Betty Bonifassi inaugurait ce 02 avril une série de concerts à l’Ubu le dimanche à l’heure du dîner. Une formule fin de week-end qui a déjà trouvé des adeptes grâce à la performance toute en puissance et en sensibilité de la chanteuse à la voix grave et aux rythmes afro-américains abrasifs.
Il est 19h ce dimanche soir quand Betty Bonifassi apparaît dans la pénombre de la scène de l’Ubu. La chanteuse montréalaise (née à Nice) est connue en France pour son interprétation de la bande originale des Triplettes de Belleville (qui lui a valu un Oscar) et pour sa participation au duo électro-rock Beast. Vêtue d’une robe noire courte à col blanc et de baskets, elle embarque immédiatement son guitariste dans une expérience vocale de haute voltige. Le ton est donné.
C’est parti pour une heure d’un concert dédicacé aux esclaves sud-américains des années 1920 sur le thème de la résilience. De sa voix puissante, la diva divine interprète des titres de son deuxième album Lomax composé à partir des enregistrements de l’anthropologue John Lomax (1867-1948). Trois guitaristes et un batteur accompagnent son phrasé-brasier qui traverse les styles électro, rock, gospel, blues aux sources de la musique afro-américaine. Betty Bonifassi déborde d’énergie et de chaleur humaine, ses textes charrient la douleur des femmes et des hommes, noir·e·s condamné·e·s à la soumission raciale. Le public sautille et sourit visiblement conquis et remercie chaudement la chanteuse qui achève son concert avec quelques larmes de fatigue (ultime date de sa tournée ce soir-là) mais aussi d’émotion. Un dimanche de printemps sous les couleurs du blues qui retourne les esprits et agite les corps.