La Fille de Brest, d’Emmanuelle Bercot : un beau film militant sur le pouvoir des hommes en blanc pas toujours nets et sur les cyniques manigances des laboratoires qui, sur les ordonnances où sont rédigées les prescriptions, font la pluie et le beau temps, sauvant souvent, tuant parfois.
Le docteur Frachon (Sidse Babett Knudsen) va devoir lutter avec grand courage pour bouger les lignes et convaincre ses collègues, ici le docteur Le Bihan (Benoît Magimel), de joindre leurs forces aux siennes, pour qu’éclate la vérité et qu’un médicament (dont les dangers lui sont apparus au contact de ses patients) soit enfin écarté du marché.
Il y a des films qui claquent comme une bonne nouvelle, qui scintillent comme une perle de nacre dans un océan de boues rouges. La Fille de Brest est de ceux-là. C’est un film militant qui reprend le parcours d’Irène Frachon (interprétée avec une peps communicative par Sidse Babett Knudsen) dans sa sainte croisade pour dénoncer la toxicité du Mediator – un médicament élaboré par les laboratoires Servier qui servit de coupe-faim amaigrissant donc, et qui fit des ravages parmi la population (des centaines de morts, sacrifiés sur l’autel de la rentabilité, de la cupidité et de la négligence, de la routine impulsée par les industriels du médoc et du profit à tout prix quitte à jouer avec la santé, voire la vie, de patients vulnérables).
L’actrice est éblouissante d’énergie dans son combat. Le propos est puissant (la lutte contre la corruption et la compromission du corps médical). Le cadre est breton (ce qui ne gâche rien). On y parle de la censure que connurent les éditions brestoises Dialogues, à la sortie du document Mediator 150 mg : Combien de morts ? d’Irène Frachon, postfacé par Rony Brauman. On y parle de la chasse aux scoops que mena Le Figaro au moment où ce scandale éclata. On y parle de l’omerta et des pressions qui sont monnaie courante dans la sphère de la santé publique. Et on se réjouit de voir qu’à la fin, ce sont les gentils qui gagnent.
La Fille de Brest d’Emmanuelle Bercot : un bon bol d’air procuré par une pneumologue au caractère bien trempé.