« Merde ! V’la l’hiver et ses duretés ! » Vîrus et Jehan-Rictus rapperaient en chœur cette intro bien sentie pour annoncer cette Revue de 16#12. Mixtape, albums, EP et flowcons de neige, voici ce qu’on vous promet pour les fêtes de fin d’année. Avec Freez, Lucio Bukowski, Oster Lapwass, Pumpkin, Ichon, Vins Da Cuero, Senti, les Tueurs ou encore Pejmaxx, le sapin est chassé gardée.
À l’heure où le rap s’impose comme le genre numéro 1, la diversité n’a jamais été aussi forte. Pourtant, elle a encore du chemin à faire avant que des Pumpkins, des Ladéas, des Chillas inondent les ondes. Pourvu que le virus musical contamine les hautes sphères serait notre prochain vœu de nouvelle année. Une année s’écoule comme notre nez et on imagine déjà la mère Noël lâcher un gros couplet pour les lutins. Les temps changent, les paroles restent, la messe est écrite. L’esprit hip-hop de Noël en quelque sorte. Joyeux fêtes à tous et à l’année prochaine. Enjoy !
« Encore une de ces nuits remplie de sentiments ternes
Je n’veux pas tuer le temps vu que c’est le temps qui m’enterre »
[Les Minutes vides] Freez
Ça vient de sortir ///
- Lucio Bukowski & Oster Lapwass – Requiem/Nativité
« Ils ont laissé mon amour à l’entrée du club… » Sans se faire prier, Lucio & Oster renouent avec un tandem à succès en sortant Requiem/Nativité, deux noms de code biblique pour une lente renaissance créative. Un poil plus lent (pas toujours), plus à contre-courant (mais pas toujours), moins urgent (mais toujours « pas toujours »), c’est armé du beat de Lapwass que Lucio Bukowski continue à sa pavaner dans les coulisses d’une vie remplie de « minutes vides » (lire plus bas). Cette fois-ci, « l’animal » ne semble pas tirer sur tout ce qui bouge mais se risque à s’agiter sur des énigmes qui demeurent précieuses. Mais recadrons le contexte : c’est d’abord par une instrumentale et une petite mort qu’on commence cet album avec « Requiem ». L’illogisme est pour l’instant respectée et annonce une couleur parmi mille. Premier constat : Oster nous fait ingurgiter des voix venues de nulle part. L’énigme débute alors, mais en deviendrons-nous amoureux comme les Sages Po’ ? C’est le chemin que prend le planant « Sphynx » avec un refrain qui met en émoi. Si si je vous jure ! Loin des piqures habituelles envers ceux qui imposent un monde vide de sens, c’est à l’aube d’une longue traversée du « Désert » qu’une l’équipe se forme et se fond. Quoi de mieux que d’évoquer la solitude à plusieurs ? Sous une collaboration métaphorique, Arm et Fayçal ajoutent leur grain de sable dans une machine déjà bien huilée. Tandis qu’au milieu des plages musicales, Oster laisse éclater nerveusement sa « Vanité » après avoir enclencher les « infra-basses » sur ce qui est un grand boom cosmique avec « Limbes ». Vraiment, un Ô grand morceau. Puis c’est lorsqu’on croit apercevoir le soleil qu’on a le plus de chance de se perdre dans l’ivresse ou dans ce monde. Mais quelle(s) différence(s) au fond ? « Poétique omerta dans un boucan urbain », c’est au cœur d’un « Archipel » inaccessible que la voix du Lyonnais prend de l’ampleur et s’essaye à des styles différents. Ajoutez à cela la légèreté des rimes d’Eddy, se chargeant tout de même de rappeler qu’il existe quelques piqures marginales avec « Paraponera ». On finira par quelques douceurs d’hiver avec le surprenant « Donuts », hommage rendu au dernier titre de J.Dilla. « Évidemment que mon vin se bonifie dans mon ivresse » rappelle Lucio. Sans spolier « Stalker », on a finalement tous quelque chose de Bukowski. Une preuve de plus que la messe est écrite et qu’on se relève une fois de plus de ces samples !
