Charrues #28 : La fête, les concerts et la pluie

Des concerts malgré la pluie, tel était le programme de la fin de semaine dernière au festival des Vieilles Charrues de Carhaix. Un événement inoubliable autour de 4 fondamentaux : La Bretagne, la musique, la fête, la démesure et une ambiance conviviale. Cette année, nous avions prévu de couvrir les 2 premiers jours du festival avec le souhait de ne surtout pas louper les Rennais de Columbine le jeudi soir, puis d’être présent aussi pour la prestation de Jane Birkin le vendredi reprenant les versions symphoniques des standards de Serge Gainsbourg.

Jeudi


Le jeudi, avec une arrivée sur site qui correspond avec le concert d’ouverture de Camélia Jordana, le festivalier entre dans une ambiance méditerranéo-pop bien agréable. Malgré un public clairsemé au début, on sent bien que le festival s’entrouvre avec ce symbole de l’ouverture d’esprit musical que l’artiste franco-algérienne représente.

Hubert Lenoir : Une glam pop convaincante

Sur scène, Hubert Lenoir débarque pour en découdre avec les éléments, la ferme intention de convaincre l’auditoire. Les deux premiers morceaux sont ceux playlistés sur les grandes radios nationales : « Fille de personne » et « Recommencer ». La fusion avec le public de la scène Xavier Graal est alors inévitable. Avec son look un peu androgyne, ses pauses lascives et explicites, Hubert Lenoir se dévêt au fur et à mesure que le concert avance.

Cette scène plutôt typée hip-hop, pop et électro indé rassemble pour cette édition le meilleur de ce qui se fait en cette année 2019  Columbine, Balthazar, Flavien Berger, Suzane, Kompromat, Odezenne, Nakhané…).

Bror Gunnar Jannson : Du blues rock au naturel

Une esthétique scénique basique mais efficace, le Suédois ravit les amateurs de rock épuré. Accompagné sobrement d’un bassiste et d’un batteur, le musicien beau gosse aux cheveux gominés inaugure la scène du plateau rock 360° du chapiteau Youen Gwernig. Le concept de ce plateau rock est que la scène carrée est placée au beau milieu du chapiteau avec des enceintes placées aux 4 coins. Le spectateur peut alors apprécier toutes les subtilités du spectacle en étant positionné tout autour des musiciens.

Zazie : Une belle émotion, un concert agréable.  

Ce n’est certainement pas l’artiste qu’on attendait par-dessus tout mais pourtant, on doit bien reconnaître que le moment était agréable, plein d’émotion, féminin et élégant. Il s’est même chuchoté sur Kerampuilh que certains vieux rockeurs réfractaires se sont finalement laissé séduire par cette grande silhouette quinquagénaire et ses chansons parfois engagées. Surtout quand elle va fondre dans le public pour aller récupérer un Gwen ha du puis remonter sur la scène portant fièrement le drapeau à la main.

Columbine : Le duo rennais plaît aux filles !

Devant un auditoire bien féminin, le duo rennais a déroulé un concert plutôt agréable à suivre dans un hip-hop soft, presque chanté. Petit bémol toutefois à cette nouvelle invasion sonore qui rebute certaines oreilles avec cet usage répété de « l’autotune ». Le concert est plein d’énergie, ça saute partout ! Le duo est présent sur tous les grands événements musicaux de France cet été (Les 3 éléphants, We Love Green, Marsatac, Garorock, Europavox, Beauregard, Les Eurockéennes, Les Francofolies…) ! Félicitations à ces Rennais aux plusieurs dizaines de millions de vues sur YouTube !

 

Paul Kalkbrenner : Fin de soirée hypnotique

On termine la soirée avec un splendide set électro sur la scène Jack Kerouac. Le Berlinois a littéralement accroché les derniers survivants de cette intense première journée de festival. Paul K a mis en marche toute une subtilité de son avec une finesse d’enchaînements entre moments happy et d’autres un peu plus sombres. À noter le majestueux morceau « Feed Your Head » que le DJ se réapproprie et qui devient impossible à reconnaître dans sa version originale ! Et pourtant un titre tellement identifiable pour les vieux rockeurs ! Ce remix est une sorte de perle magique, entêtante pour reconnaître la voix originelle. C’est en rentrant au calme, que la recherche a fini par porter ses fruits. Il s’agissait de la voix de Grace Slick sur le titre « White Rabbit » des Jefferson Airplane. Pour profiter pleinement du concert, il fallait être un peu en retrait pour mieux apprécier la finesse du son et la justesse des images projetées. Un moment exquis de fin de soirée plutôt digne.

