« Pourquoi est-ce que je bois ? » voilà une question à choix multiples qui mériterait son pesant d’apéros/caouettes en mode breton qui voit les choses en grand (et les verres en double). Pourtant, exit les gouailleurs arsouilles de comptoir aux explications éthylico-psychologiques, laissons la parole aux professionnels ! À travers une exposition sobrement intitulée « Boire », le musée de Bretagne interroge les pratiques et représentations du buveur et se charge de mettre les points sur les i(vrognes).
Au fil des collections matérielles (archives filmées et sonores, œuvres d’art et créations contemporaines) et des installations conçues par Alexis Patras, l’épicurien·ne adepte de gouleyants breuvages vinicoles ou de pétillantes mousses houblonesques, se sentira comme un poisson dans l’eau (pas très claire). Ici, il rêvera à loisir d’une robe confectionnée en cartons de bières, s’agenouillera devant la sainte statue du mythique Père Pinard ou encore enrichira ses connaissances sociologiques à l’abri des marins. Là, il pourra se moquer de ses pairs au nez rouge et aux sourires d’inaccessible étoile figés sur papier photo lors de fêtes calendaires (repas de mariage ou Gras de Douarnenez) et cerise (à l’eau-de-vie) sur l’expo, il lorgnera (sans toucher) derrière une porte ajourée, un bocal de roupettes à queue. De quoi s’en mettre plein les mirettes !
Mais le buveur sage et pas tenté par le breuvage obséquieux, fruit de dérives ô combien ridicules pour son honneur et dangereuses pour son équilibre, ne sera pas non plus oublié, à travers notamment un parcours santé et des questionnements culturels. Au programme par exemple, les besoins journaliers d’eau ou de lait en lien avec les facteurs physiologiques et culturels ou les mythes, croyances, légendes et autres représentations symboliques afférentes aux fontaines miraculeuses. Les esprits cartésiens s’émoustilleront également devant des affiches préventives d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître ou apprendront que le mot alcoolisme, inventé par le médecin suédois Magnus Huss, date de 1849.
Enfin buveurs et non-buveurs pourront participer de concert à des jeux interactifs où le verre côtoie le vers. Puis, conquis par l’esprit convivial de cette déambulation qui coule de source, les bonnes âmes guillerettes se retrouveront autour d’un stylo et d’un livre d’or dans la salle du bar reconstitué Le Baragouin. Alors, ami remplis ton verre de vin, d’eau et de poésie, encore un et tu seras gai au Musée de Bretagne et ne t’étonne pas si tu chantes, car Balzac le clamait haut et fort « le comptoir d’un café est le parlement du peuple ». Une bonne raison de boire !
