Western, au Vieux Saint-Étienne : une chevauchée échevelée contée par Achille Grimaud et François Lavallée.
François et Achille, ils sont souvent à Mythos, avec souvent un spectacle, et on aime bien. C’est un peu comme deux copains qui font les marioles pour amuser la galerie, et qui finissent toujours par dérider même les plus flétris. Même quand on s’y attend et qu’on se dit « moui ben on va voir cette fois-ci, peut-être que ça ne prendra pas ». Et en prime, on ressort de là le sourire accroché aux esgourdes et le cœur badin, avec un quelque chose de généreux qui nous rend même plus intelligents.
De l’intelligence, de la finesse, à côté de gags presque lourds mais finalement non ! Et on en redemande !
Une course sans retour, fantasmée dans les vapeurs d’une soirée sacrément arrosée où les 2 compères se sont lancé le défi de « déconnecter » (la technologie, la carte de crédit, le web, le 2.0, la dépendance numérique, la surenchère, les questions auxquelles on n’a même plus le temps et le plaisir de ne pas trouver de réponse sur la « toile », ce sacro-saint web au poids démesuré, où l’imagination perd de son pouvoir et l’onirisme peine à se trouver une place en vue).
« Pas de réseau, pas de réponse ! »
Une épopée le long de la ligne du télégraphe qui naît en plein cagnard et pleine poussière. Cette autre quête du toujours plus vite et toujours plus loin (symbolique ancêtre de notre connexion contemporaine), les 2 conteurs, de mésaventures en mésaventures, vont se trouver contraints à la cautionner et la servir alors même qu’ils cherchaient à se soustraire à sa descendante. Et au final en perdre un poil les pédales !
« On n’a rien à voir là-dedans, on est des conteurs ! »
Au final, un spectacle haletant, une chevauchée vers la ville rêvée de Stella, en plein cœur du Far West et de la construction frénétique de la ligne télégraphique, sous les menaces des contremaîtres et des colts susceptibles, avec des Cheyennes, des shériffs, un cheval affectueux, des hommes laissés épuisés sur le bas-côté, une femme qui accouche, des cadences infernales, des bières et des coups de révolver, un fourbe voleur de concept (du nom de « Wire »…), des mains en l’air, un messie, des « nanachronismes », de l’espoir, de l’utopie, du blue-grass plus ou moins dissonant et des histoires au coin du feu.
On rit beaucoup entre les montées d’adrénaline ; et ça vient crescendo. Du début qui parsème des clichés décalés et s’amuse des codes du genre (« Il est toujours conseillé dans un western d’allumer un feu, même s’il fait chaud : ça éloigne les esprits ! « ) jusqu’au dénouement parabolique qui comble la salle et son envie d’applaudir à tout rompre, car « comme tous les bars et toutes les histoires, ça finit en utopie »…
« On peut pas connecter une utopie ! »
Le site de la compagnie La Bande à Grimaud