- Freez – Les Minutes vides (EP)
« Mon rap, un roman de Stephen King. » Produit entièrement par Chilea’s, c’est sans prendre de retard que nous avons rendez-vous avec Les Minutes vides, premier projet en solo de Freez, ex-membre de Stamina avec Emoaine. Le rappeur du 18e ne se lance donc pas totalement dans l’inconnu mais saute à pieds joints dans le vide et en solitaire, un peu comme Gérard Manset. Investi pleinement dans sa mission d’occuper l’espace avec une énergie qui déteint dès le premier morceau « On’N'On », on comprend alors que c’est via le chemin de la persévérance, là « où seul l’ombre l’escorte » que se fraye la voix de Freez. Avec des productions sortant de certains « codes hip-hop », Freez excelle à combler le silence et montre à la fois qu’on peut s’échapper tout en s’accrochant à une voix singulière. Une voix intérieure formant un groove dégoulinant et bravant la « Zone de confort » quand elle est associée à la plume d’un « fils d’immigré·e. » Quoi de plus logique que « d’intégrer » l’homme qui court à la fois derrière le train et qui se tend lui-même la main depuis le bon wagon à exactement 19h07 ? Sur « La Der des Ders », JP Manova rappelle entre autre que Les Inconnus sont toujours à la mode en cette époque. « Certains ont déjà le regard du trentenaire… » C’est en se posant dans la tempête et dans le creux de ses pensées que Freez s’exprime certainement le mieux. Atteint par le « Blues du Nord », le thème d’une jeunesse vieillissante plus vite que la moyenne est abordé, soignant le paysage urbain bien qu’il soit chevauché par de nombreuses gueules cassées. Qui est le plus beau ? Qui est le plus fort ? Freez braque les images sans se poser de questions. Sur fond de lutte quotidienne, il se revendique pleinement : « je suis Adama, je suis Théo » ou encore a une pensée aux « migrants d’Érythrée ». La compromission se passera du bonhomme, balançant ces « véRIP » et ses doléances à ces rêves d’enfants et à ce monde empli d’abus. Une « Trajectoire Aléatoire » aux issues incertaines comme la montre de Dali, mais promise à un chemin bordé de bonnes surprises. On le souhaite en tout cas. Freez ou des lumières dans le vide.
- Guizmo - Amicalement vôtre
« La violence et la parano, ça fait partie de mes pulsions. » Guizmo a le blues. Musicalement et intimement. Intimement vôtre même. Après des années d’absence, le meilleur ennemi de Nekfeu remet le blues de chauffe avec Amicalement vôtre. « S’il a déçu tous les gens qu’ils aiment », Guiz’ demande « Pardon » avec un gros morceau comme il peut et surtout, comme il sait faire. Un pardon qui sera le fil conducteur des 16 titres de l’album. Excellent dans les excès, visibles jusqu’à son freestyle dans Rentre dans le cercle de FianSo, Guizmo tente de s’en sortir par la musique. D’ailleurs, celui-ci ne cache rien, que ce soit le décès de sa sœur, des proches, des galères, de la violence d’un beau-père sur le poignant « Je m’en rappelle », la beauté de sa mère ou les conséquences néfastes de ses addictions sur sa vie. S’il y a une chose qu’on ne peut pas reprocher à Guizmo, c’est qu’il recrache absolument TOUT. C’est aussi, de ce fait, ce qu’on peut lui reprocher. L’art au service des luttes intérieures pour s’enfermer sur soi-même ou pour sortir de soi ? Utiliser le rap comme thérapie n’est pas un fait nouveau. Cela fait dans tous les cas de beaux morceaux avec le marquant « Je n’sais pas quand ça finira » ou le résolument négatif « Les Gens parlent d’amour » – mais n’y connaissent rien. Autrement, le rappeur des Hauts-de-Seine n’épargne personne : ni Joey Starr, ni Doc Gynéco, ni lui-même. « L’Histoire d’un négro » et son changement de flow montre que le ton n’a parfois rien d’amical, si on enlève la conclusion. Capable de raconter la vie des autres comme sur « Escort girl », certainement l’un de ces sons les plus sombres de l’album, ou de sortir les violons sur « CV », le blues-man s’évade sur différents styles puisque « Dans [s]a tête, c’est K2000″. Avec quelques clins d’œil à Movez Lang’, NTM ou LIM ainsi qu’une excellent intro « d’enchainages » de rimes, on s’enjaille sur « Vagabonds ». Pour le final, nous avons droit au titre éponyme pour rappeler le pourquoi du comment de l’album. S’il ne trouvera pas les réponses à ses problématiques, Guizmo rappe finalement pour tous et envers et contre tous sur « Amicalement vôtre ». Une formule qui marquera un tournant dans la vie de l’artiste. En espérant que la luz se logera dans un coin de la rétine d’un talent loin, trop loin d’être gâché. Rapamicalement.
