Samedi 27 février à l’Antipode de Rennes, le rappeur Demi Portion était attendu, en compagnie d’A2H, et des rennais Simba et Enerku. Un très beau plateau pour une soirée hip-hop teintée d’orange et de rage.

C’est Runcol qui tiendra les platines pour la première partie du concert. Tout d’abord pour accompagner Enerku, venu défendre Clair Obscur, sorti l’an dernier, mais également présenter des inédits de son futur projet dont il nous annonçait la sortie par ici.

Invitant Artisanal pour un titre, la technique d’Enerku fait mouche, et affirme son talent pour l’improvisation avec les objets cachés dans un bonnet, du briquet à la carte électorale, le rappeur manie un flow rapide et convaincant avant de laisser la place à Simba. Accompagné de Doc Brrown, son acolyte du crew Panel Large, Simba présente Transmissions sauvages, un nouveau projet qui fait « Ok ok », à base de boom bap et de punchlines inspirées; ça fait bouger la tête, et ça s’amuse à faire chanter le public sur une belle référence à Busta Flex ou encore à réussir une chorégraphie collective. Du old school made in Rennes avec un flow rythmique et de bonnes prods, ou comment introduire comme il faut la soirée.

A2H ne vient pas seul sur scène; accompagné par un Dj et des claviers, le rappeur tente une nouvelle formule en saisissant parfois sa guitare pour des envolées blues qui collent parfaitement à un univers urbain désenchanté à l’image de « Mon époque »; déambulations citadines, défonce et méandres sentimentaux, A2H contente le public en foutant plusieurs fois le feu au micro. Jouant des titres de ces anciens albums, comme « Elle ne veut pas » issu de Art de vivre, A2H fait décoller l’ambiance avec le single « Christopher Wallace ». Avec des ambiances sonores variées qui plonge dans le planage total, A2H en profite pour faire découvrir certains de son nouveau projet, Libre, à paraitre le 15 avril 2016.

Quelques scratches de Dj Rolex, et Demi Portion rentre sur scène, tellement acclamé que les premières phrases sont inaudibles. Le sayian sétois, ou la réussite en indépendant de 2015, rentre en sweat orange pour enflammer la salle avec Dragon Rash. Rachid, un « Petit bonhomme » avec le sourire jusqu’aux oreilles, capable de retourner la salle. Les titres s’enchainent, aussi emmenés par Sprinter et Monotof; le public s’enflamme avec « On m’a dit » ou « Real hip-hop ». Demi Portion, ou l’art de rester positif avec la rage au ventre, de se lamenter sur la télévision avec « Chaîne mosaïque ». De prendre la position du plus faible avec « Demi paix », de ceux que l’histoire écrase, et d’ouvrir le livre de la « Peur » avec un texte fort asséné par une prod qui monte en puissance.

Demi Portion a fait son petit bonhomme de chemin dans le rap et son succès il le doit au public qui a rempli les salles au fil des années, depuis Les Grandes gueules à cette aventure à la Dragon Ball Z, le micro en guise de bâton magique. Un public auquel il rend une énergie palpable, descendant rapper dans la salle ou s’offrant un slam, avant d’inviter plusieurs emcees pour un open mic final. Une énergie qui conseille à tous de « ne pas laisser tomber », parce que « si t’as pas d’plan b, du coup y a tout l’alphabet ».