Rennes… 16h16. Prenez une chaise et accrochez-vous bien : ce lundi 16 avril marque le 16e épisode de La Revue de Seize ! Un évènement international ! À l’affiche de ce mois-ci ? Du Spider-man avec Médine, une échographie de dents avec Isha, des R5 avec Alpha Wann, sans oublier les sorties de Cenza, C.Sen et Chico. À noter dans vos agendas rennais : le passage d’Hippocampe Fou, de Loud, Nusky, de PLK et bien d’autres encore ! Enjoy ! Allume un cierge, charge ton seize et à la tienne Serge !
« Pourquoi appelle-t-on ça la fosse ?
Moi, je n’y ai vu que des vrai·e·s »
[Bataclan] Médine
Ça vient de sortir ///
- C.Sen - Vertiges
« On s’laisse pas abattre, on se bute nous même » : voilà comment le C.Sen démarre (paradoxalement) « Bons vivants » en compagnie de Grems. C. Sen (Paris 18e) invite également JP Manova pour le léger « Lalalala » et Georgio sur « Viens ». Des feat. efficaces qui répondent sans souci au flow précis de Pierre Cesseine, qui avait un peu disparu des radars depuis Le Tunnel en 2013. Il revient ici avec 15 titres, 15 petits Vertiges, où le rappeur s’auto-réfère avec quelques citations issues de titres déjà sortis en guise de clins d’œil. Continuant d’écrire l’absence (« Tu me manques »), avec une plume qui dégueule comme la gelée qui constitue son crâne dans le clip de « Entière », C.Sen se file lui-même des sensations de tournis du haut de son stylo. Et c’est tout le concept des vidéos déjà sorties : la tête en plâtre du rappeur projetant fumées orange ou se faisant repeindre, qui tourne tout le long du titre; une tête bien isolée, une tête sans corps qui réfléchit « dans son délire ». Une impression de trouble renforcée par des prods lancinantes, qui assument carrément un aspect contemporain (trap et gros beats inclus). Ici la lourdeur et la répétition s’associent plutôt bien pour tourner « comme un disque rayé ». Celui-là est tout nouveau et glisse plutôt bien malgré les fissures apparentes : classe !
- Isha – La Vie Augmente Vol. 2
« Parfois je me fais chier comme un Tamagoshi. » Les dents longues, Isha les a comme le montre ses pochettes d’album. Avec pas loin de 20 ans d’activité dans le rap, le Belge nous offre une belle échographie de son dentier naturel et sans or rajouté. Une manière de dire qu’on entre davantage dans la gueule du loup ? C’est ce qu’incite le deuxième volume de La Vie Augmente, référence à une réplique d’un film congolais réalisé par son oncle. Après une apparition remarquée dans la BO de Tueurs et la belle surprise de son premier opus, Isha se sait attendu au tournant. C’est d’ailleurs par « Justifié » qu’il va commencer à battre le fer avec le Congo en toile de fond, son pays d’origine. Un morceau très slow, qui monte en puissance et introduit le second avec le superbe « Au Grand Jamais ». Mélodie simple et efficace, coup d’antidépresseur avant de monter sur scène, retour en arrière, refrain léger et imposant dans le même temps. Bref, une vraie réussite ! Travaillant auprès du Samu Social et des réfugié·e·s selon Rap Genius, Isha ne parle pas toujours dans le vide. Ou alors l’écho est fort. Même si certains penchants sexistes apparaissent comme le très moche refrain de « Tosma » avec Jeanjass & Caballero. Tous les mêmes ? C’est ce qu’on pourrait croire sur l’ennuyant « Mp2m » où les phases prémâchées arrivent en force. Ce sera de courte durée puisque Isha se revendique un banger en bonne et due forme avec « 243 Mafia », référence à la 808 Mafia. Flow changeant drastiquement du reste de la partie, la magie semble réopérer de nouveau sur un titre type « Damso » avec « Rien ». Effets sur la voix utilisés avec justesse sur le refrain, Ish’ s’affirme comme plus complet qu’on ne l’imaginait malgré quelques faiblesses sur certaines rimes plutôt « easy ». Prêt à tout casser sur « Domamamaï », ce néologisme qu’on peut traduire par « Donne-moi ma maille » révèle quelques anecdotes personnelles et touchantes sur le rappeur avant de terminer sur l’ultime titre. Des morceaux forts, des faiblesses dans d’autres, Isha signe un album concis et varié sur plusieurs registres qui ne plaira forcément pas à tout le monde. Du moment que la vie augmente ! Hara Kiri.