Vendredi 


Clara Luciani : coup de cœur du moment

C’est LA grande révélation musicale de ces derniers mois. Ses morceaux aux lignes de basses mises en avant, sa silhouette élégante, son visage souriant, sa coupe de cheveux au carré, et son grain de voix tellement singulier, c’est l’un de nos coups de cœur du moment. Loin des standards de la pop actuelle, Clara Luciani chante merveilleusement bien et ses mélodies musicales sont captivantes. Dans la lignée d’une Françoise Hardy, souhaitons-lui la même longévité artistique.

Jane Birkin Gainsbourg Symphonique : Une symphonie musicale gâchée par la pluie.

Quel temps abominable pour gâcher ce moment tellement attendu ! C’est pourtant précisément pour cette artiste et ce répertoire que nombre de festivaliers s’étaient déplacés ce vendredi soir. Jane Birkin, l’artiste qui a un pied à terre en Bretagne, a joué pratiquement l’intégralité de son concert sur des averses de pluie interminables et désagréables. Des petits barnums étaient positionnés sur scène pour protéger les musiciens et leurs instruments classiques. Malgré cette proposition artistique si raffinée, il était difficile aux spectateurs d’apprécier ce moment où les standards de Serge Gainsbourg étaient interprétés en version symphonique. Ces versions musicales plutôt délicates avec cette chanteuse si précieuse étaient malgré tout très séduisants en théorie. Dommage pour ce rendez-vous manqué, indépendant de toutes les meilleures volontés.

Yonathan Gat And The Eastern Medecine Singers : Comme un son rock tribal.

À la simple lecture du descriptif de la formation musicale complètement inconnue jusqu’ici, c’est le terme de « World Rock » qui aura aiguisé une sorte d’appétit musical. Le chapiteau de la scène « musiques du monde » de Gwernig est plein à craquer, les spectateurs demeurent en extase devant cette performance. Trois musiciens percussionnistes entourent et frappent ensemble et de façon cadencée une imposante percussion cylindrique posée sur scène. Chacun de ces trois percussionnistes semble être d’une ethnie nord-américaine différente. Le guitariste chanteur Yonatan Gat quant à lui est d’origine israélite. Lui, sur scène déploie une énergie démesurée avec sa guitare à deux manches. Ces quatre musiciens sont aussi accompagnés d’un bassiste et d’un batteur, ce qui renforce le côté rock de la proposition artistique. Le son, la musique presque expérimentale voire répétitive se rapproche par moments à un son tribal. Tout ça est joué sur une base de riffs rock ‘n rolliens où l’on a même reconnu à un moment le morceau de France Gall écrit par Serge Gainsbourg, « Poupée de cire, poupée de son ». Une véritable et belle surprise !

Iggy Pop : Notre papy fait de la résistance !

Alors certes, ce n’est pas la première fois qu’Iggy Pop jouait sur Kerampuil au festival des Vieilles Charrues, mais ce très vieux rocker est quand même fabuleux ! L’entrée sur scène d’Iggy Pop se fait par la diffusion de samples de grognements de chiens agressifs. Puis le son de guitare saturé annonce le morceau d’introduction « I wanna be your dog ». Ce sera le début d’un concert inoubliable de l’iguane, tout en générosité, humeur punk, attitude déjantée et danse démembrée ! À 72 ans, le rockeur a tout bousculé, les pogos sont immenses et démesurés dans la fosse. Peu importe l’âge du public, tout le monde y va de bon cœur malgré la pluie. Alors lorsque les tubes, véritables classiques du rock mondial se reconnaissent dès les intro, la marée humaine saute partout ! Une vraie cure de jouvence partagée par tous à l’écoute de « Passenger », « Search and Destroy », « Lust For Life »… Iggy Pop est né le 21 avril 1947 et a traversé toutes les décennies d’excès en tout genre, de l’histoire du rock à travers le monde. C’est un privilège d’avoir participé à cette démonstration, une leçon pour nous tous ! Bien vivant, bien debout,  le parrain du punk mondial !

Tchami And Malaa : Une bonne house bien vénère pour finir

Pour clôturer la soirée, le duo électro Tchami And Malaa a déroulé un set puissant, dansant et happy. Malgré avoir été desservi par un show lumière situé quelque peu en-dessous de la performance sonore, le concert et l’esthétique musicale conviennent parfaitement à ces horaires avancés de la nuit. Plus besoin de réfléchir mais juste de se laisser aller : Les cheveux longs pour les filles, la tête, les jambes, les bras, le bassin, et puis tout le corps en fait ! Il fait bien nuit, la fête prend toute sa dimension, on relâche le tout et on se laisse complètement aller ! Avec Tchami et Malaa, mission accomplie ce soir encore pour le dernier concert de l’édition 2019 en ce qui nous concerne !

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