- Pumpkin & Vin’s Da Cuero – Persona non gratis (EP)
« L’enfer c’est les hôtes et la jungle en hiver ». Pumpkin & Vin’s Da Cuero s’en donnent à cœur joie ou à cœur triste avec un nouvel EP, Persona non gratis. Le jeu de mot volontaire indique le caractère « coup de poing » et engageant de ce 6 titres dont trois remix. Habitué·e·s de la formule « courte mais concise », c’est en plein dans l’actu que la Brestoise frappe. « Bouge pas d’un iota, c’est pas des yachts », c‘est ainsi qu’on entame le titre éponyme avec le récit d’un ras-le-bol solidaire avec ceux et celles qui bravent le danger par la mer pour fuir le malheur. Un morceau empathique envers les réfugié·e·s qui se battent pour leur vie pendant que l’État les opprime. D’ailleurs, les responsables politiques multiplient les comparaisons entre les réfugié·e·s et les états liquides ou gazeux quand ils s’agitent pour parler de ces « étranges individu·e·s ». Pumpkin s’empare parfaitement du vocabulaire et de ces codes pour jouer avec, quitte à faire « Mauvais genre ». Comme Pumpkin, on aime les transitions en douceur. Mais c’est bien l’artiste qui lance un « appel au boycott des clichés sur le genre ». Dans la continuité de l’explosion d’une Ladéa ou de Chilla, Pump’ va plus loin que le sexisme dont elle est sujette, se saisissant du thème de la discrimination de l’identité sexuelle de l’autre dans sa globalité. Avec des exemples de la vie de tous les jours : l’humour, l’école, la manif’ pour tous ou la religion, la rappeuse prend des angles différents et ce, à plusieurs niveaux pour élever la prise de conscience. Comment faire du rap sans prendre position ? Les deux compagnons répondent sur l’ultime « Mississippi » (ne pas écrire ce nom lorsqu’on est bourré) en décrivant un nouveau western rempli de « commère de cette trempe ». Une critique contre l’urgence médiatique, l’oppression du « tout savoir et tout de suite ». Chief, Yann Kornowicz et Tayreeb se chargent ensuite de faire des remixes de très bons goûts. Ils ne laissent maintenant beaucoup plus de place au doute : Persona non gratis, un EP non factice.
- Ichon - Il suffit de le faire (mixtape)
« Si je perce c’est que je tire dans le mille ». Ichon remet le couvert avec un mixtape de 18 titres avec Il suffit de le faire. Un gros morceau auquel on va s’attaquer car Ichon à l’habitude de prendre à contrepied les buteurs adverses. D’ailleurs, le rappeur de Montreuil confirme que cette mixtape est la suite logique de Cyclique et de #FDP. Un plan tactique respecté par l’équipe type, puisque Loveni, Ventchi et Jeunes LC s’associent au rap d’Ichon. C’est donc la cravate serrée et le sourire aguicheur du parfait entrepreneur que le rappeur issu du crew Bon Gamin réalise son œuvre. Défiant les eaux inondées et les rivières du « Tennessee », les métaphores pleuvent pour tenter de noyer sa peine avec Ventchi. D’ailleurs, commencer par un feat est assez rare pour le souligner. Innovant donc sur la forme, il tente de l’être chaque jour même si la routine à un air de gimmick avec « Everyday ». De l’anglicisme qui se glisse pour mieux faire couler l’encre comme sur « Go ». Jouant avec sa voix, Ichon ne fait jamais de long discours pour manipuler la gente. « Si je m’écoute penser, je ne fais plus la fête » se plaint-il quand il n’est pas « Dans le million », se promettant d’arrêter de jurer sur la tête de sa mère. Dans l’écho des insultes, il sait toujours rester dans la mélancolie et interrogatif, aimant casser l’ambiance quand celle-ci ne s’y prête pas. Le gimmick comme arme de destruction massive, il se décharge d’une lourde adrénaline purificatrice sur l’interlude. Si « Demain » pèse avec l’apport des Jeunes LC, c’est le titre « Champion » et sa prod titanesque qui remporte la palme. « Je ne pense pas que le rap français va me sauver » pense-t-il. « Je ne suis qu’un homme » aurait pu être un feat parfait avec Guizmo. Plus triste et alarmiste sur ce son. Ici, le gamin lâche un sacré morceau avant qu’il effleure la provoc’ avec le titre « Allah fin » rappelant « qu’il n’y a pas plus fort que Zidane » et qu’il est « plus noir que Barack Obama », référence aux multiples pelages identitaires du monde actuel. En bref, Ichon est un entrepreneur actif qui « ne va pas voter sur Fillon » sur « 2017″. Ichon président ? « Pour de vrai », j’crois qu’il a d’autres prods-ovni à fouetter. Un album qui nécessite plusieurs réécoutes pour rentrer dedans et en comprendre l’essence avant de partir en fumée. Il ne suffit pas de l’écrire !
