La 24e édition du festival Le Grand Soufflet se rapproche ! Elle rayonnera dans tout le département d’Ille-et-Vilaine et dans le parc du Thabor à Rennes ; pour cette occasion, nous avons rencontré le musicien-créateur de l’événement, Étienne Grandjean.
- Étienne Grandjean, vous étiez déjà accordéoniste en 1996 lorsque cette idée d’imaginer un évènement festif et musical vous est venue ?
J’ai commencé mon métier en 1978, c’est effectivement tout mon parcours de musicien professionnel qui m’a donné envie de créer ce festival. C’est en jouant beaucoup et partout en France, en Europe et même sur d’autres continents lors d’événements liés à l’accordéon que je me suis alors décidé à lancer l’idée ici en Ille-et-Vilaine. Je me disais que c’était dommage qu’il n’y ait pas de festival de l’accordéon en terre bretonne. Il faut dire qu’à cette époque l’instrument avait une image figée sur la période « Bal Musette » alors qu’à travers le monde j’avais découvert de très belles choses et que je découvrais aussi de nombreux artistes de l’époque qui décloisonnaient tout ça et donnaient à l’accordéon un bon coup de jeune comme par exemple dans le rock alternatif des années 80/90.
« C’est l’accordéon qui m’a amené à apprécier cet art de vivre »
- Une partie de votre vie est consacrée et dédiée à cet instrument, d’où vous vient cette dévotion, avez-vous identifié l’origine de votre passion pour l’accordéon ?
Au départ j’ai commencé l’accordéon j’avais une quinzaine d’années car jusqu’à cette époque je jouais du violon. Avec Pierrick Le Mou nous jouions le répertoire du Pays gallo. Il a fallu se décider à apprendre l’accordéon diatonique pour équilibrer notre duo musical et scénique. Je ne sais pas si c’est une passion, c’est surtout la découverte d’une culture et du mode de vie de musicien qui m’ont séduit. On avait très envie de vivre de notre musique et on faisait parfois jusqu’à huit heures de musique par jour pour se donner les moyens de pouvoir en vivre. Très sincèrement l’accordéon pour moi c’est un instrument comme un autre. Je n’ai pas spécialement de passion pour l’accordéon, je joue aussi de la guitare et du violon. J’apprécie plutôt la capacité de création que l’instrument apporte dans un univers musical donné. On échange beaucoup entre musiciens, on voyage pas mal. C’est tout ça qui me motivait et c’est vrai que c’est l’accordéon qui m’a amené à apprécier cet art de vivre et à créer le Grand Soufflet.
- C’est la 24e édition du festival du Grand Soufflet début octobre, quelles ont été les grandes étapes d’élaboration de l’événement ?
Comme tout le monde entre l’idée que j’avais et créer un festival, il a fallu constituer un dossier de présentation du projet. Je l’ai montré à Claude Berceliot qui était alors directeur du centre culturel de Fougères. Il a tout de suite été séduit et l’a présenté à une dizaine d’autres personnes de son réseau dans l’Ille-et-Vilaine. C’était la première étape, le festival est parti de cette rencontre. Il fallait faire ses preuves dans la qualité de l’organisation certes mais aussi dans la qualité de la proposition artistique. Puis après quelques années, nous avons étoffé la structure afin de la présenter aux partenaires institutionnels et notamment le département d’Ille-et-Vilaine. Cette étape de concrétisation avec le département nous a permis de faire rayonner le festival à travers le département, de Redon à Saint-Malo en passant par Vitré/Fougères et Rennes qui est devenu naturellement le cœur du festival. La 3e étape était de faire durer le festival afin que les énergies ne s’essoufflent pas. Il faut lui donner de nouvelles perspectives, y apporter de nouvelles idées, se remettre en question. C’est ce sur quoi nous concentrons notre organisation depuis 2 ou 3 ans.
« Un coup de cœur pour Olena Uutai »
- En tant que directeur artistique, comment s’est élaborée cette édition 2019 intitulée « Les Nordiques » ?
On me pose souvent la question et c’est vrai que je ne me lève pas le matin en me disant : « Allez, cette année, ça va être telle thématique ! » Il s’agit davantage de cheminements personnels. Pour cette édition, j’ai eu un coup de cœur pour Olena Uutai, une artiste qui vient de Sibérie, la Yakoutie précisément. C’est le pays habité le plus froid du monde. Et autour de cette artiste-là qui m’a beaucoup plu, j’ai cherché autre chose de pays voisins géographiquement. J’ai alors pensé aux terres froides, aux contrées nordiques, le nom de la thématique « Les Nordiques » s’en est ainsi découlé naturellement. Au Thabor, nous avons une soirée entière dédiée à cette programmation artistique.
- On a parlé « musiques » depuis le début de cet entretien, mais au festival du Grand Soufflet il n’y a pas que des concerts. Cette année encore, une proposition de projections documentaires, des formations, des expositions… C’est une partie de l’organisation qui vous incombe à vous aussi ?
Tous les ans, effectivement, je fais une petite sélection de courts-métrages pour le jeune public par exemple. On organise ces projections dans de nombreuses médiathèques du département et que l’on fait suivre par une petite session de concert la plupart du temps. Ça permet de créer du lien dans le département. Il y a des conférences, des animations, des longs métrages, et puis un ciné-concert aussi cette année avec Nanouk L’esquimau qui sera projeté dans de nombreuses salles du département.
Savoir se renouveler, suivre une ligne artistique précise, fédérer les communes du département, accueillir le public dans de bonnes conditions, sont donc les caractéristiques immuables de cette 24e édition du festival du Grand Soufflet. Rendez-vous à partir du 2 octobre en Ille-et-Vilaine pour constater par soi-même dans le public l’esprit du festival.