Victoria : un film désenchanté et enchanteur.

Victoria (Laia Costa) vient de Madrid. Elle bosse dans un café à Berlin et est censée ouvrir la boutique de tôt matin. Une nuit, où elle est sortie s’amuser en boîte, elle croise, très exactement à 5h42, le chemin de quatre lascars en bringue avec qui elle sympathise (surtout avec ce beau-parleur séduisant qu’est Sonne – Frederick Lau). Ils lui promettent de lui faire découvrir le vrai, l’authentique Berlin, celui de la rue, pas celui des touristes. Elle ne va pas être déçue de l’escapade.

Entre Sonne et Victoria, le courant passe… trop bien et trop fort peut-être. Coup de foudre dont les effets seront ainsi au final à proprement parler foudroyants.

Le petit miracle de Victoria est de nous faire vivre, aux côtés de ces 4 bad boys et de cette petite nana qui a aussi peu froid aux yeux qu’est grand son besoin de vibrer en communion, quasiment en temps réel, en longs plans, l’évolution de cette virée qui part gentiment en vrille. Un crescendo se met en place naturellement, fatalement, tragiquement. On palpite ainsi en compagnie de Victoria et de ses nouveaux amis. Comme dans un documentaire noir, on s’attache à suivre cette fin de nuit. Le soleil se lève néanmoins peu à peu sur Berlin. Un nouveau jour donc, après une folle ribouldingue – façon Pierrot le Fou, de Jean-Luc Godard (1965) ou de À bout de souffle du même Godard, sorti cinq ans plus tôt –, après ce « moment où tout a basculé » pour reprendre le sous-titre de l’affiche.

Victoria, l’efficacité allemande au service d’une innocence massacrée…

PS : Voilà, je ne voudrais pas en dire en plus, je vous invite même à ne pas regarder la bande-annonce pour que l’effet de surprise fonctionne au maximum. Pour moi, en tout cas, je n’avais lu qu’un très bref pitch – qui m’avait suffi et convaincu.

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