Un conte d’été polonais (titre original Sztuczki) d’Andrzej Jakimowski joue avec les pigeons, les trains, pour raconter l’aventure (magique) de Stefek. Une pépite discrète pourtant récompensée dans de nombreux festivals à sa sortie en 2007.
Stefek a 6 ans. Il traîne dans un village polonais où les bâtiments semblent autant à l’abandon que les voies de chemin de fer remplies d’herbe, mais où les trains circulent quand même. Alors Stefek regarde passer les trains. Il marche aussi sur des ponts vertigineux quand il ne cherche pas à faire s’envoler des pigeons.
Stefek a une grande sœur de 17 ans, Elka, qui pour changer de boulot (laver des assiettes dans un dancing restaurant) tente un entretien dans une grande entreprise, dont les étapes de recrutement semblent aussi complexes que résoudre un rubicube. Elka est jolie, elle sort avec Jerzy, peut-être parce qu’il a une moto, mais aussi parce qu’il lui achète des gâteaux. Mais l’histoire n’est pas là. Un jour Stefek aperçoit un homme à la gare et se met en tête qu’il s’agit de son père, parti il y a des années. A priori, aucune chance que l’enfant se souvienne de son visage. Pourtant, il est certain. Sûr de lui, aucun doute possible. Alors la caméra nous promène, souvent à hauteur d’enfant, dans cette quête de l’impossible, en compagnie des petits soldats de plomb qui accompagnent le gamin. Surprises à l’humour poétique, alternance de plans inventifs, situations cocasses, rebondissements sans grand spectacle, ce Conte d’été polonais ravit l’œil (et le cœur) par la simplicité de ses émotions. Et la magie qu’il en dégage. Il n’est pas nécessaire d’aller piocher dans des univers fantastiques pour créer la féerie, et ici ce que Christian Bobin aurait appelé « un enchantement simple ». Il faut simplement (ré)apprendre à regarder, accepter de se laisser porter, et c’est là tout le talent du réalisateur. Celui de raconter une histoire.
