légère de Raphaële Lannadère sait se faire douce, comme un souffle pour dire qu’elle ne partira pas sur « Tu viendras », ou pour chanter « Les oiseaux », elle sait aussi s’inscrire avec détermination dans des luttes actuelles : « Femmes, Vie, Liberté » est dédié à la combattante kurde Sakiné Cansiz tandis que « L’Étincelle » rend hommage à Adèle Haenel. Un vent de révolte et d’enthousiasme féministe qui fait finement écho à ses cheminements intimes.
Ce nouvel album de Raphaële Lannadère déploie toute une palette de nuances, de teintes un peu surannées sans jamais devenir mourantes, des petites touches subtiles qui savent autant être graves que rebondissantes ; L trace des Paysages face auxquels il est possible de rester des heures durant. Ou y faire « des sculptures fragiles, argiles ou pierre » (« Encore »).