- Senti - Fous alliés
« C’est fou tout ce qu’on peut dire avec sa voix. » La Suisse revient déjà ! Après l’énorme album de Geule Blansh, c’est Senti qui balance ses skeudi avec Fous alliés. Plutôt que de s’inventer des ennemis, lui préfère compter sur la folie. Un pari risqué mais qui mérite une attention particulière. Et quoi de plus poli que de commencer par dire un petit « Coucou » à tous ! Avec des coups bien sentis, le rap du Suisse propose concrètement quelque chose de différent, que ce soit dans le propos, le flow ou les prods. Posé, doux, et déjà harmonieux sur « Coucou », Senti accélère au fil du sample comme sur « Maintenant ». Placer des rimes sur ses sentiments, c’est le credo de l’album. « Vas-y pleure pleure pleure » nous encourage-t-il ! Et c’est en séchant nos larmichettes que Senti s’éloigne de toute formes d’égo pour enjoindre la fragilité d’un quotidien qui ne nous épargne jamais. Celui qui « rend le bpm lent » desserre les visages et ça fait un bien fou ! En feu, le pyromane suisse plaide que « la valeur d’un homme se situe dans ses failles ». En enchaînant les joutes verbales avec son cœur, c’est le nôtre qu’il touche. « HPEA » ou « Hiver printemps été automne » poursuit le chemin et propose des allers (avec retours) sur de bonnes vibes et des notes légères aux verbes thérapeutiques. Se posant de sempiternelles questions, le rappeur se demande « C’est quoi l’amour ? » sur un fond d’acid qui ressort bien. Le morceau est superbe ! Rien à redire ou tout à ré-entendre. Sans en faire trop, Senti sait varier les thèmes dans les méandres musicaux, paraissant n’avoir jamais été abordés jusqu’alors. C’est pas le titre éponyme qui va me contredire. À l’aise derrière le mic, il emploi le « je » pour décrire ce qu’il y a au plus profond de son être. « Être soi même c’est sauter dans un grand précipice ». Spirituel sur « Fous alliés », renversant phonétiquement sur « Rien » pour finalement enchaîner sur un « Je t’aime » ne dégoulinant pas dans la mièvrerie, il y a clairement quelque chose ! Chaleureux sur des synthés aux résonances légères sur « Merci », les prods offrent de la diversité frôlant la pop et l’électro. « On dit pas j’aime mais je préfère ». On s’aime à préférer les Fous alliés !
- VA – Tueurs (BO)
« La Mort est ma raison de vivre. » Une fois n’est pas coutume, on se charge d’une bande originale de film. Celui-ci est sur les écrans depuis le 6 décembre et s’intitule Tueurs. Pour l’occasion, les réalisateurs François Troukens et Jean-François Hensgens ont donné la possibilité à pléthore de rappeur·se·s de dégainer le verbe. Le cinéaste F. Troukens, ex-gangster repenti, s’est inspiré de plusieurs faits réels en Belgique. L’histoire donne l’opportunité de faire la part belle à une BO en mode hip-hop. On se rappelle encore de Comme un aimant d’AKH, de Ma 6T Va Crack-er ou bien évidemment du plus célèbre d’entre tous : La Haine de Kassovitz. Avec 12 gros morceaux qui ne fonderont pas comme le sucre dans un moka, Roméo Elvis, Damso, Hamza, Senamo, Jean Jass & Caballero pour ne citer qu’eux ont de quoi s’armer de 16 pour délivrer leurs textes sur la thématique. Sans avoir vu le film, l’écoute se fera sans raccord avec les scènes. Si l’exercice paraît plus ou moins difficile, allons voir si cela vaut déjà le coup avec des oreilles. C’est Roméo Elvis qui ouvre le bal avec « Méchant », un rôle peu ordinaire pour le Belge. Avec sa prod’ « rentre-dedans », Roméo donne le ton. Au fil de l’album, on découvrira de belles surprises. On pense notamment à Krisy avec « Dernière fois » ou à l’excellente prod’ et kickage de Isha sur « Définition d’un OG » (pour « original gangster »). Le thème principal et titre éponyme est attribué au gars Damso via son style musical habituel. Une BO déroutante, qui n’hésite pas à changer de registre comme pour « Vegeta » de Yanso avec la voix tunée. On imagine la scène associée et cela peut être amusant pour ceux et celles qui connaissent DBZ. Rappelant qu’un gangster tire aussi à « Pile ou face », Senamo signe un morceau fort de sa présence. Des présences étrangères et féminines, il y en a également ! Coely monte à bord avec « Hush » (non, ce n’est pas Sofiane) ou encore l’énergique rap anglo-espagnol « Salto » avec Zwangere Guy. Comme dirait Booba et La Brigade, « 16 rimes, le chargeur est surchargé ». La surchauffe a bien eu lieu. JeanJass & Caballero concluront avec un logique « Vous m’aurez pas » efficace. On peut avoir des doutes quant au fait que cette BO soit aussi dingue que celle de La Haine par exemple. Bien que ces films soient très différents, c’est toujours appréciable d’avoir des cinématographes ouverts à tous les styles. Il n’y a plus qu’à tuer le suspense en voyant le film avec la curiosité de savoir. Bang bang !
« J’sors des disques où je parle de moi
On me prend pour Narcisse
C’est seulement quand le rideau tombe
Que les tableaux se noircissent »
[Capsule Corp.] Pejmaxx
Les Autres Albums [en un clip] ///
SK Mikaz – E.T / Jarod Le Caméléon – Attitude Deluxe / Lacrim – R.I.P.R.O 3 / Sinik – Drône (EP) / Kekra – Vréel 3 / La Fouine – Yencli / Joe Rocca – French Kiss / Jul - La tête dans les nuages / Booba - Trône / KPoint - Trap’n'Roll / Slim Lessio – Fruit de paix / Furax Barbarossa & Jeff Le Nerf – Dernier Manuscrit / Hayce Lemsi – Eurêka / Hiro - De La Haine à l’Amour / La Main Gauche - Amours platoniques (EP) / Sopico – Ëpisode 1 (EP)
« Goutte à goutte, l’orage évacue sa gueule de bois
Mises bout à bout, nos rages remplissent des allées de cercueils de rois
Touche à tout, le vent ramène dans nos poumons des bouts d’ancêtres
Pousse à bout tes nerfs afin qu’ils accomplissent leur bout d’enquête »[Archipel] Lucio Bukowski
Le Cri d’Amour /// Pejmaxx – Pejmaxx
« Je fais le ménage autour de moi
Tu retiens ce que j’ai bazardé »
[Cœur de Miel]
C’était un rude combat. Livrant bataille avec Senti’ ou Lucio Bukowski & Oster Lapwass pour le coup de cœur, c’est finalement Pejmaxx qui aura droit à notre beau cri d’amour. Attendu au tournant par ses aficionados depuis ses premiers couplets, le rappeur livre certainement son meilleur album. Direct et imagé, doux et puissant, Pejmaxx va au plus simple en sortant un troisième album au titre éponyme en collaboration avec Lionel Soulchildren comme sur Enfant de la République. Pour info, c’était le duo Soulchildren qui avait produit son premier album. Et c’est sans « Faux Sentiments » qu’on commence ce 18 titres à la pochette sombre et lumineuse.
Qu’on se rassure, Pej’ n’a rien perdu de sa rage et de sa verve. Aujourd’hui, c’est avec « l’expérience (qu’il) esquive des balles » tout en balançant de saines ogives. « Désormais je mets le troisième doigt dans l’urne quand on me demande » affirme le pistolero. Tout droit venu de la DBZ et du thème principal d’Hans Zimmer et du film Inception, « Capsule Corp » offre un remarquable morceau où l’on s’envole à de multiples reprises. À cette occasion, le travail de Lionel Soulchildren est remarquable. « Pas pour rien que ma carrière se balade en vitre teintée » nous sort Madmaxx. Avoir les yeux bandés n’empêche pas d’entrevoir la lumière. C’est via le très percutant « Peau de banane » avec Eli Mc, R.E.D.K, Jeff Le Nerf qu’on commence à le comprendre. La chute n’est pas non plus un obstacle aime-t-il rappeler : « au pire on trébuche », au mieux on se relève K.O de ses morceaux. Et les thématiques pleuvent sous les couplets du bombardier ! Quand Pejmaxx fait sa lessive à la « Poudre à canon », c’est pour laver le thème de l’intégration tout en enlevant délicatement les taches de gras des clichés sur la solidarité. Message envoyé et reçu pour ce fils d’Iranien.
