Quand la sociologie entre dans l’action, de Pascal Nicolas-Le Strat : un essai pour mieux cerner les enjeux d’une sociologie agissante intellectuellement honnête.

On savait, depuis Pierre Carles et Pierre Bourdieu (1930-2002), que la sociologie est un sport de combat. L’auteur ici d’une certaine façon leur emboîte le pas. Il tient à s’éloigner d’une sociologie morne, descriptive, sans relief, classificatrice et inoffensive. Il sait d’une part que le sociologue influe nécessairement, de par sa simple présence, sur son sujet d’études. Il considère d’autre part qu’il peut même être de bon ton d’influer sur son sujet d’études – de peser sur la société en quelque sorte pour contribuer à l’orienter consciencieusement vers un but particulier.

Le sociologue dès lors prend sa part. Il apporte sciemment son grain de sel, s’implique et ne recule pas devant l’introspection pour interroger son propre parcours et les liens qu’il pourrait y avoir entre lui et son sujet d’études.

Il avance à découvert, à la façon d’un Michel Leiris (1901-1990) dans L’Afrique fantôme (Gallimard, 1934). En décrivant ses états d’âme, son quotidien ponctué de larcins pour enrichir les collections du musée d’ethnographie, ses impressions et sensations intimes lors de ce somme toute fabuleux voyage à travers l’Afrique noire coloniale entre Dakar et Djibouti, l’écrivain Leiris, proche des mouvements surréalistes et marxistes, entamait déjà ce processus liant le sociologue (ou l’anthropologue) à l’objet de son étude.

Épaulant des pratiques, la sociologie, science proprement humaine, s’incarne, prend corps, s’ancre dans le réel. Et le modifie par son intervention.

« Le chercheur apprend à connaître une réalité parce qu’il contribue à la faire exister (à l’activer/actualiser) en étroite coopération avec les personnes concernées, en fonction d’une ambition sociale et politique commune. » (p. 88)

On notera, avec un intérêt chauvin ou potager, les sujets d’études ici cités par Pascal Nicolas-Le Strat : des projets européens élaborés par l’association culturelle rennaise L’Âge de la Tortue (Correspondances citoyennes et Expéditions) ou le projet ECObox de jardins partagés (quartier de La Chapelle, Paris) destinés à vitaliser des friches urbaines. Enfin, on rappellera que les éditions du commun seront présentes au festival rennais de l’édition indépendante Panama Papiers, le 16 juin 2018, au Bar Le Panama 28 rue Bigot de Préameneu et un entretien avec l’éditeur est à découvrir dans la dernière Revue de l’Imprimerie.

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