- Alpha Wann – Alph Lauren 3
« Mes nègres iront au musée quand ils vivront près du Louvre. » Marque déposée depuis plusieurs années, Alpha Wann persiste et signe avec le troisième opus de Alph Lauren. Annoncé seulement la veille de sa sortie, c’est avec une paire de Prada (qu’il s’est acheté le jour de la sortie du projet) que le Parisien débarque. Constat de ce premier titre ? Une vraie publicité pour sa marque de vêtement. Un mélange dangereux entre promotion du capital et mouvement artistique contestataire (à la base). Hormis ça ? La fluidité du flow du rappeur impressionne toujours et ce, dès l’intro. Avec Hologram Lo’ aux commandes, on soulignera les prods inspirantes, plus lentes, plus « smoothies ». D’ailleurs, Alpha s’en accommode très rapidement. À tel point qu’il s’en empare pour utiliser les marques capitalistes comme un terrain de jeu sur « R5 et Murcielago ». Ironique sur « Courchevel » et assurant qu’il ne « parle argent que pour le jeu », Alph s’emplit de contradictions. Axé multi-syllabiques, armé d’allitérations, d’assonances et contre-assonances mais pas que (j’ai révisé mes fiches), le emcee apporte ce petit truc qui ramène de la fraîcheur avec « Louvre ». Sans doute les rimes les plus incisives de l’album. Doums, le poto « toujours là » répond présent sur « Kim K » au titre très suggestif. Certains rappeurs donnent de bonnes droites, Alpha préfère prendre à revers l’adversaire (ce qui en ferait un bon tennisman). Et c’est en solo et tout en égo-trip qu’il étale son « rap de Paris augmente le tarif » sur « Saint Domingue ». Après Courchevel, quoi de plus logique comme destination de vacances. « Parler d’argent, c’est juste pour le jeu ». C’est habillé d’un « Turban » et posté à « Shanghaï », une des ces anciennes destinations, que l’expert en freestyle terminera en beauté. Pollué par l’aspect marketing, Alpha s’appuie sur ses fondamentaux techniques pour expérimenter sur des prods bien calées. Il est temps que l’album arrive ! Ras l’oreille Alph Lauren !
- Cenza – Menace (EP)
Rappeur et producteur, Cenza améliore à sa manière les conditions de travail de Luzine. En attendant la sortie de son prochain album Tout droit sorti de Montreuil, l’originaire du 93 donne déjà quelques échantillons pour celui qui est réputé pour changer de flow comme de chemises. C’est sous la forme d’une 4 titres + 1 instrumental que Cenza s’exerce dans une ambiance calquée rétro, sur des bass made in G-Funk et synthétiseurs anciens. Et Cenza surprend, comme sur le titre éponyme faisant légèrement penser à du 113 (« Marginal » ? oui, j’ai osé). Ce qui le distingue ? Très clairement le timbre de sa voix. Bien que personnellement pas entièrement convaincu par le registre de la prod, cet EP lui permet de se tester sur d’autres types de sons et change du paysage actuel. Qu’il soit engagé et enragé, comme sur « Assassin de l’État » ou plus chantonnant « Les Rues de l’Enfer ». Celui qu’on a aperçu sur « Mise à Flow » avec Davodka a trouvé un crédo plus ou moins original. Menace propose des échantillons qui peinent parfois à convaincre sur les prods. Peut-être que plusieurs réécoutes sont nécessaires pour intégrer la galaxie Cenza. L’ultime titre « Fais pas le narvalo », le plus énergique du lot donnera néanmoins des calories à perdre. À voir sur un projet ayant plus de titres si Cenza est une réelle Menace. Show must go on !