« Je suis presque fils unique. Je n’ai qu’un grand frère, j’l'aime comme moi-même ».
[Faux Sentiments]
Ne lâchant pas le morceau, les interludes ne sont pas synonymes de pauses musicales pour le phrasé de Pejmaxx. Scylla & Furax Barbarossa s’en donneront à cœur joie en l’accompagnant sur l’excellent « Cœur de miel » et ses clips en deux parties. Allez, si ! Prenez tout de même quelques respirations avant de vous présenter « Révolutionaires en Gucci ». Comme son nom l’indique, la contradiction et l’image sont fortes. La classe politique tout autant que les donneurs de leçons seront ravis de l’écouter. La parole est également donnée à ses potes des Martyrs Modernes avec un mythique « Qui s’y frotte bouffe des châtaignes ». Le partage est même ancré dans son « ADN » puisque Lacraps, Melan, L’Hexaler et 10vers doivent se serrer pour faire pâlir de jalousie Patrick Sébastien (obligé) avec « Boîte de Sardines ». Titre au tempérament sombre, évoquant la soupe de l’industrie musicale et de ses acteurs (sky’ dédicace). Sans donner « Patte blanche », on s’enfonce de plus en plus dans l’album comme des sables mouvants. Au milieu de la voie ferrée avec Ol Zico et Flynt , ce dernier avouera qu’il « court comme sur la pochette de 19h07″. JP Manova appréciera également. Les plages s’enchaînent et des vagues lentes et mélancoliques surviennent sur « On sait pas faire la fête ». « On n’a trop l’habitude de s’faire la guerre pour pouvoir se faire la fête ». La guerre c’est la paix, et Pejmaxx prend parfois un air de 1984 sans l’ignorance et les chaînes de l’esclavage.
On saute certains passages mais tout s’écoute ! Tout tout tout ! Même l’outro. Même les interludes. « Rien de plus vrai » que les oreilles pour s’adjuger sa vérité. Un album qui en appellera encore d’autres, on l’espère. « L’important n’est pas la chute mais la beauté du bouquet final ». Cultiver le beau malgré l’oppression d’en haut et les agressions extérieures, c’est l’esprit de cet album et il tombe à pic ! En clair, il est libre Pejmaxx. Y en a même qui disent qui l’ont vu voler au-dessus des nuages noirs…
« J’sors des disques où je parle de moi
On me prend pour Narcisse
C’est seulement quand le rideau tombe
Que les tableaux se noircissent »
[Capsule Corp.] Pejmaxx
Ça va sortir bientôt ///
- 19.12 : Dehmo – Poetic Bendo
- 22.12 : LV Crew – Era Novum
- 26.01 : MIC-PRO - La cour des miracles
- 19.01 : Lonepsi – Sans dire adieu (EP)
- 26.01 : Sopico – NC
- 26.01 : Sofiance – Affranchis
- 02.02 : Vald – NC
- 16.02 : DJ Weedim – Boulangerie française Vol. 2
- 02.03 : Swift Guad – Vice Vol. 3
- 02.03 : Swift Guad – Vertu Vol. 3
- xx.xx – AL – Punchlife
- xx.xx – Nasme – NC
- xx.xx : Fayçal – NC
« Avec la fume, c’est la fatigue artificielle
C’est la panique d’un criminel qui veut qu’la vie à 50 Cent, merde
À tous mes frères dans le cal-bo coincé
Gardez c’que vous savez, on n’oublie ap de vous rincer »[Amicalement Vôtre] Guizmo
Ça groove sur Rennes [et ses alentours]
- Grillz Acte 2 / 23 décembre / 1988 Live Club
- SURL Club : NYE Edition – Turn up du nouvel an / 31 décembre / 1988 Live Club
- DJ Hustler All Night Long / 21 janvier / 1988 Live Club
- Klub des Loosers / 27 janvier / L’Ubu
- Roméo Elvis + Jeanjass & Caballero / Mars 2018 – Antipode MJC [COMPLET]
___________________________________________________________________________________________________
« Une victoire est belle quand elle est silencieuse »
[] Senti