Le festival Mythos aime à surprendre son public en mélangeant les propositions, en alliant l’insolite à l’improbable souvent avec succès. Pour ce deuxième soir au Thabor, la proposition faite est triple. Tout cela entre 22h30 et 2h30 du matin, de quoi enchaîner les découvertes musicales ou non et les formations plus connues.
Pour débuter l’événement, le chapiteau s’ouvre sur un sound check de Zoufris Maracas, qui dans une décontraction comme si nous étions entre amis dans notre salon nous accueille, le temps d’une blague. Après une rapide sortie de scène, le spectacle débute enfin. Avec des accents jazzy, de rumba et calypso, mais surtout de bonne humeur, le public danse sur les chansons grinçantes sur notre société, sur l’ordinaire. Entre deux chansons, le public et le groupe discutent, s’apostrophent « Vous n’êtes pas là pour regarder vos téléphones ! », et sur cette bonne humeur qui règne sous le chapiteau, la formation prend plaisir à enchaîner chansons plus anciennes (« Et ta mère ») et chansons plus récentes (« Chienne de vie »). Le groupe que l’on sait militant entame un dernier tour de chant sur des airs de « Bois Bourgeois » qui revêt le temps quelques couplets, un côté punk électrique qui n’est pas sans déplaire avant de passer la main au groupe suivant.
Le temps d’un changement de plateau, et Mythos nous propose un grand écart musical dont le lien pourrait être l’engagement et le maniement des mots. Car, de la chanson française aux mélodies sucrées, nous passons au rap écossais. Accompagné de deux musiciennes qui produisent des lignes de basse et des percussions arrive Soom T qui enchaîne sur un flow effréné, les chansons militantes et revendicative avec une énergie folle. Entre deux chansons, cette MC kiffe Rennes et les styles ragga/rap groovy s’entremêlent sur des compositions très maîtrisées sans l’usage abusif de bandes sons additionnelles. L’amorce d’une chanson sur une vocalise de jazz, nous permet même de connaître toute l’amplitude du talent de cette rappeuse. Après un set, qui peut paraître court, on ne peut que vous conseiller de suivre cette artiste.
Nouveau changement de plateau, nouveau décor et ambiance musicale que nous prépare le festival pour le clou de la soirée, General Elektriks. Fondé autour d’Hervé Salters, un fondu de clavier, le groupe a su distiller en une décennie ça et là son empreinte dans le paysage français. Qui n’a jamais entendu il y a quelques années « Raid on the radio » comme générique d’émission sur France Inter ou en musique de publicité ?
D’aussi loin que je puisse m’en souvenir, il y a de cela une douzaine d’années – en première partie de M -, le groupe semblait déjà attacher une importance particulière à soigner ses prestations scéniques et à communiquer leur envie et leur musique dansante. On pourrait se demander si avec le temps ces derniers ne se seraient pas assagis. Il n’en est rien.
Dès les premiers accords plaqués sur le clavier et leur entrée sur scène, le groupe déroule un set qui enchaîne nouveautés de leur dernier album avec des tubes plus connus, tout cela avec un maximum d’énergie. On ne sait si la palme de la prestation reviendrait à son leader – qui ne peut s’empêcher de sauter derrière son clavier, à son guitariste – qui enchaîne les solos à tire-larigot, à son bassiste qui digne d’un personnage funk des années 70 en costume enchaîne les morceaux sur des instruments aussi classieux que lui, ou enfin à tout autre membre du groupe qu’il soit au MPC, au vibraphone ou à la batterie.
Entre les morceaux pop/électro nerveux et plein d’entrain, s’enchaînent les ballades pop qui sont pour tous deux respirations entre deux danses. C’est un public qui danse et qui semble ravi que General Elektriks laisse finir la nuit non sans avoir repris leur premier tube, « Tu m’intrigues… », et avoir livré une prestation qui ne peut avoir laissé indifférent.
Pour une deuxième soirée, le festival a réussi à mêler les genres musicaux sur un triple plateau assez risqué sur le papier qui mêle chanson française, rap et électro-pop. Un brin de magie sous le Magic Mirror, et la nuit appartient au festivaliers qui ne semblent pas mécontents de l’écart des styles.
Mythos continue jusqu’au 24 avril !