- Médine – Storyteller
« Même entre nous, il y a des rapports de classe. » Petit encard pub Wikipédia : « Le storyteller est une méthode de communication fondée sur une structure narrative du discours qui s’apparente à celle des contes, des récits ». Employé par les politiques et les pubs, Médine s’emploie à son tour à manipuler les manipulateurs. De moins en moins présentable selon les médias, c’est donc par les orgues qu’il souhaite dorénavant se faire entendre. Ça donne des titres tel un « Bangerang » avec quelques rimes de classes et du name-dropping en masse. Une référence aux réfugié·e·s, une référence à la classe politique, une autre à Marvel, une autre à une série, Médine les utilise au service de ses idées. Affranchi de toutes limites, c’est en tout logique qu’il invite Sofiane pour dépeindre une belle « Nature Morte ». Retournant et détournant les figures de styles, parfois à répétitions et redondants, le Havrais étale son savoir-faire. « Venom » en est le meilleur exemple avec ce personnage sombre de Marvels et notamment dans Spider-Man. De quoi donner de la suite dans les idées pour La Ligue, qui ne joue plus en Ligue 1. Prod tenace, simple et efficace entouré comme il se doit des 808 aux lourdes retombées sur « PLMV », Kery et Youssoupha en remettent une petite couche. En tant qu’expert de l’antanaclase et de chiasmes en tout genre (j’ai révisé mes fiches j’vous l’ai dit), c’est avec sa miff qu’il s’extasie devant la life. D’abord avec un morceau dédié à sa fille sur un flow plus doux sur « Tellement Je t’m » ou avec « Papeti » avec son fils en guest. N’oubliant pas les luttes de classe sur « Normal ZUP », tout revient à la normale sur un bon vieux « Clash Royal » entre Verlaine et Rimbaud. On retiendra le très beau « Bataclan », revenant sur les débuts du rappeur où les notes de piano de Sofiane Pamart font le sale boulot ou encore le nouvel épisode des « Enfant du Destin » qui est toujours aussi intense. Si « l’argent n’a pas d’odeur dans le trafic de parfum », Storyteller délivre des couleurs et des images de science-fi pour appuyer le surréalisme de la vie. Comme quoi, il y a des fins qui se terminent bien ! What else ?
- Cheeko – Le Merveilleux Voyage de Cheeko au Pays des FDP
Actif depuis un bon moment avec le collectif Phases Cachées, le rappeur Cheeko s’est décidé à sortir son premier album le 30 mars dernier. Intitulé Le Merveilleux Voyage de Cheeko au pays des FDP, il laisse présager avant même l’écoute un ton décalé aux allures pop. L’écoute confirme l’idée tout en dévoilant un contenu musical abouti et réfléchi. Avec style et dérision, le rappeur aborde aussi bien les petites histoires de la vie quotidienne que des thèmes qui le touchent plus personnellement. Le titre clippé « Stéréo » pose une bonne base pour cerner le genre du rappeur, sous forme d’hommage et de coup de gueule à l’attention du milieu rap, porté par du boom bap à l’ancienne qui rappelle le célèbre titre « Hip-Hop Hooray ». Il faut dire qu’il en a fait du chemin depuis ses débuts dans le rap, et des titres comme « Polaroid » ou « Club27″ affirment un peu plus son style singulier. Mais ce qui fait mouche dans l’esprit de cet album, c’est le ton léger et décalé qui ressort avec des morceaux comme « Restons amis » ou « Tapis volant ». Quoi de mieux que le rap pour s’amuser du quotidien en jouant avec les mots. C’est ce que s’emploie à faire Cheeko, prendre un peu de hauteur avec distribution de punchlines pour rendre la chose plus amusante. Dans le même genre, mais avec une approche plus introspective, des titres comme « Poison » et « Mi Casa Su Casa » lèvent un voile de plus sur le personnage de Cheeko. Les titres qui défilent permettent de le découvrir lui et son univers plutôt haut en couleur. Il opère un bon compromis entre un esprit conscient et réfléchi et une autodérision décalée qui marque bien son style. Côté production musicale, Cheeko s’est entouré de son collègue de longue date Blanka, mais aussi de S.O.A.P., Tigerz Fatbabs ou Yepes et Plae Casi. C’est un projet bien sympathique qui s’écoute facilement et qui donne envie de suivre l’artiste dans son merveilleux voyage au pays des FDP.
