Les Ateliers du Vent créent une Terra Incognita

Depuis le 22 février, Magda Mrowiec est en résidence aux Ateliers du Vent, pour le projet Terra Incognita. L’objectif ? Réaliser une cartographie sensible du quartier à l’aide des habitants. Restitution le 31 mars.


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Magda Mrowiec est déjà venue aux Ateliers du Vent en résidence; elle y est à nouveau cette année pour préparer Terra Incognita. Un projet participatif dans le quartier Voltaire, déjà balisé par plusieurs panneaux. Afin d’en savoir plus sur la résidence, nous avons rencontré Magda pour lui poser plusieurs questions.

Magda bonjour; peux-tu rapidement te présenter en tant qu’artiste ?

Je suis plasticienne et scénographe de formation. Mon travail se développe autour de la relation entre le corps et l’espace, ou la perception que l’on peut avoir de cet espace. J’utilise les médiums comme la vidéo, l’installation, la performance, ma pratique est assez polymorphe; ce sont mes collaborations avec des scénographes qui m’ont amenée vers la vidéo. Ce sont les Ateliers du Vent qui m’ont invitée pour cette résidence, je suppose parce que j’avais participé notamment à Quelles sont nos ruines ? initié en 2013. Depuis 3 ans, je mène également un projet qui s’appelle Les aubes urbaines qui questionne la place de la nature à l’état sauvage dans l’espace urbain; il s’agit principalement de rencontres avec habitants pour contempler la ville à l’aube et questionner l’espace urbain.

« Définir le point zéro »

Le projet ici aux Ateliers du Vent, Terra Incognita, de quoi s’agit-il ?

L’objectif c’est de créer la cartographie sensible du quartier avec les habitants. Je l’ai appelé Terra Incognita en hommage, ou en souvenir, des cartes du Moyen Âge où les zones inconnues portaient ce nom, aussi appelées zones blanches. Pour ces cartographes, il s’agissait souvent d’un terrain d’imagination, avec des dragons, des dessins. C’est que qui me plaisait dans cet intitulé. Ce qui est intéressant ici c’est que je connais ce quartier, mais quelque chose de nouveau est en train d’y naître, puisqu’il y a de nouveaux habitants, de nouvelles constructions.

Quelles sont les méthodes ou techniques pour établir cette « cartographie sensible » ?

La première étape consistait à définir le point zéro, c’est le point de référence de chaque ville à partir duquel on calcule les distances. J’ai donc envoyé une invitation aux habitants pour qu’ils indiquent leur point zéro.

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À partir de ces propositions on a commencé l’exploration du quartier en plaçant des observatoires. Ils ont été laissés 3 ou 4 jours au même endroit, et les passants pouvaient se saisir d’une « mission » et procéder à l’exploration; il y a donc de petits carnets d’explorateurs où les gens pouvaient dessiner ou écrire.

« À partir de cette définition, tout est possible ! »

Nous avons également organisé des goûters d’explorateurs pour ceux qui voulaient le faire en collectif; j’ai collecté pas mal de données, et nous avons commencé à réfléchir sur la cartographie elle-même. La restitution de ces cartes aura donc lieu le 31 mars. Je reste attachée à la définition très simple de la cartographie : c’est l’interprétation de l’espace réel ou l’espace imaginaire à travers des signes. À partir de cette définition, tout est possible ! De toute façon la résidence modifie le projet au fur et à mesure même s’il a été écrit au départ. Les enfants ont beaucoup participé à la construction du projet, notamment avec leur construction de cabanes.

Il va également y avoir plusieurs mémoriaux, dont celui du bruit du train, puisque plus tard il y aura le mur anti-bruit….

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Le quartier justement a changé depuis ta dernière résidence; quelle en est ta perception ?

Ce que je trouve intéressant c’est ce terrain vague à observer, car c’est un endroit amené à être aménagé mais où il reste des espaces de liberté. Les gens viennent lire au soleil, ou mettre leur table d’apéro, ou réparer quelque chose, chacun l’investit à sa manière. Il reste la possibilité de l’invention; alors que dès qu’on organise un espace les fonctions et les frontières se créent d’une manière plus radicale.

Quel serait ton dernier coup de cœur artistique ?

Il y a plein de choses… Comme j’ai parlé de voyages, je dirais L’amour de la vie de Jack London. C’est un petit livre, l’histoire d’un chercheur d’or qui s’est perdu dans le Nord canadien et qui se retrouve seul, c’est un récit au jour le jour sur la survie et les questions substantielles. Sinon je pourrais citer Gerry de Gus Van Sant, ou la Poétique de l’espace de Bachelard, ou Le Cœur des ténèbres de Joseph Conrad…


Rendez-vous le 31 mars de 18h à 22h pour la restitution des cartes,

suivi d’une exposition des œuvres les 01, 02 et 03 avril – de 16h à 18h

Le site des Ateliers du Vent // Le site de Magda Mrowiec

Prochain rendez-vous : FUTURRRR Régis Guigand + Candice Hazouard
du 10 au 30 avril et du 04 au 15 juillet

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