« Tous ces lascars m’ont vu partir,
À pied, en métro, en train
On va revenir en Ferrari
Dès qu’j’ai changé l’eau en vin«
[Au Grand Jamais] Isha
Les autres albums [en un clip] ///
Casus Belli - CB 2.0 / Jorrdee – ACT1 / Mani Deïz – The Cassette Sunday Vol.2 / Nemir – Hors-Série / Vicelow – MID (EP) / PLK – Platinum / Ninho – M.I.L.S 2.0 (mixtape) / Rémy – C’est Rémy / LaCraps - BoomBap 2.0 / Juste Cause – Mauvais Sens / A Point Z – XXIe siècle / 4Keus – La Vie continue (mixtape) / OBOY – Southside / Taipan – Fiché S / Paco - Amuse-gueule
« L’écriture m’a mis à poil, comme si j’étais en train d’baiser
le temps un canon sur la tempe, comme si j’étais en train d’crever »
[Vivre] C.Sen
Ça va sortir bientôt ///
- 20.04 : La Hyène – Thugz Mixtape
- 20.04 : Veerus – Iceberg Slim
- 27.04 : Alkpote – Inferno
- 27.04 : Dinos – Imany
- 27.04 : Myth Syzer – Bisous
- 27.04 : Niro – Mens Rea
- 27.04 : Doc Gynéco – 1000%
- 27.04 : La Chronik – Un temps pour tout
- xx.04 : Lucio Bukowski & Mani Deiz – Chansons
- xx.04 : Myth Syzer – Bisous
- 04.05 : Mani Deïz – Infinity -1
- 10.05 : Di-Meh – Focus Part. 2
- 11.05 : S.Pri Noir – Masque blanc
- 18.05 : Demi Portion – Super Héros
- 25.05 : Jok’Air – Jok’Rambo
- 25.05 : Lucio Bukowski & Mani Deïz – Chansons
- xx.05 : Changerz – Premier projet
- xx.05 : Moha La Squale – Bendero
- xx.05 : Skalpel – Palante, siempre palante
- 01.06 : Caballero & JeanJass – Double Hélice 3
- 08.06 : Oster Lapwass – Pense Bête
- 15.06 : Damso – Lithopédion
- xx.06 : Didaï, Lucio Bukowski & Zippo – Bouteille, essence, chiffon
Le(s) clip(s) rennais : Arm en diptyque
Sept mois après la sortie de Dernier empereur, le premier album solo d’Arm (récemment mis à l’honneur par le festival Les Embellies), voilà deux titres du disque réalisés par Vittorio Bettini. Une envolée de départ avec « Si », prolongée par l’ambiance sonore plus lourde de « Nouveaux Héros », et l’acteur Nathan Gabily pour les deux interprétations. Le point commun ? Ça se joue avec les poings.
Ça groove sur Rennes !
Au 1988 Live Club :
- 12.04 : Dj Hustler All Night Long
- 13.04 : Intencity avec Dj Looping x Nomad Tom x HornDogz x Breis
- 14.04 : Black Knights x Simba x Dj Sauza x Dj Haze
- 21.04 : Same Fam invite Zola avec Binks Zola x KCIV x Sear Cabe x KUNA
- 26.04 : Same Fam présente : Sear Cabe vs Skuna
- 27.04 : Grillz Acte 5 avec Ober x Dj Hoodboyz x CJ Bolland x You Man x Péo Watson x D.Asko x Mioshe x Le Grenier
- 28.04 : Shimmy Shimmy Yo ! #2 East Coast Vs. West Coast avec DJ KELDA x DJ SAUZA
- 30.04 : DJSVP : Dang invite Lord Issa : avec D A N G (Nohell) x SOALL (Nohell / Still Fresh) x REALM (Nohell) x Maclarnaque (Rennes) x B.e.Labeu (Nohell) and co.
- 12.05 : Same Fam invite : Biffty & Dj Weedim x Sear Cabe x Trvfford
- 16.05 : Hippocampe Fou
- 24.05 : Necro x DJ Marrrtin
À l’Ubu :
- 25.04 : PLK x Guests (complet)
À l’Antipode MJC :
- 24.04 : Loud x Nusky
- 17.05 : Carte blanche à Come On Tour avec Strup x The Sunvivor x El Maout
À Mythos :
Pour les nostalgiques du « Cereal Killer », rendez-vous avec les Svinkels le samedi 21 avril au Cabaret Botanique, juste après les Nantais Cabadzi.